Remue ménage ou remue méninges au CSP ?
Après 3 ans de gouvernance marqués par une succession plus que difficile à la suite des soit-disant "dépositaires" de l'esprit de Fred Forte et une crise du Covid qui a sans doute plus impacté le CSP que n'importe quel autre club, Céline Forte, présidente du Conseil de Surveillance, a amorcé un sérieux virage dans la gestion administrative et sportive du club avec les départs plus ou moins consentis de Pierre Fargeaud, Directeur Général, et de Crawford Palmer, Directeur Sportif puis les arrivées en juin d'Alain Cloux comme D.G. et de Kevin Anstett comme D.S.
Alain Cloux nouveau D.G.
Le départ de Pierre Fargeaud avait été annoncé depuis début décembre et contrairement à ce que certains ont laissé entendre la date de février avait été fixée dès le début. Avocat avant sa prise de fonction en 2019 comme Directeur Administratif et Financier puis Directeur Général, il quitte le Limoges CSP éprouvé par la période COVID, où le club n'est pas passé loin du précipice financier, mais surtout lassé par le tumulte autour du Hollywood Basket Club. Pour paraphraser Coluche "on s'autorise à penser dans les milieux autorisés" que des proches de la propriétaire du club ont eu des ambitions dignes du vizir de Goscinny ce qui précipita la décision de Pierre Fargeaud en novembre dernier.
Pour le remplacer, Céline Forte a choisi une pointure en la personne d'Alain Cloux, clouant le bec aux rumeurs d'une nomination en interne. Alain Cloux, limougeaud et diplômé du Master II du Centre de Droit et d'Economie du Sport, était déjà passé par la case Limoges CSP en 2000 où Jean Pierre Karaquillo, président éphémère, l'avait nommé comme homme de confiance pour tenter désespérément d'éponger le déficit abyssal de l'époque. Il travaillera ensuite à l'AS Monaco puis au Comité National des Jeux de la Francophonies de Nice. Il occupait les fonctions de Directeur Général Adjoint à l'ASVEL depuis 2014. Choix unanime et quasi unique au sein de la direction du Limoges CSP, cet homme de dossier stakhanoviste et à la limite de la psychorigidité juridique et financière, sera la pierre angulaire du virage souhaité par Céline Forte dans la professionnalisation du club.
Kévin Anstett nouveau D.S.
Sur le plan sportif la cause de Crawford Palmer avait vacillé avec la non qualification en playoffs la saison passée. Mehdy Mary avait été désigné comme le premier responsable mais la gestion humaine du franco-américain notamment sur le dossier DeMarcus Nelson avait été jugée trop sentimentaliste et ayant finalement coûté cher sportivement. Les choix de recrutement cet été avait également laissé perplexe. Le départ annoncé de Pierre Fargeaud, proche de Palmer, fut également un élément décisif dans cette séparation à l'amiable entre le club et lui en fin de saison.
Pour le remplacer, la direction du club avait d'abord coché un nom en la personne de Nicola Alberani, directeur sportif de la SIG Strasbourg. Sauf qu'en se renseignant sur sa méthodologie de travail et son réseau, il s'est avéré qu'un nom revenait sans cesse dans les choix de recrutement de l'italien : Kevin Anstett, scout NBA pour les Philadelphia Sixers. Il fut à l'origine des nombreuses bonnes pioches alsaciennes depuis deux ans dont dernierement le rookie Matt Mitchell. Il n'est pas non plus innocent dans le recrutement de C.J. Massinburg au CSP. Le dossier Alberani étant compliqué statutairement, Céline Forte a alors foncé sur l'opportunité Anstett. Ancien basketteur espoir, à 31 ans il est recruteur patenté NBA depuis 2017 pour les Phoenix Suns puis pour les Philadelphia Sixers. Nul doute qu'il va lui aussi révolutionner les méthodes de travail du club dans ce domaine avec l'utilisation des "data analytics" passage obligatoire dans le recrutement sportif 2.0 (ou 3.0 pour les nostalgiques) ! La feuille de route transmise a été claire : recruter malin et moins cher pour des résultats sportifs performants (cf la SIG, et à l'inverse des très bling-bling ASVEL et Monaco). Salué par l'ensemble des observateurs européens du basket pour son travail, le recrutement d'Anstett est un sacré coup quand on sait qu'il était en contact et a refusé une offre de l'ASVEL pour intégrer son staff sportif.
quel avenir pour le club ?
Telle une élue d'une collectivité territoriale s'adressant à ses agents au moment des voeux, les mots de Céline Forte sont assez clairs : il faudra faire mieux à budget constant. A défaut d'être innovant sur le plan financier, il faut avouer que la réflexion sur un recrutement plus efficient avec Anstett peut s'avérer judicieux. Le nouveau Directeur Général devra quant à lui se retrousser les manches pour faire aboutir l'arlésienne du changement de gouvernance et la fameuse ouverture du capital de la SASP.
Innover pour suivre le rythme effréné des machines Euroleague comme Monaco ou l'ASVEL sans pour autant tomber dans la course à l'échalote financière, cela semble être un sacré pari d'autant que le Limoges CSP devra faire face avec de nombreux postulants comme Boulogne Levallois (même si leur projet de salle semble au point mort et que les dollars magiques de la mairie risquent de faire pschit) ou le club gascon "dont on ne doit pas prononcer le nom" (même si les fameux token ne sont toujours pas sortis des ordinateurs de CSG, mais ça va venir...).
Anstett aura donc la lourde tâche de positionner le CSP sur des prospects JFL (mais l'ASVEL s'impose déjà pour les licornes) en concurrence avec le Paris Basket qui sait utiliser son influence et vendre du rêve NBA avec ses dirigeants made in USA sans pour autant multiplier les jeunes simultanément. Il devra aussi profiter de son réseau outre-Atlantique et de ses connexions à tous les niveaux du basket US (et justement pas seulement NBA/NCAA1) pour dénicher des pépites. Peu de chances donc de voir le CSP s'installer avec des effectifs fidèles auxquels on pourra facilement s'identifier -à moins que des JFL dans leur prime soient aussi attirés par le projet- nous aurons plutôt des chances de voir défiler des "bons coups" financiers qui partiront vers des cieux plus rémunérateurs après une ou deux saisons. Tout l'intérêt résidera dans les buyouts que le duo Cloux-Anstett parviendra à inclure dans les contrats et qui permettra à moyen terme au CSP d'avoir les moyens de recruter des cadres solides en plus des "bons coups".
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le CSP NANTERRé en fin de match
Nanterre 88 - 87 Limoges : Analyse
# 12 - m23
12/02 - 10h13
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