Un seul être vous manque...

Ce soir, en l'absence d'Almonte, Limoges a su totalement étouffer Nanterre, avec une défense totalement hermétique... mais pendant seulement 10 minutes. Les 30 minutes restantes ont été à sens unique pour Nanterre, qui s'impose à Beaublanc 63-74.

Illustration

Ce soir, un homme a clairement manqué à Limoges. Pas dans les tribunes, une nouvelle fois remplies jusqu'aux cintres, mais sur le terrain. Almonte était en effet en civil (suite à une béquille reçue à l'entrainement), et de fait la raquette Limougeaude semblait en sous effectif... Le guerrier dominicain absent, c'est Lukovski, Larrouquis, Robinson, Salmon et Oyono qui ont ouvert le bal face à Kerckhof, Ouattara (l'ex sparring-partner du csp à l'intersaison), Cisse, Bradford et Soliver. Le premier ballon est Limougeaud, et permet à Salmon d'inscrire le premier panier d'un longue série. Lukovski distille de bonnes passes, Salmon et Robinson pilonnent de loin ou jouent la complémentarité en contre-attaque, pourtant il manque quelque chose... Nanterre développe un jeu rapide, et dispose d'espace pour le mettre en place. Beaucoup trop d'espace, par rapport à ce que la défense Limougeaude a montré au cours des 3 dernières rencontres. La raquette Limougeaude semble bien légère, même si Oyono ne ménage pas ses efforts en défense, et Salmon étincelle en attaque. Larrouquis trouve à son tour la mire de loin, offrant une première avance à Limoges (15-8, 5° min). Nanterre rectifie alors le tir en défense, et le csp bien trop statique après la sortie de Lukovski et Salmon ne trouve plus de solutions et a le choix entre les shoots en première intention de Larrouquis, ou un jeu poussé au bout des 24 secondes. Soliver et les siens en profitent pour infliger un 9-0 à Limoges. Salmon fait son retour et rétablit la logique du terrain au delà des 6m25. Limoges a une possession d'avance après 10 minutes (21-19, QT1), mais Nanterre a dores et déjà démontré sa capacité à faire déjouer son hôte.

La défense Limougeaude n'est toujours pas à son (nouveau) niveau, et Nanterre en profite. Soliver et Bradford se régalent, tandis que Mekdad s'empale tête baissée sur l'étau défensif des banlieusards dès qu'il part en pénétration. Les locaux en pleine disette offensive encaissent un 12-0, que ne suffit pas à expliquer la seule absence d'Almonte ; l'équipe qui joue ce soir n'est pas la même que celle vue face à Rouen. La défense, sa marque de fabrique jusqu'à présent, est en RTT, et l'envie en week-end. Cousin ne l'entend pas de cette oreille et remet les idées en place à ses joueurs dans un temps-mort qui fleure bon la testostérone (21-31, 14° min). Larrouquis se charge de maintenir Limoges à flot par deux paniers, mais est loin de relancer Limoges... La rencontre est dominée de la tête et des épaules par Nanterre, sans la moindre contestation possible, et en dépit de la perte de son meneur Arnaud Kerckhof touché à la cheville à la 17° minute. Toti temporise bien la dernière possession avant de servir un caviar à Gouez à 4 secondes du terme, mais l'arbitre refuse le panier, infligeant au contraire une faute offensive au grand Breton. Bradford convertit un de ses deux lancers dans un Beaublanc en colère, achevant ainsi un quart-temps à sens unique, 20 à 6 pour Nanterre (27-39, MT). Ça grondera probablement encore plus fort dans les vestiaires que dans les travées après cette dernière décision arbitrale.

Un petit lancer pour Robinson contre deux trois points pour Soliver et Plateau, et le coach Limougeaud prend un temps-mort dès la deuxième minute. Ses consignes n'ont visiblement pas été comprises. Son intervention amène du mieux en zone arrière, avec de bonnes aides défensives, mais celles si créent des espaces à l'intérieur que les visiteurs ne manquent pas d'exploiter. Deux nouveaux missiles servis par un Plateau bouillant donnent plus de 20 longueurs d'avance aux visiteurs. Limoges est humilié dans sa salle ! (32-53, 23° min). On est presque surpris lorsqu'un shoot de Bradford rate sa cible, tant les banlieusards ont la main chaude. Une interception bien conclue de Cisse amène le score à 34-55. La réaction Limougeaude qui s'ensuit est alors terrible ! Salmon suit l'exemple des artilleurs adverses, tandis que Gouez cadenasse la raquette. Hermétiquement. Les extérieurs Nanterriens subissent un pressing haut des Limougeauds, et les rares ballons transmis à l'intérieur viennent s'empaler sur le géant Limougeaud, qui de plus ne laisse trainer aucun rebond. Il se fait également un plaisir de servir Robinson de la meilleure des façons, ou de provoquer la faute de Ouattara. Et quand Larrouquis ajoute 3 points de plus à 4 secondes du terme, on se dit que finalement, c'est peut être jouable ! (44-55, QT3). Limoges vient en effet de passer un 10-0 à des Nanterriens asphyxiés...

... Et Limoges ne compte pas s'arrêter là ! Le pressing continue, et lorsque Moerman parvient enfin à faire trembler le filet, c'est hors-délai. Beaublanc retrouve des couleurs et de la voix, Lukovski dirige bien les opérations et provoque des fautes précieuse, et un panier longue distance de Mekdad porte le chaudron à ébullition. Après avoir accusé 20 longueurs de retard, Limoges y croit. Mieux, Limoges sait. L'ambiance est énorme, 5000 gosiers jouent à l'unisson pour mettre une pression phénoménale sur chaque remontée de balle Nanterrienne. Un nouveau tir à 7m de Pistol-T Larrouquis, et Limoges est à portée de fusil. Soliver a bien l'occasion d'éloigner la menace sur la ligne de réparation, mais ne résiste pas à la Bronca. Larrouquis encore donne enfin l'avantage aux siens. En 10 minutes, Limoges vient d'infliger un invraisemblable 24-0 à des Nanterriens complètement dépassés (58-55, 35° min). Beaublanc est chauffé à blanc, et personne ne doute alors que plus rien ne peut arriver à Limoges ce soir. Et puis... et puis le coach Nanterrien offre à son tour la preuve que rien n'est jamais écrit d'avance. Un temps-mort judicieux place Soliver et Cisse en orbite, chacun scorant de loin à quelques secondes d'intervalle. Coach Cousin réagit à son tour, mais le mal est fait. Beaublanc vient de prendre une grosse douche froide, et Limoges ne s'en relèvera pas. Gouez, probablement le principal artisan de cette remontée fantastique, laisse sa place à Salmon, les shoots manqués s'enchainent à nouveau pour Limoges, tandis que Nanterre n'a quasiment plus de déchet. Mené dans les dernières minutes, le csp choisit les mauvaises options, et multiplie les fautes (dont une grossière anti-sportive de Mekdad), qui sont autant de cartouches mortelles pour les artilleurs Nanterriens. Un trois point de Lukovski ne change rien à l'affaire, et les travées désormais éteintes de Beaublanc voient leur équipe laisser filer sa chance, et s'incliner sur son parquet, 63-74.

« On ne gagnera pas tous les matches » avait prévenu Olivier Cousin après ses récents succès. Après 2 victoires à l'extérieur, après avoir fait tomber le leader, et après avoir à l'aller battu Nanterre chez lui (seule victoire à l'extérieur de l'ère Forte cette saison) et ce déjà sans Almonte, tout le monde y croyait pourtant... Mais pour la première fois depuis l'arrivée du nouveau coach Limougeaud, le csp n'a pu tenir le rythme pendant 40 minutes. Nanterre ne vole pas sa victoire, mais justifie plutôt son classement (3°), tandis que Limoges réalise une mauvaise opération en rétrogradant à la 6° place et en perdant nettement le goal-average sur son adversaire du soir. Limoges reste à 3 longueurs de la première place, mais place de plus en plus ses espoirs de montée sur un sans faute en play-offs. La route est encore longue !
Pas de hold-up pour Nanterre. Sans le passage hallucinant de Limoges à cheval sur les 2° et 3° quart (24-0... ça laisse rêveur), les locaux auraient reçu une véritable fessée à domicile. Difficile de savoir s'il faut y voir un excès de confiance après 4 victoires de suite, une trop grande dépendance à Almonte qui a tant brillé par son absence ce soir, ou simplement le vrai niveau de cette équipe face à une équipe de Nanterre en grande forme qui signe ce soir sa 7° victoire de suite !
Du côté individuel, on signalera une nouvelle fois la belle prestation de Gouez, capital dans la remontée du csp. Les sifflets essuyés il y a quelques mois ne sont plus qu'un lointain souvenir...
Les deux principaux marqueurs du soir sont Salmon (22 pts, 4/6 à 3pts) et Larrouquis (16pts, 6/10 au shoot). Tous deux sont bien plus à leur avantage que lors des derniers matches, et pas seulement sur le plan statistique. Leur temps de jeu plus important (25 mins - 5 fautes - et 23 mins) sont pleinement justifiés. Salmon profite aussi de l'absence d'Almonte pour se rendre indispensable dans la raquette, même si il a semblé bien frêle face à son cadet Moerman ou à Bradford. Avec 10 points à eux deux, notre paire Américaine se montre en revanche limitée, et même franchement indigente au shoot (2/11 pour Robinson, 0/9 pour Tucker). Tucker peine toujours à jouer les intérieurs, et Robinson n'a pas fait honneur à sa réputation de défenseur ce soir. Renaux et Oyono se montrent tous deux discrets, et en tout cas pas au niveau de leurs dernières prestations. Du côté des meneurs enfin, Lukovski reste branché sur courant alternatif, alternant les passes superbes portées par une grande lucidité, et les moments d'égarement où il n'est que le fantôme de lui même. Mekdad livre une fin de match correcte après un premier passage décevant, tandis que Toti reste très peu utilisé (et aussi peu convainquant) dans les systèmes d'Olivier Cousin.

Après cette douche froide, Limoges a une semaine pour retrouver ses esprits (et Almonte ses moyens) avant un déplacement abordable à Saint-Quentin actuel 16° et déjà défait 5 fois dans sa salle. En tout cas, Nanterre s'est chargé de ramener les pieds sur terre à tous ceux qui voyaient Limoges trop beau.

  • Autour du match
  • Commentaires (4)