Maurienne l'imprenable

Entre un Limoges en grande forme avec 7 victoires en 8 matchs, et une équipe d'Aix-Maurienne quasi imprenable à domicile, la rencontre s'est longtemps révélée très indécise. Sur les 4 joueurs Américains présent, seul Kennedy rend une copie correcte, mais insuffisante pour offrir la victoire à Limoges. Conformément aux craintes d'Olivier Cousin, les hommes de Philippe Ruivet s'imposent pour la 13° fois consécutive sur leur parquet, 58-48.

Un temps incertain du fait d'une entorse du petit doigt de pied (il faut le faire !), Kennedy est finalement bien présent, et a les honneurs du 5 majeurs. Si Lukovski est bien de retour également, il laisse sa place dans le 5 à Toti (à l'occasion de son 21° anniversaire). À leurs côtés, Larrouquis, Tucker et Almonte font face à Blanks, Gaillou, Diarra, McClark et Tailleman.

Après divers échecs de part et d'autre, c'est Kennedy qui ouvre la marque, juste après avoir empêché son compatriote McClark de le faire par un bon vieux contre des familles. Les deux équipes manquent de réussite et les ballons volés s'enchaînent des deux côtés, si bien qu'il faut attendre la 4° minute pour voir Tailleman inscrire le deuxième panier du match (de loin). L'entrée de Lukovski ne s'avère pas immédiatement salutaire, puisque c'est un Savoyard (Diarra) qui marque la panier suivant. Après 5 minutes de jeu et un lancer de Kennedy, le score sent bon l'échauffement de cadets (5-3). Limoges décide de varier un peu son jeu en passant en défense de zone, et se voit immédiatement sanctionné par un missile de Diarra. Coach Cousin doit donc prendre son premier temps-mort plus tôt que d'habitude, et procède à un double changement dans la foulée (Renaux et Salmon faisant leur entrée). Lukovski marque ensuite (de loin) le deuxième panier Limougeaud, à la 7° minute ! Renaux l'imite ensuite, bien servi par Almonte ; mais cela ne suffit pas face à des Mauriennais dominateurs sur leur parquet, à l'image d'un Ludon efficace de près comme de loin. Lukovski fait ensuite admirer sa classe en fin de quart, et un trois point au buzzer de Larrouquis permet à Limoges de n'accuser qu'un petit point de retard après 10 minutes (15-14, QT1), plutôt contre le cours du jeu (Limoges affiche un pitoyable 2/9 à 2 points et a été mené 10-3 !).

Le premier coup de patte d'Oyono (au ramasse-miette derrière Kennedy) est le bon, et permet à Limoges de repasser aux avants-postes. Après avoir enchaîné les échecs, Kennedy retrouve de l'assurance pour aller chercher et exploiter un ballon dans les mains de Tailleman. Limoges a nettement élevé son niveau de jeu depuis les atermoiements du premier quart. Tailleman et Diarra font de la résistance, mais peinent à renverser l'équilibre (22-25, 15° min). Il faut dire qu'Almonte enchaîne bien, et il n'est pas donné à tout le monde de jouer à son niveau. Mais les deux Mauriennais ne désespèrent pas, et lorsque l'un (Tailleman) échoue, l'autre (Diarra) est là pour exploiter le rebond et rester très proche dans le rétroviseur du csp (26-27, 18° min). Un nouvel assaut de Kennedy, un shoot au buzzer raté de Diarra, et Limoges tient la route à mi-parcours (26-29, MT). Maurienne est sur une base de 52 points, donc parfaitement dans les clous vis à vis des habitudes défensives du nouveau pilote de Limoges (en 27 minutes de jeu cumulées, les 2 US Savoyards ont d'ailleurs scoré le chiffre étourdissant de... 0 points). Le problème d'adresse du premier quart ne restera qu'un mauvais souvenir, le csp a su se remettre en piste judicieusement.

Les cerclistes entame bien la deuxième mi-temps ; même si ils concèdent deux fautes sans conséquences à leurs adversaires, Lukovski et Kennedy jouent la complémentarité en attaque tandis qu'Almonte ne laisse rien passer en défense. McClark commence enfin à relever la tête, en servant au mieux Tailleman de loin, puis en marquant son premier shoot de la rencontre. Limoges passe en quelques instants de +7 à +1 (32-33, 24° min), et il va s'en dire que ce n'est pas du goût du tacticien Limougeaud. Almonte est le premier à retrousser ses manches, et redonne un peu d'air à Limoges (34-39, 27° min). Les deux équipes cherchent à éloigner le jeu du cercle, sans grand succès. Gaillou et Blanks constatant cet échec se rapprochent de l'arceau, et par la même de l'adversaire(38-39, 39° min). Lukovski offre bêtement une faute technique à Blanks, qui ne parvient heureusement pas à l'exploiter. Ludon hélas ne faillit pas, et ramène au plus mauvais moment les siens en tête pour la première fois en presque 20 minutes (40-39, QT3). Limoges a mené de 7 points dans ce quart, mais a complètement raté l'occasion de tuer le match.

Gaillou complique encore la donne dès l'entame du dernier quart, et coach Cousin réagit aussitôt, ne voulant pas voir son équipe en difficulté à l'orée du money-time. Le ballon circule bien chez les cerclistes, sans que quiconque ne trouve la faille. La peur au ventre, les deux formations se répondent brique pour brique, et Tucker voulant prendre le jeu à son compte en oublie ses partenaires. Au jeu des lancers, des Savoyards jusqu'ici déplorables (1/7) tirent leur épingle lorsque Blanks convertit ses deux tentatives après que Kennedy ait échoué sur la première. La situation commence ensuite à sentir mauvais quand Renaux coupe irrégulièrement la contre-attaque de Blanks. 4 points de retard et peut être 6 avec les deux lancers à suivre, le meilleur entraîneur de proB grille alors sa dernière cartouche. Blanks ne tremble pas, et c'est donc bien -6 (46-40, 36° min). Lukovski confond vitesse et précipitation de loin, tout comme Kennedy qui laisse bêtement McClark lui voler son ballon. Renaux trouve ensuite l'ouverture pour partir au lay-up, mais se voit sèchement stoppé par McClark. Le capitaine cercliste ne tremble pas aux lancers, mais ses hommes ne parviennent pas à enchaîner derrière. Limoges n'a tout simplement marqué aucun panier depuis 10 minutes, autant dire que c'est maintenant ou jamais ! Mais c'est seulement après un nouvel assaut de Diarra que Lukovski débloque à nouveau le compteur (48-44, 38° min). La 4° faute de Salmon offre deux nouvelles cartouches à Tailleman, qui ne les gâche pas. Trois points de Lukovski... raté ; à moins de deux minutes, Limoges joue son va-tout et prend le risque de saler encore plus l'addition. Deux fautes de Toti puis la cinquième de Lukovski, donc six nouveaux points de Blanks. Cette fois la messe est dite, surtout quand Tucker y va de son air-ball (un de plus). L'américain était en effet dans un soir des plus noirs, puisque c'est seulement au lancer dans la dernière minute qu'il ouvre son compteur personnel. Toti répond du tac au tac à Blanks pour gonfler un peu le score, mais la défaite est bien là, elle est logique et elle fait mal. 58-48, score final.

Visiblement, en Savoie le chiffre 13 ne porte pas malheur, puisque nos hôtes du soir enregistrent sur ce match leur 13° victoire consécutive à domicile. Olivier Cousin avait donc bien raison de redouter ce match, et on peut s'attendre à ce que son équipe réalise une mauvaise opération au classement, en forme d'adieu définitif à la première place si Bourg et Rouen emportaient chacun une victoire probable à domicile.
Cette fois, Limoges n'a pas l'excuse des blessures, puisque tout le monde était là (sauf Robinson, mais qui n'aurait pas pu jouer de toutes façons suivant les quotas d'étrangers). Gouez n'a même pas posé le pied sur le parquet, et on peut comprendre qu'il ait du mal à s'y faire une place au milieu de Kennedy, Almonte ou Oyono...
Si la défense était aussi en place que d'habitude côté Limougeaud, avec un adversaire sous les 60 points et deux américains à 2/9 (Blanks) et 2/10 (McClark) au shoot, c'est bien l'attaque qui s'est montré terriblement inconstante. Au premier quart, Limoges n'a ainsi marqué aucun panier de la 1° à la 7° minute. Pire encore, seuls 3 malheureux lancers ont fait trembler les filets Aixois entre la 27° et la 38° minute. Inutile donc d'aller chercher plus loin, quelle équipe pourrait prétendre gagner dans ces conditions ? Ajouter à cela un Tucker au fond du trou, et la défaite ne surprendra plus personne.
Et pourtant, a +7 dans le 3° quart, le match semblait plus que jouable ! En suivant le match à la radio, difficile de savoir si les joueurs d'Olivier Cousin se sont découverts une vocation de maçons, ou si ce dernier a simplement trouvé son maître en matière de défense (mais on en doute). Probablement un subtil mélange des deux, associé au manque de motivation que redoutait le tacticien Limougeaud... En tout cas une superbe performance à ne pas rééditer samedi prochain pour la venue de Saint-Vallier !
Côté individuel, Kennedy est le meilleur marqueur de la rencontre (15pts). Mais à 42%, certains ballons auraient peut être été mieux exploités par d'autre... Lukovski fait lui un retour assez timide. 9 points certes, mais une toute petite passe et -1 d'évaluation ! Et surtout, une influence sur le jeu difficile à sentir à la radio, hormis quelques rares coups d'éclat. Il joue même moins que Toti pourtant encore moins en verve à 21 ans qu'auparavant (2pts). Almonte tire son épingle du jeu, exploitant bien les ballons laissés libres par Kennedy, et dominant son monde au rebond avec 11 prises.
Saluons enfin à nouveau l'inénarrable performance de Tucker, décidé à prouvé qu'il y a des jours avec, et des jours sans. Pour avec, voyez la semaine dernière (21pts). Cette semaine, c'était sans. 2 lancers dans la dernière minute, et un grandiose 0/9 au shoot. Non content de toucher le fond, il a trouvé une pelle bien affûtée et a creusé, creusé... et recreusé, jusqu'à atteindre un rare -8 d'évaluation. Enfin, les jours sans, ça arrive, espérons juste qu'il n'en connaisse pas trop des comme ça.

Une chose est sure en tout cas, Limoges aura besoin de lui, et de tous les autres pour laver l'affront de Saint-Vallier (84-69 à l'aller).

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