Non nous n'avons rien oublié...

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Je cherchais vainement comment exprimer mes émotions sur ce retour à Beaublanc pour me rendre compte, après quelques temps face à la page blanche, que les mots que je cherchais avaient déjà été écrits : "Qui m'aurait dit qu'un jour sans l'avoir provoqué. Le destin tout à coup nous mettrait face à face. Je croyais que tout meurt avec le temps qui passe. Non je n'ai rien oublié !!! Je ne sais trop que dire, ni par où commencer. Les souvenirs foisonnent, envahissent ma tête. Et le passé revient du fond de sa défaite. Non je n'ai rien oublié, rien oublié !!!"

Un nouvel espoir

Nous étions fin avril et je vais être honnête avec vous, je n'espérais plus rien. Au-delà des considérations sportives saint-pierroises, que mes collègues de Beaublanc.com ont largement exprimées récemment, je crois que cette saison est, comme dirait mon grand-père, "longue comme un jour sans pain". Difficile de se motiver pour un championnat dont on ne connait même pas l'épilogue et l'orgie de matchs récents concoctée par la LNB en mode Kafka n'arrange pas réellement les choses. Mon unique petit plaisir coupable sur mon réseau social préféré étant de tweeter une vidéo de trompette à chaque défaite du BCM Gravelines Dunkerque (ndlr : oui le limousin est extrêmement rancunier et oui je souhaite la déchéance d'Olivier Bourgain). Alors c'est dans cet état mi-dépressif mi-mollette, que j'ai entendu notre Kaizer Emmanuel évoquer l'éventualité d'une possibilité d'une discussion autour d'un projet de retour des supporteurs dans les salles. Vue la situation sanitaire en Haute Vienne à l'époque, je me suis dis "et pourquoi pas Benzema à l'Euro tant qu'on y est ???". Et puis, à grand coup de seringues et de gestes barrières, la date est tombée : le 22 mai 2021 marquera le retour à Beaublanc d'exactement 800 chanceux. Après un tirage au sort sous la surveillance d'un huissier pour évacuer toute contestation, la répartition des matchs par travée a été effectuée : Monaco, Cholet, Boulazac puis le savoureux Gravelines. Ce sera Monaco pour moi et mes copains du #Gate14 (pseudo club de supporter non reconnu ne se reconnaissant pas eux mêmes).

Home sweet home

Le jour J est arrivée. Commence alors le travail de préparation mentale. On visionne une bonne douzaine de fois la vidéo publiée par le Limoges CSP. On tweete deux-trois bêtises. Pour la première fois depuis des semaines, on sent une petite excitation monter. Petit à petit les réflexes reviennent. Dernière ligne droite il est l'heure d'aller se changer : c'est toujours les mêmes gestes. D'abord la jambe gauche, toujours. Chaussette, chaussure. Puis la jambe droite. Puis une gorgée de Leffe, toujours. "Ding dong" (wahou mais tu fais super bien la sonnette - merci), les copains du #Gate14 arrivent pour terminer le pèlerinage vers la terre promise à pied (ndlr : j'habite à 500m de Beaublanc) et puis surtout boire une bière puisque les buvettes sont encore fermées (Castex Démission !!!!). On enfile nos masques et en avant Guingamp. Dès le passage du grand parvis de Beaublanc, on comprend que l'ambiance ce ne sera pas la Mongolie mais plutôt le Rhénus.
Première déception : la travée paire est réservée aux partenaires (Martinez Démission !!!!). Après un vif débat nous décidons de nous installer en Travée 11 juste derrière la diabolique caméra Keemotion. Premier moment d'émotion avec la minute d'applaudissements en l'honneur de Paco Puyhardy, ancien joueur puis dirigeant. Présentation des équipes : Maciej Lampe est vachement grand en vrai, Smoothie Smith prend une bronca. Horto Magiko lancé par les Ultras Green. Finalement Beaublanc c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas. Mais finalement un match à Beaublanc sans hurler sur les arbitres ce n'est pas réellement un vrai match. En grands professionnels du spectacle sportif Yohan Rosso et ses collègues choisissent alors d'entrer en scène. Et je peux vous assurer que mes potes Denis et Vincent* (*les prénoms ont été changés pour conserver leur anonymat) je ne les avais pas vu comme cela depuis un soir d'Eurocup face à l'Alba Berlin et le récital de Madame Panther. Après avoir menacé de brûler leurs voitures, de les attendre devant leur hôtel pour une discussion sur la physique quantique , vint le moment de la première grande bronca 2021 pour nos amis de la Poste.
Mi-temps : on est à un point mais on sent que ça ne tient qu'à un fil. Pendant la longue pause sans buvette digne de l'exode des hébreux hors d'Egypte, nous échangeons sur les bonnes performances défensives de Tim Crusol sur Rob Gray, la Scrubb-dépendance de ce CSP et de la parfaite harmonie du blanc et du vert dans les tribunes. Le troisième quart-temps fut celui de l'assoupissement tels des aigles endormis (c'est une récurrence il serait peut-être intéressant de réfléchir à reproduire un nouveau horto magiko pour relancer la machine en tribune après la pause - je dis ça je dis rien). Rob Gray, Dee Bost et Abdoulaye N'Doye sont insupportables et mériteraient de prendre une technique mais les Pink Floyd au sifflet restent sourds aux plaintes du public. Le dernier acte sera encore plus frustrant tant la domination monégasque est impressionnante. On regarde d'un air mi-amusé mi-perplexe l'échange entre les UG et le banc de la Principauté : pas sûr qu'on discute de régime fiscal. Le buzzer retentit enfin, -16 au final. On espérait rien avant ce match et finalement on est quand même déçu.

On replie les gaules

On regarde l'heure de peur du couvre-feu à 21h00. On se dit qu'il reste un peu de temps pour discuter pour échanger mais est-ce que nous en avons vraiment envie ? Je ne sais pas, je ne sais plus. On tente de se rassurer en se disant qu'à huis-clos la note aurait peut-être été plus salée au tableau d'affichage. J'avais déjà écrit au soir d'une victoire contre Igokea, sans savoir la suite des évènements, qu'être à Beaublanc c'est bien mais qu'un Beaublanc plein à craquer c'est quand même mieux. Et puis comme je ne trouve pas les mots pour conclure je laisse une nouvelle fois Charles les écrire pour moi :
"Cela m'a fait du bien de sentir ta présence. Je me sens différent, comme un peu plus léger. On a souvent besoin d'un bain d'adolescence. C'est doux de revenir aux sources du passé. Je voudrais, si tu veux, sans vouloir te forcer. Te revoir à nouveau, enfin, si c'est possible. Si tu en as envie, si tu es disponible. Si tu n'as rien oublié. Comme moi qui n'ai rien oublié...".

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