Abnégation cruelle

Après une première période poussive où Ware a tenu à bout de bras un CSP dépassé dans tous les domaines par un Monaco sérieux et appliqué, Limoges a resserré la défense et termine sous les 20pts (après avoir tutoyé les -30) avec seulement 7 pros dont un Théo Magrit précieux pour sa première sortie à Beaublanc. Le sort s’acharne : Stergar se fait la cheville seul en fin de rencontre… Analyse.
Une déroute écrite à l'avance
On vous l'avait laissé entendre dans la preview, une équipe de haut de tableau d'EuroLeague ce n'est déjà pas simple à jouer mais le faire à 7 pros dont un unique meneur de métier arrivé 2 jours auparavant relève plus de la figuration que d'une véritable tentative de jouer le coup.
Une première mi-temps cauchemardesque
Mike James au repos, c'est Yoan MAKOUNDOU qui fait son retour ce soir à Beaublanc après une longue période de convalescence. Et quel retour ! Le bondissant intérieur montre dès le départ qu'il s'est acheté un tir à 3pts et par la suite il vient secouer les cercles de Beaublanc histoire de rappeler qu'il est un des joueurs les plus aériens et les plus spectaculaires de Betclic Elite. Prenez un 0-10 initial, combiné à une maladresse limougeaude qui confine à la fébrilité et vous obtenez un QT1 cataclysmique 11-31 où Tarpey assomme le CSP d'un 3pts au buzzer.
🚀 | L'@ASMonaco_Basket est en démonstration ! 20 points d'avance à la fin du premier quart !
— DAZN France (@DAZN_FR) 2 novembre 2025
Suivez toute la @Betclic_ELITE sur DAZN à partir de 9,99€ par mois : https://t.co/m8Y10ExOV1 pic.twitter.com/dcpA8p36QK
Le second quart-temps confirme le naufrage limougeaud. Si les Ultras maintiennent la pression, c'est bel et bien Monaco qui les imite sur le terrain. Loins du péché de suffisance que nous espérions sans y croire, les monégasques maîtrisent leur sujet. Okobo, virtuose sautille derrière l'arc multipliant les dribbles entre les jambes et les changements de rythme qui donnent le tournis aux valeureux défenseurs qui se relaient du nouveau venu Magrit au malheureux Stergar qui peine à suivre le meneur international. Strazel n'est pas en reste et charge le score bien secondé par un Mirotic dont l'envergure à 3pts donne une impression de sérénité et de haut niveau.
En face, les limougeauds peinent à trouver la mire, heureusement que Ware, bien servi par Magrit, parvient à user de son physique pour alimenter la marque sous le cercle, car les pourvoyeurs habituels de points sont bien discrets. Lang est marqué à la culotte (coach Spanoulis a bien fait ses devoirs), Franklin moins (bien ?) servi qu'à l'accoutumée n'a pas sa grinta habituelle et Invernizzi peine à reproduire ses exploits de la première journée. La sirène renvoie tout ce petit monde aux vestiaires sur la marque inquiétante de 28 à 56. Un écart de 28pts qui semble poser les bases d'un 100+ à environ 60... soit un vilain -40... frayeur sur Beaublanc, les conversations à la buvette sont pessimistes.
Un sursaut de fierté salué par le public
A la reprise on sent que les limougeauds sont revenus avec des intentions défensives plus élevées. Si les cerclistes ne peuvent pas s'appuyer sur une réussite insolente, ils peuvent en revanche durcir la défense et compliquer la tâche des visiteurs forcés de revoir leurs prétentions à la baisse. Invernizzi sort alors de sa torpeur (1 LF au QT1) et inscrit 11pts dans la seule 3ème période. En parallèle Lang trouve des tirs en transition pendant que Ware bien soutenu par Jovanovic font un chantier sous le cercle malgré la présence de Makoundou et Hayes qui tentent pourtant des gestes spectaculaires mis sur orbite par Strazel... heureusement que leur réussite n'est pas totale !
Forts de cette réaction défensive qui a donné un 9-0 en attaque, les limougeauds remportent cette période 23 à 17 pour porter la marque à 51-73, loin de la correction envisagée à la pause. Dans les travées, cette réaction d'orgueil plaît et de voir le jeune Magrit galoper dans tous les sens et les alsaciens retrouver de l'adresse au meilleur moment, rassure un public qui sait la victoire hors de portée mais qui se rassure de l'état d'esprit affiché. Face à des adversaires moindres cela sera précieux.
💥 | 9-0 série en cours pour le @limogescsp ! Gavin Ware montre les muscles !
— DAZN France (@DAZN_FR) 2 novembre 2025
Suivez toute la @Betclic_ELITE sur DAZN à partir de 9,99€ par mois : https://t.co/m8Y10ExOV1 pic.twitter.com/m8zND2gVzP
Le QT4 aura eu pour principal enjeu de rester sous la barre des 20 points, ce qui au vu de la physionomie du début de la rencontre est un moindre mal. En revanche un dernier malheur s'est abattu sur le CSP en fin de rencontre. Alors que Dario Gjergja avait déjà fait tourner son banc, donnant des minutes aux trois espoirs déjà investis ces dernières semaines, c'est notre slovène Leon Stergar qui, seul dans l'aile droite en attaque s'est effondré se tenant visiblement la cheville. Les ralentis le montrent se prenant seul le pied sur le parquet. Sa cheville semble avoir "simplement" tourné, à confirmer... Le score s'achève sur un 77-94 relativement bien payé (avec un QT4 remporte 26-21) mais la mise au repos potentielle de Stergar est ce soir un tribut bien plus lourd qu'une bonne grosse valise des familles.
Analyse
Ce CSP montre des choses intéressantes en termes de caractère et d'abnégation. Les capacités techniques sont clairement au dessus de ce que l'on a du supporter ces deux dernières saisons, sans parler du coaching qui semble enfin apporter des solutions quand les joueurs s'égarent. Un match comme Monaco à ce moment de la saison et en l'état actuel de l'effectif n'apporte guère d'enseignements au delà ce fameux état d'esprit. L'équipe est en mode survie et une fois cette période noire passée il faudra aussi se poser les bonnes questions pour comprendre comment une telle série de blessures a été possible dans une environnement professionnel où les joueurs sont suivis au quotidien.
On parlera de calendrier (matches avancés), de préparation physique (tronquée, avec des blessés déjà), d'hygiène de vie (chacun se prend il correctement en charge ?)... Complexe et subjectif mais ne pas se poser de questions et blâmer la faute à pas d'chance serait tout simplement naïf voire idiot.
Pour l'heure il convient de rester le nez collé au parquet et de se contenter de gérer la crise, sachant que les deux prochaines rencontres auront à peu près le même profil : des équipes d'EuroLeague contre un effectif décimé. Alors qu'a-t-on vu ce soir ?
On a aimé
Gavin WARE : Merci Laurent LEGNAME ! On ne sait pas ce qui a pourri la situation entre ces deux là les deux dernières années mais il y avait longtemps que le CSP n'avait pas pu s'appuyer sur un intérieur dominant et régulier, et il le doit clairement au clash qui a eu lieu entre la tête de cochon de coach et le pivot américain. En attendant, Ware confirme qu'il est un pivot crédible à l'échelle européenne et qu'il assure points et rebonds peu importe les circonstances.
Théo MAGRIT : Il y en a plus d'un qui se seraient emmêlé les pinceaux à la place du jeune meneur dont c'est la première apparition dans un club de renom au coeur d'une situation surréaliste. Loin de se crisper, Magrit a envoyé la gouache et a fait forte impression, loin de passer pour une pipe, il termine la rencontre avec une ligne de stats héroïque et un double-double : 14pts 10pds avec 37min passées sur le parquet !
Nikola JOVANOVIC : Alors oui il a parfois les mains carrées, mais dans l'ensemble, il donne des solutions offensives et se bat dessous. Il provoque des fautes et met ses lancers. On a connu bien pire au poste 5.
Leon STERGAR : Quelle activité ! Il est partout : il monte la balle, il anime le jeu offensif, il va au charbon en défense en multipliant les no-picks et il arrive même à scorer dans des positions compliquées à des moments délicats. Un joueur précieux et on risque de mesurer son impact réel à son absence potentielle... un peu comme un Frank Mason très critiqué par certains mais qui fait actuellement cruellement défaut.
Dario GJERGJA : Certes notre coach n'apporte pas de solutions "miracle" surtout avec l'effectif à sa disposition, en revanche il continue depuis le début de la saison de responsabiliser des joueurs de 16-17 ans à des moments importants, faisant d'eux de vrais éléments de la rotation et pas seulement des "gamins" qui jouent les 30 dernières secondes où tout le monde est en tongs. Il propose aussi des schémas défensifs variés qui permettent de perturber les attaques adverses (même si Monaco n'est pas le meilleur exemple) et il semble parvenir à gérer les égos et donc les tickets shoot dans un effectif où beaucoup (au complet) pourraient tirer la couverture. Ce soir encore, il gère la crise et utilise rotations et temps-morts à bon escient. Cela peut sembler anecdotique, mais il serait candide d'oublier les loooongues heures passées à souffrir à Beaublanc ou devant nos écrans à hurler au temps-mort ou à la sortie d'un joueur en plein naufrage... Un entraîneur qui n'a pas peur de ses joueurs, ça change.
ON N'A PAS AIMé
Nico LANG : Certes bien pris, mais quand on a son talent, on shoote sur ces gens ! Ou alors, on compense et on produit plus dans d'autres compartiments. Ce soir, comme face au Portel, le capitaine n'a pas vraiment pesé sur la rencontre. On le sait piètre défenseur mais on l'accepte de par son écot offensif. Quand celui-ci n'est plus là... son apport devient anecdotique. Dur mais concret.
Hugo INVERNIZZI : Un quart temps d'efficacité et puis... pratiquement plus rien. Quelques rebonds. Une défense toujours aussi improbable. Leader vocal aux temps-mort, il peine à imprégner le même impact sur le parquet.
Aarman FRANKLIN : Un des joueurs les plus punchy depuis le début de la saison, il fut totalement transparent ce soir. Jamais en rythme, des fautes intelligentes mais grossières... Il n'est pas sorti de sa carapace ce soir alors que sa vivacité balle en main et son sens du panier auraient été forts utiles. Encore prudent après sa blessure ou juste lucide (voire cynique) pour trop se donner dans un match où rien n'était à attendre ?
La suite ?
Deux volées de plus... et potentiellement 3 avec le décalage de calendrier qui nous offrira Cholet en 4ème adversaire. On ne sait pas qui on va aligner à Paris, par contre, soulagés de la pression du public, les limougeauds risquent de lâcher ce match dans les grandes largeurs... Alors si vous avez trouvé ce CSP-Monaco difficile à regarder, prévoyez de bien vous mouiller la nuque pour la sortie à l'Adidas Arena. Déjà qu'au complet, il ne paraissait pas illogique de s'incliner face aux équipes d'EuroLeague, si l'infirmerie demeure aussi fréquentée, il y a peu de chances d'espérer mieux avant décembre.
Article précédent
Panaché d'espoirs vs Monaco
Limoges 77 - 94 Monaco : Avant-match

# 28 - RoBlackman
05/11 - 11h27
@Yans87 contrairement à Beaublanc , pour Cholet l'agglo porte le projet. Et ils ne parlent pas du coût d'utilisation annuel , par exemple à Saint Chamond, ça coute un bras tous les ans.