Quimper confirme ses doutes

Avec Kennedy sur le terrain, Cousin et Robinson sur le banc, à Limoges on finirait presque par confondre la Vienne et l'Odet... Heureusement pour nous, les retrouvailles ont tourné à l'avantage de l'ancien coach emblématique de l'UJAP. Un match pas forcément enthousiasmant à une semaine d'une confrontation capitale face à Rouen, mais qui a malgré tout trouvé sa conclusion dans une victoire franche et nette du csp, 69-56, et un baroud d'honneur de Tucker, qui signe ses adieux par 15 points.

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Côté Limougeaud, ce sont Lukovski, Toti, Larrouquis, Almonte et Kennedy qui ouvrent le bal, face à Swift, Tensorer, Stewart, Yates et N'Kembe. Le premier ballon échoit dans les mains de Toti, qui est bien inspiré de le confier à Larrouquis. La défense de zone Limougeaude rend déjà l'accès au cercle difficile, mais crée des espaces pour Stewart au delà des 6m25. Swift et Lukovski se jaugent à coup de pénétrations bien senties, les deux gérant plutôt bien leurs équipes respectives. C'est toutefois Quimper qui tire son épingle du jeu en ce début de rencontre, en imposant un rythme plus élevé et en se montrant plus vivace sur les lignes de passe (4-9, 4° min). Tucker fait son entrée sur le parquet de Beaublanc pour la dernière fois, et essaie aussitôt de donner des remords à son ex-boss par un premier trois point. Lukovski a envie de reprendre la mainmise sur son équipe, et oublie pour l'occasion le côté altruiste du rôle de meneur... Il temporise, attend, patiente, puis fonce dans le tas pour arracher la faute de Tensorer. Il se décide ensuite à partager et sert remarquablement Oyono bien placé dessous. Limoges recolle, et Tucker se fait un plaisir d'imiter Mipoka dès que ce dernier trouve la mire de loin. N'Kembe marque son seul panier de la rencontre après avoir laissé passer l'orage, c'est à dire Tucker et Kennedy, et permet à Quimper d'emporter le premier quart, 15-16. Traumatisé par le final de Saint-Étienne, Mekdad temporise tellement la dernière possession que personne n'a le temps de shooter. Les deux équipes sont pour l'instant peu inspirées, et manquent à la fois de mouvement et d'automatismes, nous offrant presque un match de pré-saison.

Le début du deuxième quart semble montrer de meilleures dispositions des Limougeauds, on peut en particulier contempler les crocs bien affûtés de Renaux, décidé à ne pas lâcher Swift, et la complémentarité imparable d'Almonte et Kennedy. Swift tente de résister, mais peine à le faire seul, surtout quand Tucker dégaine de nouveau à 3 points (3° réussite du match, soit autant qu'au cours des 7 derniers matches réunis en ce qui le concerne...). Quimper subit de plus en plus le jeu cercliste, et déjoue carrément devant une raquette cadenassée par un Almonte incontournable. Monstrueux en défense, il s'avère tout aussi écoeurant en attaque, que ce soit pour servir Toti ou conclure lui même. Le ballon circule bien mieux qu'auparavant, Limoges pose son jeu et assome Quimper d'un 10-0 ravageur (27-18, 15° min). Les Quimperois réalisent alors que leur salut ne passera que par une circulation de balle ultra-rapide, capable de démarquer un joueur (au hasard, Tensorer à 3 points). Le seul problème avec ce genre de jeu, c'est qu'il y a parfois un Almonte sur la ligne de passe ! Aux forceps, Quimper résiste pourtant à coup de charges héroïques de Stewart et Yates, ou encore de passes par dessus l'épaule de Swift. Pas de quoi déconcentrer un Almonte qui joue les funambules pour scorer dans une position des plus acrobatiques. Strunc répond du tac au tac au lay-up de Larrouquis, sans décrocher Limoges de son matelas d'une dizaine de points. Comme lors du premier quart, derrière un ultime lay-up de Swift, Lukovski temporise jusqu'au bout la dernière possession, sans pouvoir amener le moindre shoot (ce qui a le don d'irriter quelques supporters autour de moi). Limoges domine à la pause : 40-32.
Après un premier quart aux allures d'échauffement, Limoges a passé la seconde et installé son jeu, faisant rapidement douter Quimper. L'opposition Swift/Lukovski, sans atteindre des sommets, a tout de même permis d'admirer la belle qualité de passe des deux meneurs.

Au retour des vestiaires, Quimper reprend à son compte le leitmotiv de son ancien tacticien. Ainsi, ce ne sont pas moins de 4 molosses qui enferment Almonte sous le cercle pour le priver de sa baballe. Les deux raquettes semblent clôturées de panneaux "Défense d'entrer", et les air-balls succèdent aux balles perdues. L'élève Swift trouve bien l'ouverture, mais emporté par son élan manque sa pénétration ; le maître Lukovski excelle dans la pédagogie par l'exemple. Si Larrouquis parvient à passer sous le cercle, il est trop près de la ligne de fond pour représenter une menace offensive. Il est en revanche idéalement placé pour servir Toti , bien planqué dans le coin du terrain. Contrairement au jeune ailier, Oyono a le physique pour se faire une place dessous, et il le prouve. Avec sa zone inviolable, Limoges est efficace des deux côtés (47-36, 25° min). Quimper semble disposer de deux options : (1) => croiser les doigts sur des shoots casse-croûte. (2) => Laisser Swift se débrouiller (façon Dawan Robinson). Et malgré cette variété limitée, les Bretons reviennent dans le match ! Les crocs de Renaux en défense, pourtant aiguisés comme des rasoirs, ne suffisent pas à stopper le meneur Américain, et ses qualités offensives restent toujours autant à démontrer. Le quart-temps s'achève sur un 11-2 pour les visiteurs, complètement relancés (49-47, QT3). On sent malgré tout qu'il suffirait que Limoges empêche son hôte de jouer ce jeu rapide pour s'assurer une victoire facile.

Le meilleur moyen de contrôler le jeu, c'est déjà d'avoir le ballon. Conscient de cet aphorisme à la platitude aussi insondable que les statistiques récentes de Tucker, Toti se fait un devoir de s'approprier la gonfle, et ce dès la première seconde et la remise en jeu Quimperoise. Cet homme en or s'en va alors, et marque seul. Il ne s'arrête pas là, attrapant ensuite un rebond précieux qu'il confie à Almonte pour plus de sûreté. Mipoka cède ensuite sous la presse hydraulique Almonte-Tucker, et envoie le ballon au premier joueur à portée de passe, c'est à dire notre jeune meneur qui n'en demandait pas tant. Il faut attendre la 34° minute pour voir Stewart inscrire le premier panier Breton du quart, en contre-attaque. Renaux neutralise ensuite la menace Swift, d'un doigt dans l'oeil. L'action est heureusement involontaire et sans conséquences si ce n'est quelques secondes d'interruption, mais suffit à dérégler la mire de l'Américain. Limoges a retrouvé ses dix points d'avance (59-49, 35° min), bien que le ballon ne circule toujours pas assez vite pour créer des shoots ouverts. Mais après tout, qu'importe ! On le saurait depuis belle lurette si Almonte ou Oyono avaient besoin de shoots ouverts pour faire trembler les filets. Non contents de se régaler en attaque, les deux hommes poussent la muraille entourant leur raquette à une altitude vertigineuse, rigoureusement infranchissable pour les rares rescapés qui auraient pu franchir les barbelés posés par Toti ou Tucker. Pour son dernier match à Beaublanc, l'Américain n'aura pas fait honte à son maillot, et comme un symbole, c'est lui qui scelle la fin de la rencontre par un dunk relativement velu. Score final : 69-56.

On sait que Quimper avait autant à perdre qu'à gagner ce soir, c'est à dire rien. Les bretons se savent déjà hors d'atteinte de la zone de relégation comme des playoffs. Ce match avait donc un petit goût de fin de saison pour eux, même s'ils n'auraient probablement pas renaclé à faire tomber Beaublanc. Le match ne restera probablement pas dans les annales, et ne donne pas beaucoup d'encouragements à l'aube des confrontations face aux deux leaders, qui seront à n'en pas douter d'un tout autre calibre. Pourtant, une fois n'est pas coutume, Olivier Cousin semble être satisfait de l'ensemble du travail de son équipe et a pointé au micro de FranceBleu Limousin l'excellent 90 à 52 d'évaluation collective qui souligne selon lui les efforts pour "mettre du rythme", ainsi que le respect des consignes de pick&roll qui ont étés la solution en seconde période. Espérons qu'il affichera le même niveau de satisfaction mardi prochain !
Côté individuel, on commence par une mention spéciale à Mickaël Toti qui a placé les bons paniers aux moments importants et rend une superbe ligne de stats (10pts à 66% 3rb 3int et 8pds en seulement 24min pour 22 d'éval). Match après match, il confirme une grosse progression sur la fin de saison (rappelons-le, a à peine 21 ans) qui laisse augurer un bel avenir. Almonte se montre égal à lui-même, c'est à dire énorme dans tous les compartiments du jeu. Oyono et Kennedy, bien que plus discrets au niveau statistique (à cause des fautes en ce qui concerne Kennedy), sont pourtant tout aussi intraitables que lui en défense, et ne sont souvent pas étrangers aux finitions du Dominicain. Lukovski est régulier match après match, rarement décisif mais complet avec 10pts, 5rb et 4pds (on relèvera quand même un pitoyable 0/7 à 3pts... dans un concours "briquette" avec Thomas Larrouquis à 0/4).
Enfin, Tucker pour son dernier match aura voulu montrer un peu de panache, et son bilan chiffré tend à prouver que l'homme en avait sous la pédale 15pts à 50% à 2pts et 100% à 3pts (ce qui justifie pleinement son licenciement... et comme dirait l'autre "y'a des coups de pied au ... qui se perdent !"). Loin de son 23% à 3pts sur l'ensemble des autres matchs, Joah affiche ce soir un intéressant 3 sur 6, inscris aux moments opportuns.

Dans le haut du classement de ProB, Nanterre se retrouve distancé en implosant à Brest d'où ils repartent les fesses rouges avec un incroyable 89 à 54 au panneau d'affichage. Mais LE match de la 32° journée aura lieu demain soir à quelques kilomètres de Beaublanc entre Poitiers et Rouen, et mettra soit Poitiers à distance de Limoges, soit Rouen à portée du CSP pour le run final ; dans les deux cas, le gagnant restera dans les pattes d'une équipe de Limoges qui aura fort à faire pour se dépêtrer des pièges que lui tendront Rouen puis Bourg les deux prochains mardis...

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