Orléans a souffert 75-64

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Comme après chaque victoire, certains vont recommencer à parler d'Euroleague, d'autres attendront patiemment la prochaine défaite pour vomir leur haine et réclamer des têtes, mais après ce Limoges-Orléans il va s'avérer difficile d'incriminer qui que ce soit ! Le CSP a dominé les débats de bout en bout, écrasant au rebond, dur en défense et varié en attaque. Cette équipe là pratiquant ce jeu là ressemble à une belle promesse. Analyse.

Dans un Beaublanc une nouvelle fois plein à craquer (guichets fermés) les limougeauds avaient à cœur de montrer leur nouveau visage, en particulier le secteur intérieur avec un Plaisted qui découvrait le palais des sports et son public bouillonnant. Petite anecdote : l'insolent Antoine Eïto aura bien eu droit à sa bronca lors de la présentation doigt pointé vers le ciel mais nous n'en ajouterons pas et nous contenterons de faire comme son coach : de l'ignorer (zéro minute… de loin son meilleur match à Beaublanc depuis des années !).

QT1 : 19-9 FAUX DEPART DES VISITEURS

Après un 7-0 initial, les limougeauds encaissent rapidement un panier primé de Hill qui remet l'OLB dans le bon sens au grand soulagement de Philippe Hervé qui ne savait plus comment exprimer son mécontentement depuis son banc. Mais Limoges creuse l'écart grâce à un Wanamaker très actif mais surtout un Brockman impérial dans la peinture qui ne laisse pas de 2e chance aux orléanais. Boungou-Colo fera aussi une apparition remarquée aux côté de KMac qui pose son petit 3pts habituel, mais c'est bien Nobel qui concluera au buzzer sur un layup "à la louche" histoire d'arrondir l'écart à 10 unités.

QT2 : 39-29 GARBAGE TIME EN AVANCE

Habituellement cette appellation correspond à un moment creux dans le 3e quart temps où les joueurs de banc tentent d'entretenir un écart creusé par des titulaires qui en découdront dans le money-time. Là, ce sont des joueurs pourtant importants qui enchainent de part et d'autre des ratés aussi bien aux tirs que dans les passes et le public de Beaublanc assiste à une suite d'actions avortées par des maladresses ou des manques de réussite. Heureusement, Wanamaker, Mipoka et le nouvel arrivé Plaisted gardent la main mise sur le jeu (le rebond étant véritablement cadenacé par les blancs et verts) ne laissant pas les coéquipiers de Greene et Green remonter. Philippe Hervé enchaîne les temps-morts et les coups de colère mais rien n'y fait. Orléans reste péniblement à hauteur grâce à des fulgurances à 3pts de ses américains mais l'accès au panier est interdit, foi de Brockman qui n'en était visiblement à pas à son premier pliage de joueur sous le cercle ! Young réduit l'écart à 10pts sur l'avant dernière action mais le doute est installé chez nos visiteurs qui ne semblent pas en mesure de trouver la clé de cette défense.

Offensivement, le CSP alterne avec bonheur le jeu rapide, placé, intérieur et extérieur ce qui fait qu'aucun joueur ne se détache au scoring et surtout que la défense d'Orléans ne peut se concentrer sur personne en particulier en "boitant". La tâche s'avère donc compliquée en 2e mi-temps si les techniciens du Loiret n'inventent pas quelque chose.

QT3 : 57-45 PAS D'INVENTIONS !

Comme on pouvait s'y attendre, le CSP n'a pas relâché son emprise, le duo US blanc Brockman/Plaisted se complétant à merveille, Wanamaker retrouvant son grain de folie de présaison pour aller scorer dans le traffic ou pour envoyer (vainement) Plaisted au Alley-hoop depuis la ligne médiane… Ce qui lui a valu une sorte de crise d'épilepsie de Giannakis mêlant insultes en anglais, en grec et probablement dans deux ou trois autres dialectes dont l'elfique ! En gros, pas bonne idée Brad, ne recommence pas ça ! Malgré ces petits moments de fantaisie, le CSP demeure sérieux et si Traoré qui pose une grosse faute sur un joueur montant au cercle n'est pas quelque chose d'inhabituel, la technique reçue pour protestations à la suite de son attentat l'est un peu moins et pas du tout à notre goût. Quand on pète un bras, on assume on ne joue pas les pleureuses. Heureusement Sambou a su se faire remarquer par beaucoup d'autres actions plus valorisantes et comme à son habitude par une présence au rebond autoritaire et efficace. Autant dire qu'entre Brockman (dont on comprend mieux le surnom de Brockmonster), Traoré et Plaisted il y avait une belle fricassée de coudes au menu hier soir pour les orléanais ! A ce sujet, sourions ensemble de ce layup de Plaisted avec Pellin quasiment coincé sous son coude et qui écope de la faute en prime… dure soirée pour le micro-meneur de l'OLB qui en plus de se faire broyer en s'approchant du cercle, s'est fait casser les chevilles à de multiples reprises par un Gomis qui lui a rappelé qu'il n'avait pas été meneur de l'équipe de France pour rien ! Encore plus grave, Young tomba en panne d'adresse ratant 5 tirs de suite (dont 3LF) et Greene l'imita échouant plusieurs fois à 3pts. Le quart-temps se terminera sur un échange de LF donnant à Limoges 12pts d'avance à l'orée des 10 dernières minutes.

QT4 : 75-64 VICTOIRE SANS TREMBLER

Dans cette dernière période, Hervé envoie ses américains dans la bataille et les scoreurs que sont Hill et Viney tentent le tout pour le tout. Ils parviendront tant bien que mal à ramener les leurs à 8pts mais un bon temps-mort de Giannakis mettra fin à l'hémorragie repartant de plus belle vers l'avant avec un Mipoka retrouvé, libéré en attaque et utile en défense. Wanamaker s'impose comme le MVP de la soirée asseyant cette distinction sur une belle ligne de stats (17pts 5rbds 3pds pour 20 d'éval) mais bien secondé par un collectif efficace ultra dominant au rebond (42 à 25 ! dont 15 pour Brockman) et des extérieurs se révélant grâce à la fixation intérieure enfin présente : McAlarney a fait du McAlarney mais pas que ! Le lutin est certes à 3/5 derrière l'arc mais il a aussi fait montre de belles qualités de dribbles et de distribution à l'image de cette percée au milieu de quatre défenseurs qu'il a fait tourner en bourriques pour leur poser un petit layup plein de toucher sur le nez, ou encore en envoyant Brockman à la claquette depuis le milieu du terrain avec précision (bravo au toucher de balle de Jon sur ce coup là d'ailleurs !). Ajoutez à cela des actions spectaculaires de Nobel Boungou-Colo telles ce contre sur la planche en 2e rideau ou le gros dunk écrasé à 1min du terme et vous comprendrez que la messe était dite dans un Beaublanc ravi et chantant ! Bravo aux groupes de supporters d'avoir su se répondre en chanson sur des "Aux armes" bien sentis loin du double bordel habituel, totalement insupportable pour peu que l'on soit à égale distance des deux kops.

Bref, vous l'aurez compris, quand ça veut… ça veut ! Et ce CSP était intouchable. Le manque de poids des intérieurs orléanais dans la bataille nous a rappelé l'impuissance limougeaude des mois passés. Le pianotage de Gianakis sur CET effectif prend tout son sens et les joueurs ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Mention spéciale à McAlarney qui prend une dimension de plus en plus importante compensant, à mon sens, son déficit de taille par une lecture et une intelligence de jeu très au dessus de la moyenne. Le fighting Irish termine par exemple à 4 fautes mais toutes furent utiles et bien senties. Le CSP possède maintenant trois meneurs très efficaces si Wanamaker conserve cette dynamique. Je tiens aussi à attirer votre attention sur le numéro de good cop/bad cop joué par le duo Giannakis / Linardos, l'un pourrissant un joueur qui vient de se rater et l'autre l'encourageant à rebondir… un two-men show visiblement bien rodé et assez amusant à regarder ! Mention spéciale également à Nobel Boungou-Colo qui râle visiblement moins sur les arbitres (même quand certaines fautes semblent peu évidentes). Je l'avais "pourri" à ce sujet et ses progrès dans ce domaine me ravissent et sont plus dignes de son statut de All-star ! Que dire enfin de notre nouvelle paire d'intérieurs US ? Deux grosses baraques gobeuses de rebonds et n'ayant pas peur de prendre un brin tout en en distribuant copieusement !!! Oubliés les Walker et Bavcic… Brockman et Plaisted c'est du costaud (mais sans doute pas le même tarif… et loin des moyens disponibles au moment du recrutement estival). Le CSP aura donc sans doute mangé son pain noir cet automne, se réservant le pain blanc (voire les pains distribués par les grands blancs) pour 2013.

Ce résultat face à un OLB en pleine réussite qui restait sur 4 victoires d'affilée est donc très encourageant, ne reposant pas sur des exploits individuels mais bien sur un collectif puissant et dangereux à tous les postes. Encore faut-il rappeler que ce succès a été obtenu sans Tsamis (ni Evtimov mais là…) rouage pourtant jusque là essentiel du système Giannakis. Dans cette configuration et avec plus de pratique collective, nous sommes en droit d'espérer un printemps fleuri sous les voutes de Beaublanc même si le CSP sera sans doute un peu juste pour aller rendre visite à Mickey en Février. Prochain test dès demain à Villeurbanne avant une coupure amplement méritée par nos joueurs.

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