Le CSP triomphe de lui-même et renverse Dijon

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Après un rude combat dans un match plus défensif qu'à l'habitude, Limoges a alterné le très bon et le très mauvais mais a fini par faire pencher la balance du bon côté après prolongation 76 à 72. Le CSP fêtera donc Noël en tête du championnat de ProA grâce à cette victoire sur le désormais ex-leader mais aussi à la défaite d'Orléans à Strasbourg. Une question demeure pourtant : quelle pathologie couve ce CSP incapable de constance ? Notre diagnostic :

QUOI DE NEUF DOCTEUR ?

Les médecins sont formels : cette équipe est bipolaire ! On a cru au départ qu'il ne s'agissait que d'une vilaine gueule de bois après une teuf arrosée au Rhinofluimucil mais non, les symptômes se répètent semaine après semaine. Le Limoges CSP cuvée 2013-14 possède deux personnalités bien distinctes : dans le rôle du gentil flic une équipe appliquée qui défend fort, artille depuis tous les postes et étrangle son adversaire, mais il y a aussi le méchant flic ! Une bande de pistoleros sans organisation ni solidarité alternant passe pourrie avec absence défensive. Le médecin chef Dupraz l'a beaucoup répété à son meneur "afteur ribonde, no bad passe : téquitte téquitte !". Sous l'œil de Fred Forté, le directeur de la clinique, les patients ont donc ce soir fait une crise aigüe de bipolarité.

En effet, les sujets avaient jusque là présenté des symptômes appuyés mais persistants : comprenez que le match était soit énorme soit pourri ! Ce soir, devant les caméras de Sport+, les manifestations de la pathologie se sont alternées sur des périodes beaucoup plus courtes, au sein même d'un quart-temps. On a ainsi pu voir des séries où le CSP encaissait sans broncher une bonne dizaine de points dijonnais sans répondre, puis sans raison, repartait de l'avant et répondait par le même type de série à son adversaire du soir sous les hourras des visiteurs de la clinique Beaublanc.
Comment expliquer le passage de 4-5 à 4-12 puis celui de 9-19 à 26-19 (soit un 17-0 !) dès le premier quart-temps ? Et comment expliquer qu'après une pause abyssale de 50 secondes, la même équipe (ou sa jumelle maléfique ?) laisse un Andre Harris chaud comme une brioche enchaîner 10pts dans le 16-0 infligé au QT2 par les bourguignons en à peine 5 minutes ? Non vraiment il n'y a que la psychiatrie pour apporter une telle réponse !

LES SYMPTÔMES ?

On ne va pas vous refaire tout le film du match… et puis vous connaissez déjà la fin depuis l'intro : le CSP gagne après prolongation ! Mais comment un Moerman aussi précieux au rebond et dans l'intensité défensive peut-il lâcher une passe en cloche pourrie par dessus le défenseur de Reynolds qui partait en contre-attaque dans l'aile alors qu'il avait JoGo LIBRE SEUL à 2m de lui ? BIPOLAIRE ! Comment Acker, si précieux dans ses tirs clutch et si vif dans l'attaque du cercle peut-il jouer l'extra passe en contre attaque en 2 contre 2 avec la vitesse et son talent pour lui ? BIPOLAIRE ! Comment Boungou-Colo peut-il faire une saison aussi impressionnante et mériter un statut de All Star et enchaîner deux marchers de débutant sur un départ direct à droite à vous faire rougir l'école de basket du LABC ?! BIPOLAIRE ! Comment Zerbo d'habitude pataud et prompt à s'auto-contrer avec le cercle peut-il ce soir battre son record de points (10pts 3rbds) et se montrer autoritaire au milieu des intérieurs de Dijon ? BIPOLAIRE ! NDLR : Pas la peine de vous enflammer dans les commentaires, ici on adore Fréjus qui est très sympa et on profite de l'occasion pour l'applaudir publiquement des deux mains car il a sorti un match énorme et confirme semaine après semaine les progrès décelés en début de saison, mais bon la tentation de la vanne facile était trop grande ! Bref, vous l'aurez compris, nous ne savons que penser de ce CSP qui ne semble pas jouer pour l'amour du maillot ni pour une état d'esprit particulier entre une bande de potes… Cet amalgame de joueurs talentueux semble capable de tout : de réciter un principe offensif jusqu'à trouver le tir ouvert et le rentrer ou s'enfoncer comme un sourd dans un 1 contre 4 avec un shoot casse croute déséquilibré alors qu'il reste 12sec à jouer sans pénalité. Au chapitre des prestations individuelles saluons l'œuvre de JK Edwards fort justement couronné MVP de la rencontre par Sport+, pas tant au niveau de ses stats (12pts 6rbds et 22 d'éval tout de même) mais tellement plus par son engagement permanent et son agressivité en particulier défensive. Soulignons aussi le Karma de Jo Gomis qui apporte à cette équipe dans les moments chauds tout le soulagement que la Vicodin peut offrir au Dr House (un autre membre de la clinique Beaublanc ?!), quelle sérénité de le voir balle en main dans le money-time plutôt qu'Acker ou Reynolds pour remonter le terrain.

UN TRAITEMENT EST-IL ENVISAGEABLE ?

Le fait est que les résultats sont là : à la faveur du goal average Limoges est leader de ProA au soir du 23 décembre, certes ex-aequo avec Dijon, Nanterre et Orléans mais néanmoins leader ! Cette alchimie qui avait fini en eau de boudin (particulièrement dégueulasse) avec des ingrédients aussi talentueux en 2011 (Banks, Wright, Massie…) semble vouloir fonctionner, sur courant alternatif certes mais ça fonctionne ! Pis ! Cela semble même contagieux : la belle mécanique dijonnaise en a fait les frais ce soir. Le collectif de Jean-Louis Borg habituellement si huilé et admiré pour son sérieux s'est fait engluer dans des mouvements offensifs persos au possible créant une défense permissive et ouvrant la porte (de l'asile) à tous les retours limougeauds constatés ce soir. Alors il peut y avoir une explication logique : sachant que le CSP était en mode "méchant flic" il fallait suivre le porteur de balle qui allait la jouer perso… et là PAF ! La tuile, le patient bipolaire changeait de comportement en cours d'action et d'un gros croqueur embarqué dans une pénétration improbable avec deux aides défensives sur le dos, la défense avait à faire à un joueur altruiste trouvant très justement son coéquipier libre en lui offrant un dunk tout seul sous le cercle ! A en perdre son latin on vous dit !

GUERIR OU VIVRE AVEC LA MALADIE ?

Alors ce soir réjouissons-nous (à part si on est une dinde) car Noël approche et toute la clinique Beaublanc a placé sous le sapin un fort joli cadeau pour tous les amoureux du basket limougeaud : une place de leader de ProA qui sent bon la Mickey-Cup et si le lithium fait effet cela pourrait peut-être tenir jusqu'au printemps avec des playoffs voire une qualif' européenne qui nous manque tant depuis ce soir de 2000 où captain Bonato soulevait la bonne vieille Korac au terme du dernier match officiel du CSP en compétition internationale. Beaucoup de promesses qui ressemblent fort à des résolutions de nouvelle année mais prenez garde : la médecine n'est pas une science exacte !

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