Pas d'adresse, pas d'exploit

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La Nouvelle République, quotidien pictave, nous livre dans son édition d'aujourd'hui son analyse du match, et les réactions des protagonistes. Merci à eux, et bonne lecture !

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Très maladroits (21/71 au tir dont 4/21 à trois points), les Poitevins n'ont pas pu l'emporter à Beaublanc où la ferveur populaire a encore poussé Limoges vers la victoire. Dommage, car samedi le CSP était à leur portée.

CSP Limoges : 74 Poitiers Basket : 60

Quelle ambiance ! L'immense ferveur populaire pour le premier club français à avoir remporté une ligue des champions (1993) est restée intacte malgré le poids des années. Ils étaient encore plus de 5.000 pour encourager le CSP dans le mythique Palais des sports de Beaublanc où les oriflammes des 21 titres nationaux et européens acquis par Limoges ornent fièrement les murs. Et face au Poitiers Basket 86, cette ambiance de folie a contribué à remettre en selle des Limougeauds en plein doute et en panne d'adresse durant la première mi-temps.

Jusqu'ici, les Poitevins, malgré l'absence de Krolo, avaient bien réussi à contenir les assauts des Limougeauds, réalisant une grosse défense et profitant d'un énorme manque d'adresse de leurs hôtes (10/38 au tir dont 2/13 à 3 points à la mi-temps pour le CSP). Le problème, c'est que le PB 86, lui aussi n'était pas performant dans ce secteur (9/33 au tir dont 2/12 à 3 points à la mi-temps). Et pourtant… Les occasions n'ont pas manqué pour prendre le large. Dans le deuxième quart temps, Limoges n'a inscrit son premier panier qu'au bout de six minutes de jeu grâce à son joker médical Byron Brunett (15-21). Les Poitevins avaient alors eu l'occasion d'assommer le CSP mais, bien maladroits, ils ne sont pas parvenus à concrétiser leurs nombreuses possessions de balle. Pourtant, à la mi-temps (25-24) tout semblait encore possible.

Et puis Beaublanc s'est réveillé… A la 23e, le PB 86 n'avait que deux petits points de retard sur Limoges (31-29). Mais Ragauskas allait alors se mettre en évidence et briller de mille feux pour raviver la flamme et embraser la salle. Le deuxième arrière lituanien du CSP concrétisait d'abord trois lancers francs. Puis, dans une position impossible, il réalisait un tir « Ave Maria » du milieu de terrain sur le buzzer et trouvait la planche pour faire mouche. Cette action assommait les Poitevins et déchaînait le public qui poussait les siens vers le succès.

Dès lors, Limoges retrouvait son adresse et faisait voler en éclat la défense poitevine. Gouez prenait tous les rebonds tandis que Dubos et Ragauskas réussissaient deux nouveaux tirs primés, et en deux minutes l'écart était fait (43-31 à la 25e). En un quart temps, Limoges avait marqué presqu'autant qu'en une mi-temps (48-39).

Submergé (54-39 à la 33e minute), le PB 86 tentait de sortir la tête de l'eau. Thiélin posait un temps mort et remettait ses troupes dans le sens de la marche. L'énergique Gomez se faufilait jusqu'au panier, Freeman retrouvait un brin d'adresse, Maynier montrait l'exemple et Guillard provoquait la cinquième faute de Burnett (60-50 à la 36e, 64-50 à la 37e).
Malgré l'écart conséquent, l'exploit semblait encore réalisable, d'autant plus qu'à l'image des hésitations de Thévenon qui perdait ainsi deux balles coup sur coup, le doute s'était installé dans les têtes du CSP.

Un pressing très haut du PB lui permettait de chiper de nombreux ballons et un très grand Sylvain Maynier faisait le reste. En cinquante secondes, le capitaine poitevin passait à lui seul un 8-0 aux Limougeauds, en concrétisant deux lancers francs et deux tirs primés (64-58 à la 38e). Tout était encore jouable, d'autant plus que Williams se voyait accorder deux lancers francs. Mais l'Américain les ratait, contrairement à Gouez, Thévenon et Wampfler (69-58 à la 39e). Le PB 86 venait de laisser passer sa chance. Storozynski et Ragauskas enfonçaient alors le clou (74-60).

Dommage, mais il faut bien le reconnaître, le CSP était plus fort sur ses terres. Beaublanc est décidément imprenable et le mythe y est toujours présent.

Nicolas ALBERT

FICHE TECHNIQUE

Les quarts temps : 13-13, 12-11 (pour Limoges), 23-15, 26-21.
L'évolution du score : 13-13, 25-24, 48-39, 74-60.
Arbitres : MM. Adam et Jouenne.
Spectateurs : 5.000 environ.

CSP LIMOGES
Fautes personnelles : 25, un joueur éliminé (Bucknor 37e). Tirs : 26 sur 70 dont 8 sur 22 à trois points (Ragauskas 4/9, Lazare 1/4, Dubos 1/3, Storozynski 0/1, Bucknor 1/3, Thévenon 1/2). Lancers francs : 14/19. Rebonds : 55 rebonds (Gouez 14, Dubos 10) dont 16 offensifs. Ballons perdus : 11 (Thévenon 5). Passes décisives : 11 (Thévenon 3). Fautes provoquées : 22 (Wampfler 6).
La marque : Wampfler 13, Lazare 10, Dubos 9, Bucknor 3, Gouez 9 puis Ragauskas 17, Burnett 4, Storozynski 4, Thévenon 5, Renaux.

POITIERS BASKET 86
Fautes personnelles : 22, un joueur éliminé (Freeman 40e). Tirs : 21 sur 71 dont 4 sur 21 à trois points (Freeman 0/2, Thinon 0/2, Maynier 3/10, Costentin 0/3, Guillard 0/1, Gomez 1/2, Williams 0/1). Lancers francs : 14/25. Rebonds : 39 rebonds (Costentin 11, Guillard 9) dont 12 offensifs. Ballons perdus : 4 (Rosnet 2). Passes décisives : 12 (Maynier 4). Fautes provoquées : 25 (Freeman 5).
La marque : Freeman 8, Maynier 20, Guillard 9, Gomez 12, Williams 3 puis Thinon, Rosnet, Costentin 3, Devehat 5.

LES RÉACTIONS D'APRÈS MATCH

Grégory Thiélin (entraîneur du Poitiers Basket 86) : « Limoges mérite sa victoire malgré notre révolte en fin de match. Gouez nous a tués en faisant la différence à lui tout seul, notamment en défense. Il aurait fallu de notre côté un Américain au top niveau pour rivaliser et malheureusement Jamaal (Williams) est passé au travers. Il n'y a pas grand-chose de positif à tirer d'une défaite, mais au moins nous avons lutté jusqu'au bout. Au sujet du troisième quart temps, on savait que Limoges n'allait pas rester avec un tel taux d'adresse et le shoot de Ragauskas avec la planche nous fait très mal. Le CSP a su mettre ses shoots tandis que nous n'avons réussi à remonter que grâce à des exploits individuels et non au collectif. Limoges nous a dominés sur cette rencontre où nous n'avons pas été constants en attaque. Il n'y avait pas assez de qualité ce soir de notre part pour espérer quelque chose. Il est vrai qu'il n'y a pas eu une grande adresse des deux côtés ; c'est le propre d'une équipe qui doute pour notre part tandis que le CSP avait la pression. Les meilleurs l'ont emporté. »

Sylvain Maynier (capitaine du Poitiers Basket 86) : « En deuxième mi-temps, il n'y a que l'adresse des Limougeauds qui a changé. Ils ont fait cette série commencée sur un panier à 12 mètres de Ragauskas. Comme à Evreux, on apprend sur ces matchs à ne pas lâcher et que cela se joue à peu de chose. Nous n'avons pas réussi à contrôler Gouez. Je n'ai pas l'habitude de parler de cela, mais on a vu ce soir qu'Ivan (Krolo) nous avait manqué énormément. En première mi-temps, nous avons été aussi maladroits qu'eux alors que j'ai l'impression que nous avions des shoots plus faciles. Je rate deux shoots ouverts que je n'ai pas le droit de manquer. En revanche, on a vraiment bien défendu. Le gros point positif, c'est que nous avons su élever notre niveau quand ils ont élevé le leur. Dommage que cela ne se soit pas produit à l'inverse. C'est vraiment dommage car Beaublanc était prenable ce soir. »

Pierre-Yves Guillard (intérieur du Poitiers Basket 86) : « La différence s'est faite sur peu de choses. On leur a fait peur à la fin mais nous avons raté le coche sur des petits détails. La chance n'est pas de notre côté mais cela va tourner à un moment, c'est certain. Si on est capable de faire peur à ce type d'équipe, c'est que nous avons des qualités. Ce tir du milieu de terrain de Ragauskas nous a coupé les jambes et a permis à Limoges de revenir et de se mettre en confiance. Malgré tout, on n'a pas baissé les bras mais c'est désolant que l'on n'ait pas concrétisé nos possessions de balle. Malgré tout, il y a des choses encourageantes. Il faut gagner nos prochains matchs contre nos concurrents directs. Je suis optimiste, on peut faire de belles choses. »

Cédric Gomez (meneur du Poitiers Basket 86) : « On a été présents tout au long du match mais l'écart s'est fait sur deux minutes. Gouez nous a fait du mal et nous n'avons pas réussi à le contourner. Franchement, depuis le début, toutes les équipes que nous avons rencontrées étaient prenables. Ce soir, il y a eu un match serré et on se valait l'un et l'autre, mais nous avons eu le coup de pouce du destin en moins. La différence s'est faite physiquement même si on a été là sur les impacts. »

Frédéric Forte : " Les Poitevins ont fait un très grand match "

Frédéric Forte (entraîneur et président du CSP Limoges) : « C'est le même scénario que d'habitude : on arrive à créer un écart mais on a une fin de match compliquée. On se fait des frayeurs en donnant la balle à nos adversaires alors que le score est fait. Nous avons fait la différence en deuxième mi-temps grâce à notre capacité à réaliser des séries mais en fin de match on est fébrile. On se met en difficulté tout seul avec cette peur qui fait que l'on cherche à dribbler au lieu de passer ou que l'on pense à ralentir au lieu de courir. En face, un gars comme Maynier est capable de shooter à trois points dans n'importe quelle position, ce qu'il a très bien fait. De notre côté, il est vrai qu'Olivier Gouez a franchi un cap la semaine dernière. Il a besoin d'un peu de temps pour monter en puissance, c'est plus un diesel qu'un dragster. Il a réalisé un match intéressant mais il a un peu manqué de consistance et de méchanceté. Lui et l'équipe vont passer un gros test à Vichy la semaine prochaine. Je suis cependant inquiet pour Pierrick Lazare qui est très incertain en raison d'une grosse béquille. Et on l'a vu ce soir, c'est lui qui a les clés de l'équipe. Je n'ai pas été étonné de l'attitude de Poitiers, qui est une formation qui n'a peur de rien. Elle a déjà gagné deux matchs à l'extérieur, ce que nous avons été incapables de faire. Quand on voit la fin de match, on aurait encore pu perdre. Les Poitevins ont dominé une partie du match comme et grands et comme des champions, ils ont fait un très grand match. »

Olivier Gouez (pivot du CSP Limoges) : « Nous n'avons pas été très bons en attaque mais nous avons surtout bien défendu en parvenant à maintenir notre adversaire à 60 points. C'est ce qui fait que nous avons gagné mais on s'est fait peur. Heureusement que le public était là pour nous pousser mais on sait que cela ne nous réussira pas toujours, il va falloir que nous parvenions à réaliser un match plein durant 40 minutes. »

Propos recueillis par Nicolas ALBERT

Encore un grand merci à Nicolas Albert et la Nouvelle République Illustration.

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