Est-il capital pour Saint Pierre d'ouvrir son Cercle ?
C’est une arlésienne depuis 2019, presque une promesse de campagne digne d’un homme politique : l’ouverture du capital du Limoges CSP à de nouveaux investisseurs ! Après avoir abordé la thématique « Arena », voici venu le temps d’aborder le fonctionnement du club souvent jugé « d’un autre âge ». DOSSIER
Et là vous vous dites :
La réponse est bien évidemment non mais bon on va essayer quand même !
QUE DIT LE CODE DU SPORT ?
Et oui en France c’est vachement bien foutu, il existe un code pour tout même pour le sport ! Et il légifère au sujet des sociétés sportives. L’article L122-1 stipule, enfin dit, que toute association sportive qui organise des manifestations sportives payantes générant des recettes supérieures à 1,2 millions d’euros ou qui emploie des sportifs pour un montant global supérieur à 800.000 euros se doit de créer une société commerciale soumise aux règles du Code du Commerce. Libre alors aux clubs de se constituer en Société Anonyme à Objet Sportif (SAOS) ou en Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP). Les vestiges du passé interventionniste des élus locaux dans le sport peuvent perdurer avec les Sociétés à Economies Mixtes (si créé avant 1999) permettant ainsi aux collectivités territoriales d’entrer dans le capital des clubs, ce qui est encore le cas au BCM Gravelines Dunkerque et chez nos ennemis du Mordor béarnais avec la récente entrée de l’Agglomération de Pau dans le capital pour éponger les dettes et les accidents industriels. Contrairement à une société classique, la SASP a un impératif : l’association sportive support, qui détient le numéro d’affiliation auprès de la Fédération un peu comme votre pote et ses précieux codes Netflix, doit conserver un minimum de parts. C’est bon jusqu’ici vous nous suivez ? Ok allez on s’accroche et on attaque la structure juridique du Limoges CSP.
KEZACO LE LIMOGES CSP ELITE ?
Lorsque les petits limougeauds souhaitent s’endormir, les parents leur racontent une légende locale : celle d’un grand géant du basket sur le point de mourir qui fut sauvé par un preux chevalier et sa princesse après un demi-tour sur l’autoroute… La suite vous la connaissez tous ! Sur le plan administratif et juridique, il fallut à l’époque faire vite et le plus simple dans ces cas-là c’est de créer une association : un président, un secrétaire, un trésorier, des statuts, un dépôt en Préfecture, une publication au Journal Officiel et en voiture Céli…euh Simone ! Sur les conseils d’un éminent spécialiste limougeaud du droit du sport (éphémère président du club en 2000) et en prenant compte de la rétrogradation en Nationale 1, l’association Limoges CSP Elite vit alors le jour le 16 juillet 2004. Eté 2007, après une saison en ProB vint le temps de créer la SASP Limoges CSP afin de répondre aux critères légaux exposés plus haut. C’est là où je vais tester sur vous une technique expérimenté lors d’un voyage en Béarn sur le parking du Palais des Sports de Pau avec les autochtones qui me demandaient « Kézaco votre organisation de connauds de votre Cééssepé, on comprend rien con ! ».
Cette technique brevetée se nomme le Diagramme du Bocal de Pâté :
A ce jour la SASP Limoges CSP est détenue majoritairement par l’Association Limoges CSP Elite, qui elle-même après un long feuilleton médiatico-juridique est présidée par Alexandre Gabriel frère de Céline Forte.
Au total la SASP a émise en 2007 3540 parts pour un montant global de 354000€ :
- 85% sont la propriété de l'association Limoges CSP Elite.
- 14% sont la propriété de la famille Forte/Gabriel.
- 1% répartis entre l'association amateur Limoges CSP, le Limoges CSP Entreprises, Jean Léonard Picot et Tonio Lopez.
En cascade Céline Forte préside donc le Conseil de Surveillance, composé de six autres membres :
- Alexandre Gabriel représentant le Limoges CSP Elite
- Angiolina Forte
- Colette Passemard
- Benoît Poiraud
- un représentant de l’association Limoges CSP « amateurs »
- un représentant de l’association Limoges CSP Entreprises (regroupement des partenaires du club).
Ce Conseil de Surveillance est chargé ensuite de nommer le Directoire de la SASP : Président, Vice-Président, Directeur Administratif et Financier etc… pour trois années soit la durée du mandat du Conseil de Surveillance. Et là vous vous dites « ouais ben c’est vachement compliqué votre truc ! Y’a qu’à Limoges qu’on voit ça ! ». Et bien pas vraiment ! C’est à peu près le même schéma dans n’importe quel club sportif professionnel.
Un modèle répandu
L’Olympique de Marseille et sa SASP sont par exemple détenus majoritairement par la société « Eric Soccer » depuis 1996. Franck McCourt n’a fait que racheter des parts à la famille Louis-Dreyfus pour en devenir actionnaire majoritaire en 2016.
Le Stade Toulousain, souvent montré en exemple dans le monde sportif, est détenu majoritairement par l’association amateur Stade Toulousain en plus des "Amis du Stade" (regroupement d’anciens joueurs et dirigeants) et la société Fiducial.
En l’état n’importe quel investisseur pourrait donc racheter des parts au sein de la SASP Limoges CSP ce qui rabattrait les cartes au sein du Conseil de Surveillance et de facto au sein du Directoire après une évolution des statuts. La vraie question qui se pose est la suivante : est-ce vraiment le bon moment pour le faire ? Et là vous vous dites :
La réponse est bien évidemment non mais nous allons quand même essayer de vous éclairer sur le sujet.
Le timing
Avant d’ouvrir le capital de votre société à des investisseurs, il faut déterminer la valeur nominale de votre action. Le calcul est le suivant : montant du capital social / nombre d’actions = valeur nominale en euros. Mais attention il ne faut pas confondre valeur nominale et valeur économique de l’action qui sera déterminante au moment de la vente. La valeur économique est calculée en fonction du résultat d’exploitation, des fonds propres de la société etc… Et c’est là que le bât blesse ! Pensez-vous réellement qu’il serait judicieux pour le Limoges CSP qui, après avoir découvert la dilapidation de ses fonds propres en 18 mois de gouvernance « Picot-Verieras-Bourgain-Diaz », traverse la plus grave crise économique du sport professionnel mondial d’ouvrir son capital ? Moi je crois que la question elle est vite répondue ! La valeur du club serait forcément sous-évaluée et les pigeons euh pardon les investisseurs ne risqueraient pas de se bousculer au portillon de la rue Haute-Vienne sachant que l’opération serait négative financièrement pour le club. Néanmoins ce constat à l’instant « T » ne sera pas forcément audible dans un an ou deux si rien n’est fait et si le club réussit à se sortir de cette crise Covid. « Maéfio té » comme on dit chez nous !!!
UN PROJET SOCIOS ALORS ?
A l’image des clubs sportifs hispaniques et lusitanophones (ouais je sais ça fait genre je cause bien mais en fait ça veut dire portugais), le phénomène « socios » est souvent évoqué sur les réseaux pas très sociaux comme la véritable solution pour un club comme le Limoges CSP déchaînant les passions et où les supporters seraient prêts à vendre la vaisselle en porcelaine de Mamy Brigitte pour se payer un maillot « Matt Gatens » ! Et là vous vous dites :
Le socio comment ça marche : en théorie un supporter, moyennant le règlement d’une cotisation annuelle, obtient une part dans son club favori et surtout peut élire son président. Si l’on prend l’exemple du club omnisport le plus célèbre le « FC Barcelone », tous les quatre ans les socios élisent leur président en fonction du projet sportif et structurel (comme un projet d’Arena privée par exemple…) présenté par les candidats et peuvent par ce biais sanctionner une mauvaise gouvernance. Néanmoins les prérequis pour devenir socio sont quelques peu drastique : si vous avez plus de quinze ans il faut être issu d’une famille de socio ou avoir été un jour socio. Ensuite ce système vertueux sur le papier peut s’avérer très compliqué dans son mode de gouvernance avec des dirigeants, à l’image de nos politiques, centrés uniquement sur leur réélection avec une vision à court et moyen terme équivalent à leur mandat.
De plus imaginez ce système à la sauce limousine : un mec débarque en nous disant qu’il veut nous faire bander avec un recrutement ronflant, trois pivots tout ça tout ça… et derrière l’accident bête un trou abyssal ! Les limites d’un système démocratique comme on dit du côté de Pyongyang.
Ce qui se fait près de chez nous
Pour le moment les rares projets en France s’apparentent plus à des membres abonnés privilèges améliorés, exemple récent au CA Brive avec « Lé aféciouna », avec très peu de pouvoir à part peut-être le droit de voter pour la couleur du maillot « third ». Au-delà du côté anachronique de ce système dans un monde sportif se voulant de plus en plus « spectacle sportif », le socio serait surtout une révolution dans le monde sportif français avec des présidents tout puissant et des collectivités locales fortement impliquées. Comme on dit chez nous : à Beaublanc rien n’est impossible ! Dans l’optique d’une ouverture du capital de la SASP Limoges CSP, un pourcentage pourrait être accordé un regroupement de supporters donnant un siège au Conseil de Surveillance qui on le rappelle nomme le Directoire. Cela renforcerait le sentiment identitaire aux couleurs vertes.
ET BONATO ALORS ?
Après le « clan Forte » vient le temps du « clan Gabriel ». On peut dire que, depuis sa reprise en main et après un long feuilleton digne de « House of Cards », Céline Forte est victime d'un scepticisme permanent à son sujet et sur ses volontés de faire évoluer le club. Entre les remarques misogynes et les jugements sur sa compétence à diriger un club sportif, elle semble, aux yeux des supporters limougeauds, encore en « période d’essai ».
Ses choix récents sur les postes à responsabilité ne font que renforcer les plus grands complotistes : « c’est le clan Gabriel » ! Vous remarquerez que bizarrement ces gens n’utilisent plus le patronyme Forte pour justifier leur jugement. Au moment de se faire les grands inquisiteurs, n’oublions pas que Céline Forte a apporté à plusieurs reprises depuis mai 2019 des garanties financières sur des fonds personnels auprès des instances tels que la DNCCG de la LNB permettant ainsi au Limoges CSP d’évacuer la possibilité d’une rétrogradation administrative. Malheureusement elle n’a pas souhaité écrire une lettre ouverte à elle-même pour en faire étalage… Vous nous accorderez que cela casse tout de même un peu le mythe d’une vente du club pour arrondir ses fins de mois !
Les plus récalcitrants d’entre vous nous dirons alors : « OUI MAIS BONATO !!!! ». La rumeur Yann Bonato comme repreneur du club c’est la grande légende urbaine limougeaude, un peu comme la Sardine qui boucha le Vieux Port de Marseille. C’est le fil de la liane depuis une sortie médiatique de l’intéressé en mars 2014 dans le Populaire du Centre en évoquant « son envie de reprendre le CSP ». Les plus fielleux d’entre vous auront noté que cette interview survenait en pleine polémique sur l’avenir du CSP et la vie personnelle du couple Forte. Et depuis 2014 que s’est-il passé ? Ben rien, nada, wallou, peau de zob… Yann Bonato, pourtant gérant d’un magasin d’optique limougeaud, n’a contracté aucun partenariat et ne s’est à ce jour pas manifesté pour apporter son soutien à « son club de cœur ». Il a tout de même entamé une reconversion via le CDES sur la formation universitaire « Manager de clubs professionnels ». L’avenir dira si dans le cadre d’une possible ouverture du capital celui-ci se manifestera enfin. Dans le cas contraire on devra se satisfaire d’une gouvernance plus « bonne mère de famille » mais est-ce que cela correspond aux canons limougeauds ?
ET LE CHANGEMENT DE PARADIGME ALORS ?
Au-delà de l’aspect économique, il faut se poser la question du mode de gouvernance que nous voulons voir au Limoges CSP. Et là vous vous dites :
Malgré ma bonne note au BAC en Science Economiques et Sociales sur l’étude d’un texte de Pierre Bourdieu, la réponse est bien évidemment non. Essayons tout de même de nous poser les bonnes questions. Le sport français est historiquement complexe et unique en son genre en Europe. Comme la plupart des pays latin, les clubs sportifs sont gouvernés par un homme « providentiel ».
Ce président omnipotent qui décide et surtout communique sur tout même le sportif. Ce tribun qu’on admire ou qu’on déteste qui derrière son costume fait l’image de son club. On pense à Tapie, à Aulas et surtout chez nous à Fred Forte. Cela n’a rien d’étonnant dans notre société, marquée par la Ve République avec un Président monarque, rassurez-vous. Les recherches sociologiques montrent que dans toute société, développée ou non, le besoin d’un chef, qui saura guider le groupe et prendre des décisions, est quasi-systématique.
Le principe des clubs qui, permettent à différents individus d’interagir autour d’un champ commun, qui en l’occurrence est la pratique sportive à haut niveau dans un stade, n’échappent alors pas à cette règle. Le sport français est encore plus particuliers puisque très contrôlé par l’Etat. Résurgence du gouvernement de Vichy, qui voyait par le sport un moyen de contrôler les masses, puis de la période gaullienne, où le sport devait favoriser la grandeur de la France sur la scène internationale, les fédérations sportives sont encadrés par l’Etat avec une mission de service public et donc des comptes à rendre. Les installations sportives rentrent dans le champ d’action des collectivités territoriales et donc des élus locaux qui en ont fait leur danseuse. Cet état de fait est ancré dans le processeur des supporters qui ont alors comme réflexe d’hurler à l’oreille de leur Maire pour améliorer une infrastructure plutôt que dans celle de leur président qui pourtant pourrait très bien développer un projet privé avec un peu de courage.
Difficile alors d’instaurer un système à l’anglo-saxonne où les acteurs principaux sont les « General Manager », les « Directeurs Sportifs » et les entraîneurs. Bien malin celui qui pourra nous donner le nom des présidents de clubs de football anglais. Avec ce rapide topo nous tentons alors de vous expliquer pourquoi l’actuelle gouvernance du Limoges CSP décontenance ses supporters. Un Président Yves Martinez, effacé plus habile en coulisse, un Vice-Président Richard Dacoury comme totem d’immunité qui déçoit par son mutisme en période de crise, un Directeur Administratif et Financier Pierre Fargeaud qui comble le vide mais nous oblige à sortir notre Larousse quand il parle d'atavisme et enfin un Crawford Palmer, taiseux, centré sur son rôle sportif. La comparaison avec un Frédéric Forte « jupitérien » est forcément à la défaveur de notre quatuor.
Mais si finalement nous arrivons à changer notre paradigme, ce mode de gouvernance a peut-être plus d’avenir pour le développement du club avec des rôles bien définis qui permettront sans doute l’ouverture du club sur l’extérieur, passage obligé à moyen terme pour espérer concurrencer les grosses machines parisiennes, lyonnaise et monégasque. Que se passera-t-il à l’ASVEL si Tony Parker se lasse du déficit structurel annuel comblé par le tour de passe-passe des ouvertures de capital via le Groupe OL ? Que se passera-t-il à Monaco si Sergeï Dyadechko, banquier ukrainien, décide de couper le robinet ? Que se passera-t-il à Boulogne Levallois si la municipalité de Boulogne Billancourt se lasse du basket et favorise un autre sport (toute ressemblance avec une histoire sportive limousine récente serait complétement fortuite…) ?
Voilà peut-être le grand défi des dirigeants actuels du Limoges CSP : s’ouvrir, se développer, tendre vers l’autonomie sans pour autant perdre son identité et le lien avec ses supporters qui fait que notre CSP est un club si particulier.
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News
# 11 - madinina
07/12 - 23h30
@7 : cette agressivité dans la réponse......
CF réponse ci-dessous
le plus simple serait d appuyer vos dires par le rapport de la DNCCGCP concernant le club. Rapport où il serait donc stipulé que des centaines de milliers d euros ont été apportés en garantie par X ou Y.