Chronique d'une défaite annoncée

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« Forte démission, Forte démission… » Voilà le slogan lancé par les Eagles après le match à la buvette juste avant qu'ils ne montent dans le bus. L'intéressé n'était pas encore sorti des vestiaires dans lesquels il n'avait pas été très bavard.

Durant les dernières minutes du match, alors que le cSp avait définitivement sombré, notre prési-coach s'est assis et n'a pas bougé, résigné. Après le match, on a vu un entraîneur qui est bizarrement apparu après le départ des fameux Eagles, téléphone à l'oreille. Simple coïncidence ? Pas si sûr car cela faisait belle lurette que Storo et Renaux étaient sortis prendre l'air. Remarquez, ceux-ci n'ont pas eu besoin de prendre leur douche.. allez savoir pourquoi.

Ce qui devait arriver arriva. Limoges a perdu et sans aucun panache de surcroît.

Au delà de résumer simplement le match, que vous avez sûrement vu sur le net, je vais tâcher de soulever quelques points qui ont paru suspects pour les spectateurs de Lawson Body, qu'ils soient limougeauds ou pictaviens.

19h45. Les abords de Lawson Body sont en effervescence, les Eagles se font entendre. On reconnaît des têtes bien connues à Beaublanc comme celle de Jim Bilba présent ce soir. Un petit tour par les guichets et l'entrée dans la salle, côté Eagles et Phénix bien entendu.

Un premier point, les deux clubs de supporters limougeauds sont côte à côte, je trouve la démarche très appréciable de la part des Eagles qui sont venus se mettre à côté de leurs camarades. C'est une belle initiative qui est à noter.

Puis, le match commence avec comme 5 de départ Stefanovic, Hayes, Salmon, Almonte et Roberts.
Contrairement à ses habitudes à Beaublanc, le cSp rentre très péniblement dans le match et encaisse un cinglant 10-0 suite à diverses pertes de balles et quelques shoots improbables ratés.

Une passe… Un shoot…


Depuis le début de la saison, le cSp se cantonne à faire des interceptions et contrer ou encore à faire une passe du meneur vers un ailier suivi d'un shoot extérieur. Faible stratégie tout de même pour une équipe qui prétend jouer les premiers rôles dans ce championnat de Pro B.

C'est Hayes qui marque les trois premiers points limougeauds après un temps mort. Il sera suivi par Roberts et Stefanovic par deux fois. Le cSp reviendra alors à 2 points du PB86. Ce faible écart ne sera plus jamais atteint dans le match.

Le cSp enchaîne les fautes et les maladresses. Sur quelques actions offensives et en très peu de temps, le PB86 reprend le large et porte la marque à 18-10. Déjà, Lawson Body jubile.
Sur la remise en jeu, Stefanovic rate un tir à 3 pts (à croire qu'il n'a que ça en magasin) et sur le contre, les poitevins portent la marque à 20-10.
Notre équipe est malmenée, elle ne marque que sur des exploits individuels. Nous n'observons aucune relation entre les secteurs intérieurs et extérieurs. Il semblerait que dans les systèmes Forte, les intérieurs soient là pour défendre et essayer de gober des rebonds offensifs suite au gros déchet des ailiers-shooteurs forcés de prendre des shoots malgré eux et, surtout, en raison du peu de solution qui se proposent à eux.
Comment une équipe qui se revendique être l'une des meilleures de pro B peut-elle se permettre de ne pas utiliser un secteur que l'on connaît précieux et qui devrait être incontournable?
Cette fin de quart temps voit sombrer un peu plus Limoges. Forte a les bras ballants suite aux shoots ratés et s'agite sur les phases défensives… les joueurs le regardent mais ne regardent plus le ballon. Au résultat, Limoges ne défend pas, nous nous faisons manger sur la tête dessous et Forte ne jète même pas un regard sur un Olivier Gouez qui ronge son frein.

Les joueurs sont perdus à l'image de leur coach. Un supporter pictavien assis devant moi m'en a d'ailleurs fait la remarque : Larrouquis a la balle et il ne sait pas quoi en faire. Les autres le regardent et se demandent également comment procéder. C'est le marasme offensif, nous savons déjà que le cSp repartira avec une valise.

Stefanovic accumule les erreurs. Ce type n'est pas le meneur dont a besoin cette équipe en mal collectivement. Stefanovic ne joue pas pour l'équipe, il fait du Robinson mais est très loin d'avoir son talent. Pour remplacer Lukovski, il fallait un maestro, un patron, Sasa n'est pas de ce calibre-là. Ses trop nombreuses tentatives échouées nous ont fait perdre de nombreux ballons.

Nous finissons le premier quart temps sur un panier au buzzer de Maynier et sur le score de 32-21 soit 11 petits points de retard, ce qui n'est pas beaucoup et absolument pas révélateur de l'écart de jeu et de maîtrise sur le parquet.

Les deuxième quart-temps débute par une faute de Niakate à la mène et se poursuit par un festival de paniers ratés. Alors que les poitevins marquent à 3 points, nous continuons à défendre en zone… Sylvain Maynier se retrouve de nombreuses fois seul sur le côté, dans un fauteuil bien confortable pour tirer.

Limoges est toujours à la rue collectivement, et s'entête toujours à occulter le jeu intérieur. A 40-29, c'est Gouez qui se retrouve en position de meneur (cherchez l'erreur …). Il perd la balle par maladresse et le score est donc de 42-29. Le score est sans appel possible. Stefanovic s'enfonce encore un peu plus dans ses erreurs de choix.

A la mi-temps, notre équipe est menée 48 à 36. Comme pour la fin du premier quart temps, cet écart reste bien maigre pour les pictaviens tant ils rayonnent dans tous les secteurs du jeu. Mais que va dire Forte pendant cette pause ?

Lors du retour sur la parquet, Stefanovic poursuit son gâchis de possessions. Les intérieurs ont tellement peu l'habitude de recevoir des ballons sur les phases offensives que quand Stefanovic se décide à faire une passe à Roberts, celui-ci la reçoit dans le dos (en gros, il tournait le dos car ne s'y attendait vraiment pas). Cependant, on entrevoit, à partir de cette période-là, un léger mieux collectif. Les joueurs tentent davantage de faire jouer les intérieurs et ça marche. On a, à ce moment-là, un faible espoir et l'entrée de Gouez n'est pas anodine. Dès son retour sur le parquet, Poitiers gâche beaucoup plus de ballons et perd donc la balle. Grâce à cette bonne période, nous remontons à 63-58.

Sur un contre, Stefanovic a l'occasion de ramener Limoges à 3 pts mais préfère s'arrêter derrière la ligne et tenter un tir qui sera raté. Il faut savoir parfois assurer un shoot facile intérieur à 2 points plutôt que de tenter un shoot extérieur difficile, cela semble évident.
Deux lancers-francs nous permettront tout de même de revenir à 63-60. Les Eagles et Phénix poussent alors comme jamais. Tous les limougeauds présents dans la salle sont debout et y croient. Aussi bizarre que cela puisse nous sembler, nous pouvons recoller !
Pourtant, Frédéric Forte ne semble pas voir la même chose. Il sort Olivier Gouez et fait également revenir Stefanovic que j'appellerai désormais « gâchis man ». Le verdict est simple, nous encaissons un nouveau 8-0 qui porte la marque à 71-60 à la fin du 3ème QT.

Il est évident que la sortie de Gouez a fait du tort à Limoges sur cette fin de période. Nous sommes de nouveau malmenés sous le panier et ne parvenons plus à défendre.

Le dernier QT débute par un tir extérieur réussi d'Almonte suivi d'un beau contre de Roberts. Maynier est encore tout seul. Alors que les limougeauds n'ont pas encore baissé les bras, ils souffrent de malchance sur leurs tentatives. Limoges se bat mais ne réduit que de très peu la marque. A la 36ème, Lawson Body est debout, on entend « Ohé Ohé Ohé… Poitiers ! » ça sent la mise à mort. Poitiers mène alors 84 à 74. Sur une faute défensive de Toti, les poitevins ratent leurs deux lancers francs mais marquent à 3 pts sur le rebond du deuxième lancer. Après tout, ils ont raison , c'est beaucoup plus rentable de cette façon.

En pleine bouillie d'attaque, Salmon rate un nouveau tir extérieur et Poitiers contre… 89 à 74.
Forte demande un temps mort, il s'agite dans tous les sens, gribouille sur son ardoise, certains joueurs ne regardent même pas. Le speaker fait lever la foule, Poitiers jubile.

A retour, on peut voir que les consignes « fortéennes » sont bien appliquées : le meneur fait une passe et on shoote ! Larrouquis rate ainsi sa tentative et permet à Poitiers de dérouler. Il reste 2 minutes et Limoges ne joue plus. Les limougeauds ont eu leur chance, ils ne l'ont pas saisie. Lawson Body est de nouveau debout. Forte est, quant à lui, assis. Il ne se lèvera de sa chaise que pour rejoindre les vestiaires.

Pour l'anecdote (il en fallait une), nous avons assisté à 15 secondes de Volley dans la raquette poitevine dans l'avant dernière minute (Nous n'étions pas à Lawson Body pour rien !). En effet, les joueurs limougeauds ont bien travaillé les stats en enchaînant plusieurs rebonds offensifs suite à des tirs intérieurs « volleyés » et bien entendus ratés.

A 95-78, le poitevin devient chambreur et demande, en chantant, où sont passés les limougeauds ?

Le score final sera de 96-81. Poitiers mérite sa victoire, parce qu'ils ont été meilleurs tout simplement. Avant de regagner les vestiaires, Forte indique aux joueurs d'aller remercier les Phénix et Eagles qui se sont déplacés en masse mais lui ne vient pas.. Est-ce surprenant ?

Limoges a perdu et a, une nouvelle fois, étalé toutes ses faiblesses. Pour remplacer Lukovski, il nous fallait ce soir une personne comme Frédéric Forte, pas sur le banc, mais bien à la mène…

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