La ProA en pleine mutation ?
L'arrivée de Giannakis et Pavicevic a amorcé une lente mais concrète mue de notre ProA. Le contraste le plus flagrant est apparu au niveau de l'arbitrage non habitué à ce type de jeu mais la métamorphose de notre championnat semble s'accélérer avec la valse des techniciens. Des symboles comme Beugnot ou JL Monschau quittent leur navire, Monclar arrive dans l'organigramme du PL qui rêve de dollars quatariens... Vers quoi s'oriente donc l'élite du basket français pour 2014 alors que 2013 n'a pas encore livré son verdict ?
Jusque là, la ProA c'est quoi ?
Le profil du championnat français vu de l'extérieur c'est 1) un éclat de rire et 2) des joueurs grands et costauds qui courent vite et sautent partout. N'importe quel technicien formateur qui travaille avec des jeunes vous fera le même commentaire : une trop grande majorité des joueurs de ProA ont des fondamentaux dégueulasses ! (la plupart mais pas tous... un Antoine Diot ça se filme et ça se montre dans les écoles de basket !) On a depuis longtemps privilégié les résultats à l'application technique (hormis au CFBB où le travail est énorme) et les centres de formation pondent du joueur honnête mal dégrossi à la pelle. Quand on voit un Giannakis faire bosser des layups à des trentenaires blindés d'expérience on devrait se dire qu'on a raté quelque chose au niveau national, au lieu de ça on le traite de fou et on continue de se prendre des peignées monumentales quand on rencontre une équipe serbe ou grecque où chaque joueur récite son basket comme une bigote égraine son chapelet. La précision dans les fondamentaux et le respect des consignes semble donc devenir un des horizons possibles de la ProA à court terme, certes un peu moins spectaculaires que les concours de Alley-hoop mais au combien plus efficaces.
Ce style "Européen", où le dernier peut aller chatouiller le plus gros en ciblant des points faibles et en respectant à la lettre un plan de bataille pré-établi s'installe donc en ProA (à ne pas confondre avec un niveau très moyen ou personne n'a de véritable impact... ce qui est le cas actuellement) et devrait sans doute faire des émules. Si on ajoute à cela le possible retour de coaches comme JD Choulet qui est allé faire le plein d'expérience à l'étranger ou encore la forte influence des sélectionneurs nationaux (je parle de P Vincent pour l'EDF féminine et V. Collet pour l'EDF masculine et pas de Giannakis pour la Chine bien sûr ! Mais n'oublions pas les retours de Bergeaud -Pau- et Weisz fraîchement nommé à Chalon) rompus aux joutes internationales de haut niveau, le profil franco-français de la ProA pourrait rentrer dans le rang continental et qui-sait ? Faire comme les autres et exister au niveau européen ? En attendant, la disparition de l'Eurochallenge, que des clubs français ont été à deux doigts de gagner ces deux dernières années, ne va pas arranger les choses puisque seules deux compétitions demeurent : l'Eurocup et l'Euroleague... et là, on ne joue pas dans la même cour.
Des coaches plus "européens"
Luka Pavicevic et le Dragon ont chacun à leur façon métamorphosé leur équipe : le technicien roannais a obtenu des résultats quasi-inespérés avec un groupe "moyen" au regard des années fastes de la Chorale et le Giannakis a obtenu des résultats laborieux en mettant trop de temps à faire comprendre son message mais aussi à constituer son secteur intérieur. Malgré tout, la physionomie des rencontres montre qu'ils ont bousculé la hierarchie précaire de notre ProA mettant même les plus solides leaders à portée de canon d'équipes moins talentueuses et moins bien rodées.
Là où notre ProA peinait à fournir du suspense, ils ont amené une pointe d'incertitude avec des matches de trainards conquis dans le money time ou carrément des déroutes de grosse cylindrées qu'ils ont su faire déjouer, le premier coup de semonce ayant été le Match des Champions ou PERSONNE ne mettait une pièce sur ce CSP opposant Walker/Bavcic à JBAM et Desroses à Schilb !
Nous n'oublierons pas pour autant les (trop) nombreux échecs, matches de trainards perdus pour un ou deux cafouillages mais dans l'ensemble, force est de constater que la cuvée 2012-2013 de ProA n'aura pas eu son Roanne version Salyers ou son Nancy archi-dominant de certaines saisons... Cette année, tout le monde a eu sa chance et si Gravelines a su gérer dans la durée, le BCM s'est de nouveau écroulé au moment de la distribution des récompenses... avec sa médaille en chocolat Disney ne lui offrant même pas l'Europe.
Le passage à 18 clubs
La ProA jusque là c'est aussi un championnat très (trop?) dense où les moyens financiers sont solides (merci la DNCG) mais limités. La possibilité d'enrôler 5 JNFL offre donc aux clubs la possibilité de fortement s'américaniser mais dans des limites budgétaires qui font qu'on tape soit dans du second choix, soit dans du préretraité de luxe soit dans des paris sur des jeunes qu'on se fait piller l'année d'après par un gros budget (Blake Schilb étant l'exception qui confirme la règle).
L'an prochain, la LNB va ajouter via deux Wildcards deux équipes à son élite. Après Antibes ou Châlons-Reims qui se disputent la finale de ProB qui accompagnera Pau (qui a déjà obtenu son accessit sportivement) à l'étage supérieur ? Poitiers, Boulazac, Fos-Marseille, Bourg, St Quentin, Orchies-Lille et éventuellement Antibes en cas de défaite sont sur les rangs. Le discours de la LNB est d'élargir le championnat et de tendre vers une hiérarchie plus lisible en augmentant le nombre de matches mais aussi en répartissant plus les talents... Le tout en ajoutant 2 équipes aux reins solides financièrement ! Pas certain que l'on ne "moyennise" pas un peu plus le championnat en les sélectionnant ainsi.
L'impact d'un éventuel PSG-Basket
Les infos filtrent de plus en plus et les arrivées concomitantes de Monclar et Bietry au Paris-Levallois basket tendent à penser que QSI (le fonds d'investissements du Quatar) pourrait investir dans le basket après le foot et le hand (logiquement champions dès cette année grâce à l'opulence des moyens à leur disposition). Alors que pourrait-il se passer si les pétrodollars abondaient dans la capitale ? Une fois les problèmes de salle résolus (pas d'enceinte "décente" pour du très haut niveau avec un Bercy en travaux et loin d'être disponible pour une équipe résidente une fois le lifting terminé) on pourrait s'attendre à un recrutement haut de gamme à l'image du Barça ou du Pana (modulo RT Guinn ^^) et à une domination sportive de la tête et des épaules comme le duo Limoges/Pau dans les années 90. Encore une fois l'avenir européen serait LA véritable ambition et tout le basket français souhaite un effet "locomotive".
En admettant que tout cela fonctionne, une meilleure exposition télé pourrait découler et intéresser un peu plus de monde à la grosse balle orange... et donc des investisseurs... peut-être...
En attendant, le champion de France sera une équipe qui aura concédé entre 12 (SIG) et 15 (JSF) défaites cette saison (rappelons que le CSP en a subi 17) et ressemblera fort à un "champion des nuls" qui aura le plus grand mal à exister en Euroleague avec un budget proche du quart des formations qui joueront le TOP16. A titre de comparaison le Real termine avec un bilan de 30-4 et le Caja Laboral seul dauphin à 25-9, en Grèce, L'Olympiakos avec 25-1 et le Pana avec 22-4 et enfin le Partizan avec 11-2 en Serbie et 4e d'Adriatic League avec 16-10. On le voit, les championnats européens "dominants" sont plus hiérarchisés et c'est probablement ce qui fait défaut à la France. L'émergence d'une grosse cylindrée type PSG Basket pourrait donc permettre à la ProA d'avoir un représentant digne de ce nom hors de ses frontières et véritable épouvantail à l'échelon domestique.
Quid du Limoges CSP sur cet échiquier redistribué ?
Limoges a toujours été une place forte du basket du fait de l'isolement de la capitale limousine et de la "modestie" du niveau des autres sports majeurs dans le coin. Tant que le foot et le rugby demeureront médiocres, les financements resteront tournés vers le CSP. Même si la mairie a préféré investir dans un pharaonique stade à Beaublanc, les "gros sous" devraient continuer à servir les basketteurs mais si le CSP arrivait à lever un petit budget de Ligue2 de foot, il serait à la hauteur du PSG Basket...
Mais passer de 4 millions d'euros au double sera bien difficile tant que tout le monde jouera dans la même cour... les investisseurs (hors Quatariens) attendront probablement que le train soit passé pour courir après plutôt que de monter dedans ou mieux... le précéder ! Le staff du CSP tente de recréer les conditions de la prospérité du CSP des années 80 dont les bases étaient un professionnalisme plus poussé qu'ailleurs, un coach de renom et une salle au top de ce qui se faisait... Aujourd'hui on a un coach (à temps partiel), un club structuré mais pas à la pointe du professionnalisme et une salle... vétuste. Non les conditions ne sont pas là pour dominer sur le long terme. Jouer un coup sur une année ? Peut-être mais pour transformer un tel essai il faudra des investissements structurels (salle, staff, formation) bien plus conséquents qu'à l'heure actuelle et dans le fonctionnement du basket d'aujourd'hui, très largement subventionné, ce n'est tout simplement pas envisageable. Le CSP risque donc au mieux de s'installer dans le ventre mou de la ProA et de tenter un strapontin européen dans l'ombre d'un PSG Basket... ou au pire de lutter pour son maintien voire de faire le yoyo.
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# 125 - Christian
01/06 - 19h45
C est quoi cette histoire de médiation avec la PNB ?