L'occasion ou jamais ?

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Double occasion en cette veille de Noël pour le CSP : la première, de taper le leader d'EuroLeague alors que sur le papier c'est injouable, la seconde c'est de faire le coup du roi, entendez mettre fin à deux séries en même temps. La série de défaites en cours de ce décembre noir mais aussi l'(inter)minable série de défaites à l'extérieur qui tend vers son 13ème mois... Présentation.

La forme du moment

Et bien du côté de Paris, ce n'est pas folichon ! Un virus circule actuellement au sein de l'effectif, privant aléatoirement coach Splitter de plusieurs éléments de son roster ou en affaiblissant d'autres. Résultat, le club de la capitale passe un mois de décembre quasiment aussi pourri que le notre : 4 défaites consécutives toutes compétitions confondues, série en cours. Leur denière victoire "remonte" au 8 décembre en championnat de France où ils ont dominé nos derniers bourreaux : l'AS MONACO. Depuis l'ASVEL s'est imposée par deux fois (une en Betclic, une en EuroLeague), mais aussi Le Mans qui a créé la sensation et le Real Madrid de manière un peu moins surprenante. Le club a même obtenu de l'EuroLeague un report du match du jeudi 20 décembre face au Fenerbahçe Istanbul faute de joueurs valides.

L'effectif

C'est la grande inconnue ? Si le CSP veut effectivement réaliser le coup du roi, il faudra savoir qui restera vissé sur le trône au lieu de fouler le parquet de l'Adidas Arena. Notons que face à l'ASVEL hier soir le Paris Basketball était quasiment au complet (seuls Sebastien Herrera et Enzo Shahrvin étaient sur le flanc) mais c'est plutôt dans les performances individuelles que les effets du virus se sont faits ressentir. Des Hifi et Ouattara loin de leurs standards, des Malcolm et Hayes un peu plus sollicités qu'à l'accoutumée, un Shorts qui a tout donné avec 13pts 12pds mais cela n'a pas suffi face à une ASVEL qui a pu compter sur un trident Ajinça, Maledon, De Colo particulièrement aiguisé.

C'est plutôt dans le collectif qu'il faudra chercher les "manques" parisiens, en effet, selon l'équipe, le staff a choisi d'endiguer les contaminations en s'entraînant avec 3 groupes distincts et remettant au goût du jour les gestes barrières et port du masque systématique.

Les arrières


TJ SHORTS : Le lutin américain est toujours un scoreur/passeur hors-pair et il a gravi la marche EuroCup/EuroLeague avec un facilité déconcertante. Meilleur passeur du Championnat de France avec 8 offrandes en moyenne, et dauphin en Europe (dont il est 3ème maruqeur) à 7,9pds derrière Tamir BLATT du Maccabi, il est clair que lorsqu'il ne faufile pas son petit mètre 75 jusqu'au cercle, c'est qu'il offre un caviar à un de ses camarades et comme ce soir, c'est repas de réveillon, attention à ce qu'il ne mette pas les petits plats dans les grands.

Nadir HIFI : Bon, là je ne vais pas me faire que des copains mais le "prodige" (non drafté) parisien, s'il explose bel et bien en France comme en Europe est un joueur que je goûte très peu. Techniquement dégueulasse, il fait tout en déséquilibre sur un pied en bout de course... mais ça rentre. Le même sans réussite, c'est le gars du playground qui se prend pour Kobe et que tout le monde appelle Kobrique. Certains diront de Nadir qu'il a un sacré mental, on est en droit de se demander où placer le curseur avec prétention... Quand l'intéressé fait des appels du pied à Vincent Collet pour intégrer les bleus (alors qu'objectivement il est logique qu'il intègre le Team France) on peut regretter qu'il ne respecte pas une forme de patience voire d'humilité, la cape se mérite, elle ne se réclame pas. En attendant, ses stats parlent pour lui, leader au scoring en Betclic Elite (devant Nico Lang) avec 20,2pts, crucial en EuroLeague avec 14,3pts, il faut vraiment faire la fine bouche (ou être un gros hater me direz-vous) pour ne pas apprécier le rendement du strasbourgeois. Pensons toutefois qu'un autre joueur atypique qui faisait la différence en rupture, Yann Bonato, est devenu bien transparent en fin de carrière lorque la réussite avait fui des mouvements pourtant cent fois décisifs.

Maodo LÔ : Troisième meneur derrière les deux phénomènes, rôle bien ingrat qui échoue à l'allemand qui, notons le, ne faisait pas partie de la diaspora teutonne importée du Paris BasketBohn mais nouvelle acquisition en provenance de Milan. Joueur de devoir, il voit son temps de jeu et ses stats plus limités cette saison mais Coach Splitter s'applique à lui donner des minutes. En délicatesse avec son tir à 3pts, méfiance tout de même, il a émargé à près de 40% à l'Alba Berlin il y a quelques saisons.

Sebastian HERRERA : Le chilien, comme son nom ne l'indique pas, faisait partie du wagon en provenance d'Allemagne il y a deux ans. Après avoir écumé la Bundesliga et son antichambre, il semble avoir atteint son climax et rentre gentiment dans le rang dans la capitale française. Très irrégulier cette saison, il n'est rien de plus qu'un joueur de banc dans le roster XXL francilien. Attention toutefois à l'eau qui dort, il ne s'agirait pas de relancer le chilien.

Yakuba OUTTARA : Le Yak a toujours la niaque ! Le monument monégasque désormais vétéran du haut de ses 32 printemps, a choisi la grisaille parisienne pour donner ses dernières années de "Prime". Plus responsabilisé en EuroLeague qu'en Championnat, coach Splitter sait compter sur son expérience et son côté energizer pour influer sur la jeunesse fougueuse de l'effectif. Signe que Ouattara est dans son meilleur basket : à temps de jeu égal ou inférieur, il fait mieux statistiquement que ses 3 dernières saisons sur le Rocher. On ne lui veut pas de mal, mais si sa rémission totale nécessitait une journée de repos supplémentaire, on lui accorderait volontiers !

Les extérieurs


Tyson WARD : Elément clé de la victoire de Bohn en BCL, la trouvaille des scouts allemands (il fallait aller le chercher en NCAA à North Dakota !) a depuis tout raflé ! EuroCup et désormais en tête de l'EuroLeague avec Paris. Bon scoreur et rebondeur, il trouve parfaitement sa place entre Shorts et Hifi, offrant des solutions offensives supplémentaires en particulier derrière l'arc. Encore un que Nico Lang devrait avoir du mal à contenir et qui risque de faire une très bonne sortie.

Bandja SY : L'ailier vétéran qui va sur ses 35 ans en juillet est encore là ! ASVEL, AEK, Partizan, Andorre... s'il n'avait pas gâché une année en Béarn il aurait un CV quasi-parfait à faire saliver tout bon fan de basket européen. S'il n'est plus dans son meilleur rendement statistique, sa valeur est ailleurs : joueur de devoir et de missions, il rend au coach les services dont il a besoin et n'éprouve plus le besoin de prouver en rêvant de NBA ou autre chimère. Il sait que sa place dans ce roster est une opportunité incroyable de noircir son palmarès et il fait tout ce qu'il faut pour que ça arrive.

Colin MALCOLM : Encore un vestige du Paris BasketBohn, passé par l'obscure NAIA (ligue mineure universitaire) puis la Géorgie, la Finlande et Chypre avant d'exploser en Allemagne, Malcolm sait ce que c'est de galérer alors pour sa 3ème année dans un gros championnat imaginez la satisfaction quand avec deux coupes d'Europe en poche, il est All Star en France et émarge à 9pts 2rbds dans les rangs du leader d'EuroLeague et 11,4pts et 3,7rbds en Betclic Elite... Cet homme vit un rêve éveillé encore plus que tous les autres joueurs pros !

Les intérieurs


Léopold CAVALIERE : Monosourcil va bien ! Ses éducateurs et son orthophoniste sont très fiers de ses progrès. Après quatre saisons en Alsace, il intègre un roster d'EuroLeague où il tient un rôle de joueur de complément. Avec des stats divisées par 2 en championnat et par 4 en EL (comparé à la BCL) il passe clairement les plats pour les stars de l'effectif mais c'est intelligent de sa part parce qu'aucune équipe avec lui comme joueur majeur ne serait en mesure de performer de la sorte à haut niveau. Batailleur au rebond, il a toujours les mains un peu carrées... du Cavalière quoi !

Kevarrius HAYES : Bon, là on rigole un peu moins. quatrième saison en EuroLeague pour l'ancien de Kaunas. Natif de Floride mais possesseur d'un passeport de Centrafrique lui conférant le statut de Cotonou, Hayes n'est pas un monstre statistique mais une bête défensive. Pas du contre ou de l'interception mais un protecteur de cercle qui fait toutes ces petites choses hyper utiles que seuls les amateurs apprécient. Paradoxal quand on joue à Paris où le public très NBA-compatible est peu à même d'applaudir des écrans-retard ou des verrouillages d'appuis mais le staff y a vu clair lui ! Sale soirée en perspective pour Chassang et Diarra si Hayes a retrouvé ses moyens.

Mikael JANTUNEN : Un finlandais à Paris. 6,5pts, 3,7rbds pour l'intérieur formé en NCAA et qui a explosé en Belgique où il fut élu meilleur 6ème homme en 2022 sous les couleurs du Filou Ostende. Joueur de rotation, il sait faire le sale boulot et rendre les ballons à ceux qui ont les tickets-shoot dans l'équipe et qui sont plutôt à l'arrière.

Michael KESSENS : Dernier membre du blablacar en provenance de Bohn, le germano-suisse est un joueur particulier puisqu'il dispose du statut de JFL du fait de sa formation à Cholet. 4-5 à vocation défensive, c'est un fort rebondeur qui sait jouer de ses 2m05. Non utilisé en EuroLeague, son coach le consacre pleinement à la Betclic Elite.

Enzo Shahrvin : Dernier élément touché par le virus de décembre, l'ex pensionnaire du Mordor vit sa deuxième saison en Île de France où il a vu sa progression stoppée nette par une limitation de son temps de jeu. Avec 10 petites minutes, il se contente des miettes dans un gros effectif qui lui permet toutefois de faire ses (modestes) premiers pas en EuroLeague où il a été aligné 3 fois cette saison.

Un pronostic ?

Ah ben s'il y en a une à gratter en ce mois de décembre, ce serait celle-ci ! Peu importe que ce soit grâce à la turista des parisiens ou au génie tactique de Dupraz, si on pouvait aller la chercher, ça ferait un bien fou ! On avait beau avoir prévu la série de tatouilles hivernales, elles n'en sont pas moins douloureuses ou démoralisantes.

Deux mots sur le coach parisien : Mea culpa. J'avais émis les plus grands doutes sur la greffe d'un nom ronflant sur un effectif construit par un Isalo qui semblait être l'architecte indispensable au bon fonctionnement de la mécanique du Paris BasketBohn. Et bien le brésilien a parfaitement relevé le défi et compris comment faire tourner la grosse cylindrée financée aux dollars NBA de David Khan. Chapeau bas M. Spiltter.

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