L'exploit à Strasbourg

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Le Limoges CSP arrache le premier match des finales 70-68 avec un Camara facteur X à 14pts et 18 d'éval. D'abord en tête d'une dizaine d'unités en première mi-temps les limougeauds ont été rejoints pour vivre un money-time interdit aux cardiaques. Les nerfs des cerclistes ont été les plus solides et Limoges reprend l'avantage du terrain tout en impactant le mental des strasbourgeois qui enchainent leur 7e défaite consécutive en 3 séries de finales. Analyse.

LA LOI DES SERIES

Les séries, c'est quelque chose qui ne parle pas beaucoup à Strasbourg : ils restent sur une série de deux finales de ProA perdues et une série (en cours) de sept défaites étalées sur les finales 2013 (3 échecs pour s'incliner face à Nanterre), 2014 (un sweep de folie totalement inattendu face à Limoges l'an dernier) et donc un nouveau revers face à ce même CSP alors que la SIG arrivait auréolée d'un bilan impressionnant en saison régulière et déjà deux titres dans la besace (Leader's Cup et Coupe de France). On se disait donc que la SIG avait appris à gagner et que l'adage "jamais deux sans trois" pourrait être de mise, s'appliquant aux deux titres déjà acquis… Qui se serait douté que c'était la série de défaites en finales qui s'allongerait et ce d'entrée au Rhénus !

QT1 DES BARBELES DANS LA PRAIRIE

Pourtant tout avait "bien" commencé pour les alsaciens. Emmenés par le trident français Diot-Leloup-Traoré, les joueurs de la SIG prennent jusqu'à 5pts d'avance (12-7) au cœur de ce QT1 mais Smith et Jeter veillent au grain et placent le CSP aux commandes 14 à 18 au terme d'une période très défensive.

QT2 LES FRANÇAIS SONT DANS LA PLACE

Grande nouveauté dans notre bonne vieille ProA : les stars sont françaises ! Certes le poids des américains sur le parquet n'est pas négligeable (loin de là) mais force est de constater que les duels qui animent cette première manche de la finale fleurent bon l'équipe de France et changent pas mal la physionomie de notre championnat longtemps dominé par des US de grande classe puis, depuis une dizaine d'années inondé par des étrangers plus ou moins talentueux à la faveur de la hausse des quotas de JNFL. Et notre QT2 est animé par Nobel BOUNGOU-COLO et Mickaël GELABALE côté CSP auxquels s'opposent LELOUP TOUPANE et FOFANA. Mais à ce petit jeu, les limougeauds sont les plus adroits et passent un joli 20 à 13 à leurs homologues de l'Est dans un quart-temps une nouvelle fois très défensif où Strasbourg n'a inscrit qu'un seul panier dans le cours du jeu dans les 4 dernières minutes. Les verts regagnent donc les vestiaires avec une belle avance de 11 points (27-38) devant un public médusé ne reconnaissant pas son équipe et voyant repointer à l'horizon les démons de l'an passé.

QT3 LA REBELLION

Si les strasbourgeois ont plié en première mi-temps affichant un mental de chips, Coach Collet a du procéder à des remontages de bretelles en règle à la pause puisque ses ouailles reviennent sur le parquet avec une motivation toute autre. Si les JFL n'ont pas été dominants, les étrangers ont pris les choses en main (NDLR : histoire de faire mentir mon paragraphe précédent). Dobbins mais surtout Howard ont décidé de remonter le débours et forcent la défense limougeaude à plier. A noter la (trop) longue présence d'Amagou et Batista sur cette séquence de prise d'eau alors qu'ils étaient largement dominés par leurs vis-à-vis. Aidés par un Campbell très discret jusque là (mais il n'est jamais aussi dangereux que quand il se fait oublier…), les alsaciens grignotent inexorablement leur retard pour échouer à une longueur des limougeauds à l'entame de la dernière période. 46-47.

QT4 OUSMANIMAL !

Les limougeauds ont plié certes, mais ils n'ont pas rompu ! Loin de pouvoir fanfaronner, ils ont toutefois limité la casse et affiché une belle détermination alors qu'il y a quelques mois on les aurait vus sombrer sans réaction face à un adversaire qui retrouve des couleurs. La différence ? La confiance. Comment est-elle revenue ? Par plein de paramètres, mais il faudrait être idiot pour ne pas voir que le changement de coach a été déterminant. Philippe Hervé prend les temps-morts plus tôt pour stopper les hémorragies mais là où il fait la différence c'est qu'il est parvenu à remotiver un groupe quasi-dépressif, il a redonné le sourire à des joueurs englués dans un système qui ne leur plaisait pas et enfin il a su insuffler la confiance et la sérénité nécessaires pour tenir bon sous le bombardement que les alsaciens ont infligé au CSP dans ce QT4. Revenus sur les talons des verts, Diot et consorts n'entendaient pas lâcher cette première manche à la maison et s'ils avaient prévu une multitude de scénarios, ils n'avaient sans doute pas prévu la clutchitude d'Ousmane CAMARA. Mis sur orbite par Westermann ou Jeter, l'intérieur de l'ombre habituellement si discret malgré un abattage important sous les panneaux s'est mué ce soir en scoreur. Il maltraite les cercles du Rhénus et créé la surprise. Avec 14pts au compteur, le numéro 12 limougeaud regagne le banc en fin de QT ayant mis les siens en ballotage favorable avant un money-time étouffant où Philippe Hervé va remettre ses cadres sur le parquet au bon moment. Après des changements de leaders incessants où les deux équipes se battaient sur le plus petit écart, Coach Hervé confia les clés du camion à un 5 small-ball Jeter-Amagou-Smith-Gélabale (en 4) et Moerman (en 5). La présence de Pape étant la surprise dans cette composition surprenante, son panier à 3pts à la 36e justifia totalement la confiance accordée par son coach. Dans une bataille tactique incroyable où les temps-morts s'enchainaient après les fautes tactiques, c'est le MVP Adrien MOERMAN qui plaça la première flèche décisive donnant 4pts d'avance au CSP sur un 3pts essentiel. Côté strasbourgeois, c'est Jérémy LELOUP qui bouffa la feuille de match sur un échec à 3pts improbable en début de possession laissant au CSP une avance décisive à cet instant ET SURTOUT la possession. Il l'aurait rentré c'était un héros… mais non. S'il tenta de se rattraper en scorant sur l'action suivante le mal était fait et la possession d'avance concédée ne fut jamais gâchée par les limougeauds. Pooh JETER et Jamar SMITH se partageaient les dernières remises en jeu pour ensuite assurer sur la ligne des lancers. Comme un symbole, Comme un symbole, c'est Ousmane CAMARA, revenu en jeu, qui conclut les débats au LF, sur deux échecs certes mais en ayant encore provoqué les fautes strasbourgeoises et ne donnant même pas, par son second lancer raté, le temps à la SIG de prendre un ultime tir alleluia.

LES ROLES SONT INVERSES

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Limoges arrivé modestement en outsider à Strasbourg, se retrouve en position préférentielle à l'aube du match 2. L'avantage du terrain vient de rebasculer dans l'escarcelle cercliste puisque la SIG est désormais condamnée à l'exploit dans un Beaublanc en mode finale (on précise parce que ça ne sera pas ce qu'ils ont connu en saison régulière) où le public limougeaud va une nouvelle fois entrer en fusion. Toutes les places sont vendues pour le match 3 et nul doute qu'en cas de match 4, il y aura émeute rue Haute-Vienne.
Si les rôles sont inversés, c'est aussi la physionomie de la rencontre qui aura surpris tout le monde. On avait annoncé un Strasbourg sûr de son sujet en défense qui allait chercher à ralentir l'euphorie limougeaude et c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Au terme d'une première mi-temps ultra défensive c'est la SIG qui ramait à 11 longueurs d'un CSP sérieux et appliqué. Voulant renverser la vapeur, ce sont les alsaciens qui ont tenté d'emballer le match mais à ce petit jeu, les limougeauds savaient quoi faire. Au delà du talent indéniable de tous les acteurs de cette finale, c'est dans la bataille tactique que le CSP vient de marquer un point très important. D'ailleurs, si le statut de Vincent COLLET en tant que meilleur technicien français est incontestable (sans parler de son palmarès en sélection), disons modestement que Philippe HERVE vient de marquer les esprits et qu'il faudra garder son nom dans un coin de la tête au moment où Vincent COLLET renoncera au banc des bleus.

En attendant, il vous reste quelques heures pour faire le plein de bière (Michard) et de pop-corn pour le game 2 qui aura lieu ce dimanche à 17h. Limoges n'a AUCUNE pression et peut se permettre de le perdre (pourquoi pas en faisant galoper les alsaciens ?), en revanche la SIG a l'obligation de s'imposer pour rester en vie car prendre le chemin de Beaublanc avec deux défaites rappellerait tout d'abord de bien noirs souvenirs aux alsaciens mais reviendrait surtout à partir surfer le long des falaises un jour de tempête force 10. Nous n'en sommes pas encore là, mais si les limougeauds ne se désunissent pas et produisent un match 2 aussi abouti tous les espoirs sont possibles.

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