Derby haletant

Mauvaise opération ce soir à Beaublanc devant les caméras de France3.fr (et oui sur internet uniquement il faudra s'y faire). Le CSP qui pouvait profiter de la défaite de Nanterre pour s'installer solidement sur le podium de ProB rate la marche... d'un tout petit point 55-56 face à une équipe de Poitiers solide et acharnée qui a tenu la pression de Beaublanc pour la première fois jusqu'au bout.

Billetterie ouverte en avance et travées remplies jusqu'aux cintres, on savait que l'attente était forte pour ce match. Pour le vérifier, nous sommes allés prendre la température à quelques instants du coup d'envoi :

[flv]http://www.beaublanc.com/bazar/temp/avant_match_poitiers.flv[/flv]

Notez bien le pronostic de l'un des supporters pictaves interrogés... malheureusement pour nous, il avait ce soir des petits airs de Nostradamus !

5500 personnes en tribunes, et 10 sur le terrain. Ces dix là sont au début du match Lukovski, Toti, Tucker, Salmon et Oyono d'un côté, et Gunn, Gomez, Kante, Guillard et Younger de l'autre.
Limoges impose d'entrée une zone façon cadenas à son hôte. Kante tente aussitôt de la faire sauter de loin, avant d'y aller en force, et de marquer au dunk les deux premiers points de la rencontre. Les deux équipes ne trouvent pas immédiatement leurs marques, Younger et Oyono commettant chacun un marché. La zone des hommes de Cousin repousse Guillard au large, mais laisse encore beaucoup d'espaces. Lorsque le jeu s'oriente vers la raquette, il devient très brouillon ; Oyono écope ainsi d'une faute sur Younger. Les tirs manqués s'enchainent, et il faut attendre la 5° minute pour voir Lukovski servir remarquablement Oyono dessous pour ouvrir enfin le compteur Limougeaud. Oyono commet sa deuxième faute, Lukovski provoque celle de Kante. Younger se faufile dans le moindre espace pour ajouter deux paniers et accrocher au passage la faute de Theodorakis tout juste entré en jeu. Lukovski tente à son tour de s'infiltrer dans la défense pictave, mais ce se fait catapulter par Costentin au passage. Les lancers permettent à Limoges de rester dans la course... car à la 9° minute, Renaux en contre-attaque n'inscrit que le deuxième panier Limougeaud ! Pas étonnant dans ces conditions que Limoges accuse le coup après 10 minutes (11-17, QT1), la faute aussi à une nette panne d'adresse. Lukovski et Renaux ont parfaitement joués leurs rôles respectifs de métronome et de catalyseur, le reste est encore très approximatif.

La zone poitevine est bien en place, et pousse Mekdad au tir lointain ; il manque complètement sa cible, mais Oyono dessous récupère la balle pour provoquer la faute de Costentin. L'intérieur commet sur l'action suivante sa troisième faute, et laisse sa place à Theodorakis. Maynier fait également son entrée, et montre aussitôt de quoi il est capable : il score de loin, et voit en cas d'échec notre dernier arrivé grec lui laisser toute la place nécessaire pour récupérer son rebond. La défense Poitevine est bien plus serrée et rugueuse que celle des locaux : Younger a encore trop de place, tandis que Larrouquis se fait sauvagement bâcher dès qu'il a le malheur de passer trop près de Devéhat. Lukovski reprend alors les choses en main, et quand Salmon inscrit le premier shoot lointain des Limougeauds dans la foulée, Beaublanc sort la tête de l'eau (21-22, 16° min). Larrouquis enchaine sur un bon move près du cercle, et Theodorakis après avoir offert deux lancers à Younger convertit ceux concédés par Guillard pour amener Limoges aux avant-postes pour la première fois de la rencontre (25-24, 17° min). Younger, inarrêtable, renverse à nouveau la tendance, tandis que l'envie ne saute pas aux yeux côté Limougeaud (personne ne tente d'attraper un rebond offensif par exemple). Un dernier missile de Lukovski dans les derniers instants permet à Limoges de n'accuser qu'une petite longueur de retard à la pause (29-30, MT). Le match est très équilibré, et de toute évidence, il y a largement la place pour emporter la victoire ; mais il reste encore beaucoup de boulot pour la mériter !

Le troisième quart-temps semble défiler à toute vitesse. Le jeu est beaucoup moins brouillon, et Limoges a clairement élevé son niveau de jeu. Poitiers reste très dangereux, et Gunn prouve qu'il porte bien son nom, mais Tucker et Oyono ne font pas de détail dans la finition tandis que Renaux et Lukovski ne laissent trainer aucun ballon. Les arbitres omettent de siffler un marché particulièrement flagrant de Gomez, ce qui a le mérite de relancer l'ambiance. Dans ce contexte, Lukovski ne tremble pas pour convertir la faute de Guillard (39-35, 25° min). Les deux équipes continuent à s'échanger des politesses à coup de fautes, jusqu'à ce qu'un nouveau missile de notre maestro serbe porte l'avance Limougeaude à +7. Darnauzan et Younger ramènent toutefois Poitiers à portée de tir à 10 minutes du terme (45-42, QT3). La balance penche du bon côté, mais elle ne penche pas beaucoup !

Le dernier quart-temps prend au départ des allures de mano à mano entre Lukovski et Younger. Les deux hommes se rendent coup pour coup, sans faire évoluer l'écart. Theodorakis prend ensuite le temps d'étaler ses talents de maçons par une brique sous la planche. Si encore il arrivait à contribuer au mur défensif de l'architecte Cousin... Tucker le débarrasse rapidement de ses munitions, et prend ses responsabilités ; et si ça ne rentre pas de loin, allons y en force de près ! (52-48, 36° min). C'est à ce moment qu'intervient ce qui est sans doute le tournant du match. Guillard trouve l'ouverture, puis Younger feinte la passe pour mieux partir en pénétration et ramener les deux équipes dos-à-dos. Limoges ne fait plus la course en tête, et perd tout contrôle sur le jeu. Coach Cousin stoppe bien sûr immédiatement la dynamique pictave d'un temps-mort bien senti, et satellise par la même occasion Larrouquis pour inscrire son seul 3 point de la rencontre. Salmon commet ensuite sa cinquième faute, sans que Guillard ne parvienne à l'exploiter. Mekdad et Tucker tentent de tuer le match au delà des 6m25, mais plus rien ne rentre. À la même distance, Guillard rectifie en revanche le tir après son échec sur la ligne des lancers. Il reste 1 minute 40 à jouer, les deux équipes sont à égalité 55-55. À 35 secondes du terme, Renaux commet sa quatrième faute, immédiatement suivie d'un temps-mort Limougeaud comme il se doit. Vous souvenez vous de notre Nostradamus pictave en début d'article ? Il avait trente secondes d'avance... C'est Gunn (et non Guillard) qui rate le premier et rentre le deuxième lancer. Lukovski ne laisse à personne le soin de gérer les derniers instants. Il lance Oyono dans la peinture, mais son panier est refusé pour une faute de Guillard n'entrainant pas de lancers. Le meneur serbe décide alors de tout faire tout seul, mais... ce n'était pas la soirée des miracles ! Poitiers s'impose d'un tout petit point, 55-56. Les masochistes peuvent (re)vivre ces derniers instants ci-dessous :

[flv]http://www.beaublanc.com/bazar/temp/fin_match_poitiers.flv[/flv]


Comme toujours dans ce genre de scénario, on pourrait disserter sur les mérites du corps arbitral, qui n'avait de toute évidence pas le sifflet Limougeaud ce soir. Poitiers ne vole pourtant pas sa victoire, pas plus que Limoges n'aurait volé la sienne si les derniers instants avaient conduits à un autre dénouement. Les deux équipes n'ont pas démérité, et ne se sont pas lâché le short d'un bout à l'autre d'une rencontre sous haute tension. Alors bien sûr, il y avait les blessures, il y avait l'intégration encore très approximative de Theodorakis, on pourrait parler des absents ou critiquer le jeu Limougeaud. Mais peut-être, tout simplement, avec un collectif rôdé et soudé, appuyé sur une paire américaine de gala (30 points, soit plus de la moitié), Poitiers a-t-il mieux joué, et fait honneur à sa quatrième place (dont il détrône Limoges ce soir). C'est en tout cas du côté d'un subtil mélange des deux qu'il faut regarder.
Le derby a bel et bien tenu ses promesses et s'est transformé en un match haletant, incertain de la première à la dernière seconde... Côté suspense tout était là (même si du côté des internautes, le commentateur de France3 n'était apparemment pas le plus indiqué pour le faire vivre)
Une chose est désormais quasi sûre ce soir, c'est que Limoges devra passer par les play-offs pour acquérir son billet vers la pro A. Si une victoire laisser espérer un faux pas du trio de tête sur les 9 prochaines rencontres, Limoges pointe se soir à la 6° place avec désormais très peu de chances d'accrocher le premier billet. Les 9 prochaines rencontres serviront essentiellement à aller chercher la plus haute place possible afin d'affronter des adversaires moins bien classés, et de préférence à domicile.
Côté individuel, on commencera par ce qui tend à devenir une habitude : souligner la grosse performance de Lukovski, qui même s'il ne peut sauver le match dans les derniers instants, passe 36 minutes sur le terrain (soit minimum 10 de plus que tous ses coéquipiers). Même si les stats ne font état que de 2 passes décisives, il se montre altruiste, gère le jeu à la baguette, et inscrit la bagatelle de 19 points... Au milieu d'un effectif décimé, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir pris ses responsabilités.
Notre dernier arrivé, Theodorakis n'a pas encore assimilé le concept de défense, et d'ailleurs peine encore sur celui d'attaque puisque qu'il n'a inscrit aucun panier. Il sauve ses stats par 4 lancers et autant de rebonds, mais devra énormément travailler à l'entrainement avant d'apporter réellement quelque chose à sa nouvelle équipe.
Captain Renaux signe la deuxième évaluation Limougeaude de la soirée derrière Lukovski, grâce entre autre à 4 interceptions, et des crocs toujours aussi affutés.
Oyono a toujours aussi peu de déchet, et toujours autant d'engagement ; quel dommage que son dernier shoot ne soit pas validé...
Tucker et Larrouquis, avec leurs gastro et entorse, s'en sortent avec les honneurs et 6 points chacun. Larrouquis s'offre même le titre de meilleur rebondeur Limougeaud se soir avec 6 prises.

Mauvaise opération pour Limoges, qui perd deux places au classement avant une période délicate de trois matches en déplacement. Avant de dompter Challans (le 21) et de défier Boulazac (le 29), Limoges aura droit à un remake du film en vogue du moment... le déplacement au portel pourrait en effet avoir des petits airs de "Bienvenue chez les ch'tis" !

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