Victoire d'un coach, victoire d'un groupe

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Deuxième déplacement, et première victoire à l'extérieur pour Limoges (79-82), après un match qui a longtemps semblé promis aux locaux !
Beaublanc.com vous propose de découvrir ci-dessous l'analyse de ce match par Eric, un supporter expatrié en région Parisienne et qui a pu assister pour nous à ce match. Merci à lui pour cette excellente analyse !

" Le CSP s'est imposé à Nanterre au terme d'un match plein, réalisant en quelque sorte une sorte de hold up et rendant ainsi la monnaie de sa pièce à son hôte d'un soir puisque l'an passé c'était lui qui avait été victime du hold up même si on n'est pas sûr que laisser la porte grande ouverte soit le meilleur moyen pour éviter les vols sans main armée…

Visiblement la Coupe du petit Commonwealth - où le pays intrus fait toujours de la résistance, celui-ci ayant beaucoup à se faire pardonner en cette matière (nous en fûmes informés par les cris stridents féminins s'élevant dans les rues de l'Ouest parisien à notre retour de Nanterre, jamais on aurait cru que se nichait dans cette partie cosy de la capitale autant de Ladies Chatterley en manque d'Homme des bois, ça donne à réfléchir…) - n'avait pas découragé les initiés du palais des sports du Déserteur de faire le déplacement puisque celui-ci était fort copieusement garni au coup d'envoi.

Le match débuta avec des 5 classiques, enfin autant classique que se peut quand on a 3 membres du 5 absents côté limougeaud : Niakate, Larrouquis, Hayes, Salmon et Roberts ayant été choisis pour être opposés à leurs homologues banlieusards composés par Kerckhof, Soliver, Holmes, Moerman et Bradford.

Les premiers échanges furent très pénibles à suivre quand on est supporter limougeaud… Car ce fut une véritable bouillie de basket que présentèrent les joueurs… Certes cela ne se traduisit pas tout à fait au score, celui-ci faisant illusion dans les 3 premières minutes (8-8 ) mais le mal insidieux était bien là : une attaque cafouillante sans la moindre inspiration à l'image de la recherche systématique comme seule solution offensive du vaillant Deron Hayes, et où les paniers de raccro du tonique Roberts aux rebonds offensifs faisaient office de cache misère. Une défense qui très vite fut un hommage émouvant et un tantinet longuet à l'architecture Haussmanienne de la capitale voisine : de grandes artères bien larges permettant au jeu banlieusard, basé sur la recherche systématique de première intention et de création d'intervalles, de conclure par des paniers faciles près du cercle…

7 minutes de jeu, 20-8, Salmon à 2 fautes, rentrée de Storozynski, on se dit à ce moment là que la soirée allait être bien longue…

Ce fut à ce moment là qu'intervint la première surprise du match… Sitôt Storozynski rentré, le jeu se stabilisa. Et la création apparut par un drive inspiré que Pawel conclut près du cercle sans connaître guère d'opposition. Le CSP arriva à mieux canaliser le jeu en première intention de Nanterre et revint, moindre mal, à – 5 à la fin du premier quart (20-15).

Le second quart temps fut très intéressant… On peut même dire que c'est dans ce quart que Limoges a gagné le match… Pour deux raisons essentielles : d'abord en trouvant dans un joker offensif inattendu un puissant stabilisateur offensif. Il ne faut pas se borner à lire la ligne de stats de Storozynski pour avoir une idée de combien il pesa sur ce match. Ce n'est pas à ce niveau que cela se joue. Là où Storozynski a été déterminant c'est dans les solutions qu'il n'a cessé d'apporter à ses partenaires tout au long de ce quart et dans sa fiabilité. On n'a pas souvenir d'avoir vu un Storozynski aussi sobre dans un match depuis son arrivée au CSP il y a 3 saisons. Très peu d'actions forcées, toujours en mouvement, toujours force de solutions, sa présence fut un véritable bonus pour un CSP ainsi stabilisé offensivement. Stabilisé d'autant plus qu'il se montra presque parfaits sur la ligne de réparation où il fut conduit à de nombreuses reprises (7/8 au final).

Mais dans ce second quart apparut également un autre élément important du dispositif limougeaud : la zone 2-3.. Apparue pour empêcher l'équipe banlieusarde de se créer des intervalles dont elle est friande, son application fut… une véritable bérézina ! Sur les deux actions de Nanterre qui suivirent l'apparition de la zone, le CSP encaissa 2 paniers à 3 pts… De quoi calmer les ardeurs d'y revenir ? Et bien non justement ! Le CSP a un coach couillu qui a de la suite dans les idées…

Outre ces deux éléments, les deux équipes jouèrent dans ce quart au coude à coude. Donnadieu décida d'ouvrir son banc dans ce quart, gêné qu'il était par les fautes de Moerman et Bradford ce qui permit à Roberts de se mettre en valeur profitant de son physique face à ses opposants plus faibles. Sur un ultime panier de Soliver, Nanterre rejoint les vestiaires nantis de 2 pts d'avance (43-41, MT).

Le troisième quart fut quelque peu à l'image du premier. Une nouvelle fois Limoges fut victime de coupables largesses en défense, permettant une nouvelle fois aux banlieusards soit de conclure en contre attaque ou en première intention (Cissé s'y régala) soit de concéder fort rapidement (sur quelques décalages) des shoots ouverts qui firent souvent mouche. Si le CSP tenait à ce moment là, il le devait davantage à son organisation offensive où cette fois ce fut un étonnant Gouez qui fit étalage non de son talent mais d'une participation n'ayant absolument plus rien à voir avec celle de l'an passé de ce côté du terrain. Certes il échoua fréquemment dans ses tentatives, mais la façon dont il fut impliqué dans le jeu d'attaque nous a très agréablement surpris. Le CSP sut également décaler ses shooteurs extérieurs comme Larrouquis ou encore Hayes ; mais à l'image d'un Larrouquis complètement frustré par la défense gruyère mise en place et envoyant voler le ballon lors d'un temps mort, on se disait que ça n'était pas comme ça que le CSP gagnerait ce match et on espérait alors une défaite honorable... (66-58, QT3).

Mais bon sang bouillant d'Orthézien ne saurait mentir (le lecteur verra avec quelle précaution de lexique on n'a pas employé le terme Palois…). De même que Fred Forte restera à jamais un homme de paris et que ce sont grâce à ses paris, mais pas seulement, que le CSP emporta une victoire inespérée. Premier pari, celui de revenir dans ce dernier quart à une zone 2-3 dont a vu plus haut combien on l'avait appréciée (…). Mais Forte demeurait sans doute persuadé que ce type de défense finirait par dégoûter Nanterre. Pari gagnant : Nanterre ne marqua dans ce quart que 13 points. Mais le pari gagnant ne se limite pas à un choix tactique, il réside aussi dans le choix que Forte sut mettre sur le parquet dans ces ultimes instants. Les paris pris et gagnants sont nombreux : du plus anodin, comme celui de confier les rênes de l'équipe à Toti, à celui plus risqué de mettre Gouez au centre de la zone plutôt que Roberts se montrant assez brouillon devant l'expérimenté Bradford. Ces choix permirent au CSP de stabiliser le score, et de montrer son nez revenant ainsi à –5 avec quelques 4 minutes à courir. Mais on pensait le match plié quand Soliver, encore lui, une nouvelle fois bien décalé après un rebond offensif que la zone limougeaude concéda à de nombreuses reprises inscrivit avec moins de 3 minutes à jouer un panier à 3 pts mettant le CSP à –10 (67-77).

Alors Forte fit un choix qu'on appelle un choix de fou… Remettre en jeu à la place de Storozynski dont l'impact allait en s'étiolant un Salmon complètement à la rue ce soir et vertement rabroué (à fort juste raison) à son retour sur le banc en début de troisième quart lors qu'il commit sa stupidissime quatrième faute…

Que se passa-t-il ? Limoges joua ces trois dernières minutes comme dans un rêve. Nanterre s'empala un peu plus sur la zone du CSP. S'y empala littéralement c'est à dire que l'équipe perdit des balles dans son attaque initiale permettant à Toti de récupérer le ballon en tête de raquette et faire admirer sa descente de terrain et sa maîtrise du ballon en l'air véritablement sidérante (il n'y a guère que le vénérable Ade Mensah dont on a le souvenir de nous avoir montrer de pareilles cânes !). Mais également à Salmon de mettre en valeur son shoot à 3 pts devant une équipe banlieusarde visiblement paniquée et sans aucune solution.

Mis en confiance par une première réussite, il prit son second shoot après un rebond offensif de Gouez en première intention en tête de raquette alors qu'il restait moins de 30 secondes à jouer et donnait son premier avantage du match au CSP (79-80).

Avec la dernière possession à jouer Nanterre ne trouva une fois de plus aucune solution et l'infortuné Kerckchof fut scotché par Gouez ce qui permit à Toti de commettre une énorme bourde : aller marquer un panier seul en contre attaque alors que le CSP avait le match gagné… En marquant ce panier Toti redonnait à Nanterre une dernière possession en milieu de terrain (après le temps mort) et 2''7 pour arracher la prolongation… Mais cette équipe était trop solidaire et sereine pour encaisser ce dernier shoot… ou plutôt Nanterre était KO debout ! "

Eric

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