Limoges en 1/8e de finale d'Eurocup !

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Attention, la phrase qui suit aurait surpris il y a 3 mois, surprend aujourd'hui et surprendra encore dans quelques jours après une défaite contre un mal classé de ProA : "Limoges bat le PAOK, ce qui élimine Valence de l'Eurocup et qualifie le CSP pour les 1/8e de finale". Alors ne boudons pas notre plaisir mais sachons raison garder. Analyse.

Des grecs en ruines

Ouf, ce n'était pas une intox : SCHORTSANITIS et VASILIADIS étaient bien sur le flanc, laissant le PAOK avec peu de moyens à l'intérieur, contraint au small ball mais capable de jouer de la sorte en s'appuyant sur l'adresse de ses extérieurs ce qui lui a permis de battre Valence et de résister jusqu'au bout face au Pana et à l'Oly (excusez du peu). Quand on sait qu'en parallèle Limoges au complet se faisait désosser par Oldenburg et s'inclinait à Paris, il y avait matière à s'inquiéter.

Beaublanc en mode Europe

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Le palais des Sports a fait le plein. Même si les résultats irréguliers agacent, les supporters savent reconnaître les grosses affiches et un mardi soir, les travées étaient combles… et bruyantes ! Mentions spéciales aux Ultras-Green qui ont déployé un drapeau à l'image de Dule offert par les supporters du Partizan Belgrade et à Fred Weis qui a rejoint le mouvement #PartizanLimož lancé par notre boutique en ligne et sa ligne de tshirts. Quand on parle de l'influence du coach, on comprend qu'elle dépasse le cadre du terrain.

Le match : 10 points et une palette de parpaings

Comme on s'y attendait, le PAOK n'avait guère le choix et a donc tenté de s'appuyer sur son adresse extérieure pour compenser les absences à l'intérieur. Problème : les deux équipes ont balancé des briquettes dans tous les sens dès le début de la rencontre. De près, de loin… on avait le choix. Les grecs, plus mobiles, arrachaient pas mal de rebonds offensifs mais reprenaient le chantier Castorama derrière (7/29 à 2pts), donc assez peu de conséquences. Heureusement au milieu de ce bazar, Matt Gatens plantait deux flèches longue distance et les intérieurs limougeauds profitaient du manque de volume de leurs homologues hellènes. On vit même Ali Traoré jouer en puissance (alors qu'il est généralement soft et s'appuie sur sa dextérité) et enfoncer le malheureux Markovic. Discrètement, le feu follet McCalebb entamait sa prestation. 7 points d'avance au terme du QT1 puis le double à la mi-temps sur un coup de rein en toute fin de période une nouvelle fois de McCalebb. Le CSP regagnait les vestiaires confiant mais pas ultra-dominant pour autant.

2e mi-temps : Ne pas se faire grecquifier

On le sait, les compatriotes de Giannakis sont coutûmiers du match de trainard et de l'estocade finale. Malgré ses efforts, le CSP ne distance pas Salonique qui reste à une dizaine de points d'écart soit 4 possessions. HATCHER et l'improbable DEDAS maintiennent la pression avec des tirs à 3pts aussi inattendus qu'agaçants (l'américain semblant même honteux de scorer sur une vieille planche synonyme de saucisson chanceux). Une nouvelle fois, Limoges va faire la différence à l'intérieur avec un Daniels multitâche à la claquette dunk ou derrière l'arc et s'en remettra à Bo McCalebb pour finir de dégoûter les grecs. Entre And-one classieux et cassages de chevilles et shoot efficace en fade-away, le meneur américain a gagné le match à lui tout seul. Alors certes les fulgurances de Westermann (10pts 3pds) l'écot de Boungou-Colo (7pts mais à 3/8 aux tirs) ou encore les bons passages de Camara ou même l'activité de Wojcie ont compté, mais le lutin de la Nouvelle Orléans a éclaboussé la rencontre de son talent (17pts 3pds 2int 24 d'éval en seulement 16min… et en sortant du banc !). Clutch. A 3min du terme, coach Markopoulos, sortait ses joueurs majeurs et lâchait l'affaire, le CSP navigant désormais autour des 20pts d'avance. Malgré un dernier 3pts de DEDAS qui a fait le match de sa vie (19pts) le PAOK abdique en en prenant 18 au passage.

On a aimé :

- La défense en tête de zone qui passe SUR les écrans et qui limite l'impact des porteurs de balles tout en évitant les séries à 3pts.
- La défense tout court. 61pts encaissés c'est un bilan qu'on aimerait voir plus souvent, mais tou les adversaires n'arroseront pas comme ce PAOK désespéré.
- La classe de McCalebb… définitivement un joueur d'un autre calibre
- L'arbitrage. Oui oui… vous lisez bien : Très peu de mauvaises décision et une prestation quasi-invisible d'un côté comme de l'autre, signe d'une grande qualité.
- Will Daniels, qui revit sous les ordres de Dule.
- La première mi-temps de Gatens, qui comme à Paris, placé dans le 5 performe en début de rencontre puis s'éteint petit à petit… Personnellement, je trouve ce joueur sous-dimensionné par rapport aux ambitions du club, nous attendons qu'il trouve la confiance depuis 6 mois. Un shooteur fou US d'1m90 on en trouve 4 sous chaque poubelle sur les playgrounds new yorkais, certes ils défendent moins mais l'ami Matt a un rapport attaque/défense très discutable.
- L'ambiance dans Beaublanc qui comme Bo McCalebb a su reconnaître l'odeur du sang et rugir en conséquence.

On n'a pas aimé :

- Le nouveau match "sans" de Schaffartzik. On adore ce joueur mais il faut avouer qu'il est dans une sale période, sans adresse et on le sent dans le dur mentalement. Courage Heiko, les beaux jours arrivent !
- Le peu d'impact de Zerbo alors que pour une fois il avait du temps de jeu et qu'en prime il n'y avait personne en face pour l'arrêter. Une belle occasion ratée de rentrer dans les petits papiers du coach. On l'aime le Fréjus mais là il s'est raté.
- Diawara qui a été plutôt bon par rapport à d'habitude (5pts 1rb en 15min) ce qui en dit long sur son rendement "habituel". Ce n'est pas un 4, il joue mal en 4 et en prime il se fait endormir en défense. Comme Gatens, il y a matière à réajustement si on a de réelles ambitions pour le printemps.
- L'attitude de NBC (encore et encore) qui se prend la tête avec Dule et qui se cache sous sa serviette pour bouder pendant de longues minutes. Quel gachis ! Autant de talent avec un aussi mauvais caractère et aussi peu d'humilité… même face à Vujosevic il ne lâche pas l'affaire. Pourvu que les offres affluent à l'intersaison.

On ne sait pas quoi penser (nouveauté) :

- De Payne. Mieux, bien mieux qu'en début de saison. Parfois utile, présent au rebond mais sans apport offensif et souvent transparent. 2pts 3rbs 1int… ni mauvais ni bon. On se doute qu'il ne peut pas rayonner comme à Chalons-Reims car il n'est plus la seule solution mais on s'attend toujours à mieux. Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas bon non plus…
- Du discours de Fred Forte à la mi-temps. Dans l'absolu c'est séduisant : Faire entrer le CSP dans une nouvelle ère, celle de la formation. Reconstruire avec de jeunes talents en capitalisant sur l'école serbe. D'un côté ça paraît alléchant, d'un autre le président nous a déjà si souvent joué du pipo qu'on ne sait quoi penser d'une telle annonce. Quand en prime il ajoute que la révolution serbe ressemble à celle amorcée à l'arrivée de Boja en 92… tout en rappelant qu'on n'avait pas été champion dès la première année, on est en droit de se demander s'il ne commence pas à insinuer qu'il n'y aura pas de réajustement cette année pour garder des billes pour le recrutement de l'an prochain (mais sera-t-on européens ?). Il y a 8 mois il nous parlait de TOP16 Euroleague, et là on voudrait recréer l'école serbe sur le modèle du Partizan qui jouait le final four avec une moyenne d'âge de 24 ans et 2 ou 3 étrangers au maximum. Réelle ambition ou concerto pour quatuor à vent ? Seul l'avenir le dira mais si ça s'accompagne d'un méa-culpa et de l'enterrement de la politique petit-bras en début de saison avec un ou deux gros CVs pour faire rêver les abonnés, ça pourrait s'envisager avec le sourire.

LA SUITE ?

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En Eurocup, on rentre dans une phase de playoffs à élimination directe en 2 matches aller/retour au meilleur du point-average (pas de belle). Première qualification pour un 2e tour de coupe d'Europe depuis la Korac de 2000 qui se jouait sur le même format. Le futur adversaire, Gran Canaria sera coriace et est également coaché par une légende du basket européen. En attendant, le CSP se déplace à l'ASVEL et aurait plutôt intérêt a enfin glâner des points, n'en déplaise à NBC un poil hautain au micro de Jérôme Ostermann qui l'interrogeait sur la pression inhérente à ce match "Pourquoi ? Si on perd ça passe encore !"
C'est bon, certains ont donc l'impression d'avoir encore de la marge…

En attendant, savourons ce nouveau succès de prestige et vivement la pause café devant la photocopieuse pour voir si Gégé va oser la ramener…

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