Céline FORTE décryptée
La propriétaire du club s'est exprimée dans les colonnes du Populaire à l'issue de la saison régulière 2020-21. Si elle a abordé les grandes lignes du futur du CSP, la plupart des points sont encore flous mais nous allons tenter de vous éclairer afin que ces annonces multiples dans des domaines variés fassent sens. Décryptage.
Un peu de lecture
Tout d'abord, nous vous invitons à prendre connaissance de l'entretien conséquent que la présidente du conseil de surveillance a accordé au quotidien limougeaud.
La propriétaire
Première chose à assimiler pour tout le monde : le Limoges CSP a désormais une propriétaire. A l'image des franchises NBA où un Mark Cuban ou un Steve Ballmer évoquent forcément quelque chose aux fans, Limoges saute le pas et tout l'intérêt de la fameuse "recapitalisation" du club tient dans le fait que la SASP sera désormais la seule entité de référence (en plus du fait d'éponger la dette cumulée "Dalton / covid").
Si dans nos coeurs et dans les faits le CSP appartient à tout jamais à ses supporters, pour la loi il y aura désormais un nom : Céline FORTE. Pendant une décennie feu Fred FORTE a incarné l'image de l'omniprésident, mais notez que le terme de propriétaire n'a jamais été évoqué. A l'image de St Pierre, il avait pourtant toutes les clés du CSP et nous vous invitons à vous (re?)plonger dans l'excellent dossier de CaféDesSports pour comprendre les origines du montage Associatif CSP Elite et son évolution en SASP.
Incarner le club
Alors si l'annonce de Céline FORTE promet de clarifier la structure du club et le statut de chacun, le public limougeaud demeure orphelin d'un véritable représentant médiatique du club. "La Proprio" est certes satisfaite du travail de l'ombre de son équipe Martinez / Fargeaud / Palmer / Dacoury (ironiquement le moins visible) mais aux yeux des limougeauds nourris aux déclarations d'un duo Popelier / Biojout puis largement abreuvés des sorties parfois hors des sentiers battus d'un Fred Forte aussi incisif qu'à l'époque où il portait le maillot, la sécheresse médiatique actuelle passe mal d'autant plus en période de crise sanitaire et sportive. Nous l'avions déjà souligné et avions appelé de nos voeux une prise de responsabilité d'un des membres de l'équipe actuelle afin de combler le vide médiatique. La nature a horreur du vide et quand on voit qu'un Invernizzi (bien piégé certes) aura occupé plus de place médiatique par une sortie maladroite que les dirigeants du club on est en droit de penser qu'ils doivent se positionner sur cet axe à l'avenir.
Une raison essentielle à ce besoin de présence est que ceux qui ne s'intéressent que de loin (ou que quand les choses vont mal) au CSP, ne voient pas (ou ne veulent pas voir ?) le travail de l'ombre et appellent forcément à la décapitation dès lors que les objectifs ne sont pas atteints (c'est à dire à partir de deux défaites de suite). Cette direction laisse par son silence la place à ceux qui en appellent à d'autres messies dans un désespoir qui relève de l'incantation... comme si balancer un nom d'ancien joueur glorieux était synonyme d'avenir fructueux et de gestion pérenne. A-t-on vu les ultras marseillais appeler à la présidence un Jean-Pierre Papin ou un Chris Waddle ? Non. Mais à Limoges, pour un peu que vous ayez tâté du ballon et soulevé du trophée vous voilà en 2021 intronisé gestionnaire de SASP homme providentiel pour gérer 8M d'euros par an et grâce à la jurisprudence Fred Forte apte à gérer la communication, le recrutement, le sponsoring, le stickage du parquet et la couleur des maillots. Si en plus vous êtes opticien (au hasard) et copain avec les bonnes personnes alors là !...
Martinez inutile ?
Quand on écoute les plus bruyants (comprenez ce qui parlent crient avant de réfléchir), l'actuel président ne sert à rien. Nous l'avons déjà écrit ici, mais en nous penchant sur le dossier en activant nos réseaux (faits de petits doigts et grandes oreilles) nous savons qu'Yves MARTINEZ, homme discret, a déjà été essentiel plusieurs fois. Le seul problème c'est qu'il ne l'a pas étalé dans la presse (qui en sait autant que nous mais qui choisit de donner de l'écho aux critiques...) ou à la buvette (fermée) de Beaublanc.
Remettons donc quelques pendules à l'heure :
- M. Martinez a tout d'abord récupéré "in extremis" un des plus gros sponsors du club qui allait claquer la porte remonté comme un coucou par l'ancienne direction (énième cadeau de départ des dalton) ce qui a permis de ne pas mettre la clé sous la porte dès la reprise en main du CSP.
- M. Martinez a aussi activé son réseau professionnel et mis à la disposition du club son énorme carnet d'adresse pour courtiser de nouveaux partenaires avec une ambition inconnue en Limousin depuis les années 90 et la période dorée du basket où les sponsors nationaux se bousculaient au portillon. L'annonce prochaine d'un partenaire majeur qui va électriser le budget du CSP ne devra rien au hasard mais beaucoup au travail discret de celui que certains vilipendent parce qu'il ne tacle pas Dédé Gadou ou ne désosse pas son propre coach sur France3 après 3 défaites de suite. Nous sommes aussi en mesure de vous dire qu'à très peu de choses près, juste avant la crise COVID et le premier confinement un autre partenaire "national de premier ordre" était sur le point de s'engager mais qu'au gré de fuites dans la presse (décidément) et de l'incertitude sanitaire qui s'installait l'opération avait malheureusement avorté malgré des mois de négociations... On a envie de vous dire "PAS MAL POUR UN RETRAITÉ". Mais la vindicte sera toujours plus forte et l'homme trop digne pour relever l'affront. Sans doute un de ses torts.
Palmer démission !
Un autre bouc-émissaire fréquemment attaqué entre autres dans nos colonnes de commentaires : le directeur sportif. Incapable de recruter pour certains, inutile pour d'autres. Lui aussi très (trop ?) discret peut pourtant se targuer d'un bilan assez incroyable au vu du budget dont il disposait :
- Philip Fucking SCRUBB
- DeMarcus NELSON
- Bruno CABOCLO
- Maciej LAMPE
Pour ne citer qu'eux, alors il doit aussi assumer certaines erreurs de casting comme Speedy SMITH ou autres mais ce n'est pas non plus lui qui gère les rotations et les temps de jeu. Il faut quand même être sacrément de mauvaise foi pour dire qu'il n'a pas mis à disposition du coach des joueurs d'un calibre improbable pour la masse salariale à sa disposition.
L'avenir de Mehdy Mary
Sur ce point, pour qui sait lire entre les lignes, il n'y a pas grand mystère : "Il était l'homme de la situation. Avant de vous dire s'il l'est toujours, nous devons faire le bilan de la saison écoulée." On en a connu qui ont pointé à Pôle Emploi pour moins que ça. Plus concrètement, au-delà de l'échec sportif et des objectifs non-atteints, c'est la manière qui blesse le plus. M. Marot a beau le soutenir publiquement via Twitter, il ne manque pas pour autant de souligner sa sortie par une porte dérobée de Beaublanc (évitant la vindicte des supporters) après une nouvelle conférence de presse lunaire où la remise en question n'a pas semblé occuper une place fondamentale. Un comble pour celui qui intellectualise (sans doute trop) son rôle de coach et qui aborde les crises avec un calme finalement plus déstabilisant que curatif. Nous l'avons souvent écrit ici : Mehdy Mary est un mec bien et un super formateur. Nous espérions (tout comme le club) qu'il serait un bon headcoach faisant le lien entre jeunes et pros et amenant une gestion nouvelle et un regard moderne sur ce poste clé qu'est le technicien. Après y avoir longtemps cru mais aussi espéré qu'il allait évoluer, s'adapter, changer de stratégie... nous l'avons vu s'emmurer dans des certitudes, dans des systèmes stériles qui bridaient ses joueurs. Caboclo et Lampe ont été les derniers révélateurs de signes qui nous inquiétaient mais que "l'espoir" nous faisait taire. Les plus candides appellent ça "retourner sa veste"... libre à eux... Nous avons voulu croire en un coaching moderne et à du long terme... mais dans le contexte limougeaud, ne pas tenter le big bang avec son destin en main à 5-6 matches du terme nous a semblé une hérésie. Mehdy MARY ne sera sans doute plus sur le banc limougeaud l'an prochain mais à bien y regarder il pourra surtout s'en prendre à lui même. Avec UNE SEULE VICTOIRE à Pau ou au Portel (pour n'évoquer que les plus prenables) il lui "suffisait" de donner les clés du camion à ses cadres et à arrêter d'imposer ses totems. Dupraz a fini champion de France comme ça. On souhaite le meilleur à Mehdy dans un contexte dépassionné mais là une chose est claire : il a merdé.
Beaublanc sonnait creux
Un point sur lequel Céline FORTE a raison : alors qu'on lui glisse une question peau de banane sur le désintérêt possible du public (pour ce dernier match qui n'aurait pas rassemblé 1000 supporters), elle répond sans transiger : la passion est là et si la déception, le boycott d'une partie du public, le pass sanitaire, le match de l'équipe de France de Foot et d'autres paramètres comme l'horaire (en semaine) n'ont pas facilité le remplissage, l'avenir sera peuplé à Beaublanc et ce match n'est en rien une tendance. Idem lorsqu'on l'entraîne à parler du hand : la proprio ne mâche pas ses mots. Elle s'en tape ! Elle n'aime pas ce sport (c'est son droit, elle est basketteuse elle aussi !) mais lui souhaite "sportivement" bonne chance à Limoges. Après tout, profiter d'une interview de la présidente du CSP pour faire un peu de promo pour le LH, ça ne se refuse pas et ça fera plaisir à la mairie hein ! Quand certains lynchent, d’autres lèchent, chacun sa spécialité !
Une SASP familiale ?
Autre sujet qui a fait remuer un peu le microcosme limougeaud (déclenchant un tsunami entre la place d'Aisne et la rue du Clocher) le recrutement d'un directeur commercial lié à la fille de Fred Forte. SCANDALE ! BRÛLEZ TOUT ! NÉPOTISME ! Que d'autres imposent leur nièce ou le fiston d'un copain ce n'est pas gênant mais que le club recrute un commercial diplômé avec de l'expérience (pour remplacer un ancien basketteur... la fameuse jurisprudence ballon/business) ça c'est scandaleux.
Concédons que c'est (au mieux) maladroit mais quand on sait que l'intéressée, Angiolina Forte pour ne pas la nommer, souhaite désormais s'investir dans le club que son père avait reconstruit (et dont elle a reçu des parts en héritage) au point de réorienter ses études et de se lancer dans cette aventure un peu folle dans le sillage de sa mère... il faudrait quand même que ceux qui s'inquiètent "des motivations" de la famille Forte / Gabriel ouvrent les yeux. Peu de clubs peuvent se targuer d'avoir des propriétaires si viscéralement attachés à leur équipe. Les raisons ne sont sans doute pas les mêmes que ceux qui ont pris le train pour Padoue ou que ceux qui ont sifflé Paspaj mais le lien est là et il n'est ni fait de tokens ni d'illusoires espoirs lucratifs. Fred a repris un monument du sport français, a noircit son palmarès et le défi est maintenant colossal ! Mais bon, pourquoi pas un opticien hein ?!
SASP et familiale sont donc antinomiques mais... 100 fois mais... mêler réalisme financier (et investissement personnel rappelons-le) avec passion et fierté familiale... famille d'origine italienne qui plus-est... Il faut être sacrément difficile pour se dire qu'on va trouver mieux sous la première pierre... à l'heure où Juilliot quitte le navire d'un Chalon relégué, Devos lâche le BCM, Gadou et Bayrou bradent Pau à des ricains avides d'expériences marketing et où le Portel lance une cagnotte Leetchi pour sauver le club, finalement, une "SASP familiale" ça ne sonne pas si mal que ça non ?!
Reconstruire
Avec un nouveau coach, un Boutsiele en partance vers l'ASVEL ou Monaco, des joueurs en fin de contrat, d'autres "à renégocier"... Le CSP va retrouver une vieille tradition : la feuille blanche. Si la continuité avec la saison passée a été un vrai flop, la reconstruction au moins on connaît !
Plusieurs joueurs sont probablement d'ores et déjà signés. Un coach est sans doute en négociations "avancées"... il faudrait être naïf pour croire qu'à cette période de l'année on s'attque juste au recrutement. Nico LANG risque d'être de nouveau la pierre angulaire de ce CSP 2022 et tant mieux ! Seule figure de proue au milieu de la tempête, il fut le seul à sonner la révolte, à faire preuve de régularité et d'un professionnalisme sans défaut. Il a gagné le respect de tous en affrontant la difficulté sportive, la maladie, la peur pour les siens, tout en demeurant un métronome pour son équipe. Nos profitons probablement du Nico "prime" et tant mieux ! Phil Scrubb sera aussi un dossier chaud. Sous contrat mais courtisé... l'arrière canadien serait précieux pour une seconde saison. Le chantier du pivot aura aussi une grande importance mais soulignons toutefois que le rouleau compresseur ASVEL n'aura finalement pas écrasé la saison malgré un budget et un effectif pléthorique, et que le désengagement financier partiel de l'OL risque fort de mettre un coup d'arrêt à la trajectoire ambitieuse de la SASP familiale Parker (tiens tiens...). Le CSP ne sera donc pas le seul à reconstruire.
Le futur proche ?
Le futur proche va tous nous râvir : un gros sponsor, de nouveaux noms, un organigramme simplifié... et pour un peu que le Covid veuille lâcher la planète, de l'espoir. L'espoir de faire enfin une bonne saison... l'espoir de se retrouver à Beaublanc, de repartager des bières et de siffler Pau tous en choeur... l'espoir de vibrer encore et toujours parce que si on est là ce n'est pas parce qu'on s'est découvert sur le tard une passion pour la balle orange mais bel et bien parce que ce virus là ne nous quittera jamais ! Allez, on va même vous dire que la FIBA ferait du pied en coulisse pour aligner malgré tout un ancien vainqueur d'EuroLeague pour continuer à "ennuyer" ECA et finalement on risque d'avoir de très bonnes surprises...
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Un épilogue Té-LE MANS navrant
Limoges 84 - 88 Le Mans : Analyse
# 51 - eko
04/07 - 11h13
Kunter trop cher ..le choix de la raison serait JM Dupraz ou pourquoi pas lancer un coach labellisé basket féminin ..un ancien limougeaud qui a fait le final four ..est libre ..bon il a joué à Pau après ..mais bon …