Réforme de la LNB... la blague !

Illustration

L'arlésienne revient une nouvelle fois sur la table avec l'article de L'Equipe de vendredi dernier : la LNB souhaite refondre ses championnats. Bien évidemment les pires solutions sont envisagées et on en rigole mais le problème c'est qu'ils vont ENCORE choisir un truc débile qui va maintenir le basket français dans son retard de 20 ans. Dossier.

Les racines du mal

Feu René LeGoff avait commandé au début des années 2000 un LIVRE BLANC dans lequel un groupe de travail indépendant avait listé les écueils au développement du basket français (dans les grandes lignes : trop discret, trop amateur, pas assez compétitif) et proposé une série de mesures pour le ramener au premier plan européen et en faire un sport rentable pour ses clubs et ainsi construire une véritable économie autour de ce sport qui pourrait ainsi se développer (élite restreinte voire fermée, taille minimale de salles, quotas de joueurs étrangers, formation etc...).

Le ministre Jean François LAMOUR avait alors dégainé son sabre et coupé court à toute tentative de progrès en interdisant formellement la plupart des mesures pour laisser toute sa place au mérite sportif. Les dirigeants de la ligue lui avaient emboîté le pas en augmentant le nombre d'équipes arbitrairement et en élargissant au fil des années le nombre de joueurs non formés localement (contournant habilement la législation européenne qui en théorie autorise un club à recruter autant de travailleurs étrangers qu'il le souhaite).

Ajoutons un petit bijou valable jusqu'à il y a peu : la LNB ne négociait pas elle-même ses droits TV mais la FFBB le faisait pour elle. L'une était censée développer son exposition pour valoriser son championnat mais l'autre voulait un max de cash pour payer les assurances astronomiques des TP et autres NBAers pour leur petit rdv estival en équipe de France. Bien entendu, le basket est allé vers l'argent et la confidentialité sur des bouquets satellites chers et méconnus. Aujourd'hui la LNB négocie elle-même et a récolté cette année ZERO euros. Soyons honnête : la présence sur La Chaîne L'Equipe et Sport en France des chaines gratuites accessibles facilement est un progrès, mais il a fallu toucher le fond pour enfin se tourner dans la bonne direction !

Les racines... des racines du mal

Oula, ça devient compliqué là ?! Oui mais il faut bien expliquer un peu les choses aussi.
Le ministre Lamour se cognait du livre blanc de la LNB. Ce fut un jeu de groupes d'influence (les fameux lobbies) qui ont fait valoir leur point de vue (souvent motivé économiquement... pour leur pomme pas pour le basket français) à un ministre ex-champion olympique issu de l'escrime une fédération où le professionnalisme n'existe pas. L'interlocuteur était parfait et les bonnes ficelles ont été tirées provoquant la situation actuelle du basket pro français : confidentialité et manque de ressources, doublé par le rugby et pratiquement par le hand... Alors à la LNB on vous fera la liste des réussites parce qu'il y en a quelques unes mais on oubliera sans doute ce bilan global très peu flatteur quand on voit la croissance exponentielles d'autres ligues sportives en parallèle. 20 ans de gestion de merde. C'est sévère mais c'est vrai.
Pourquoi ? Qui ? Et bien dans un modèle assez impressionnant le basket français (fédéral et professionnel) est curieusement géré par des amateurs. L'écrasante majorité des acteurs est issue du monde associatif voire de certains clubs pros. La fédé, un temps tenue par les anciens arbitres, est aujourd'hui aux mains d'un ex-président de club et la ligue aussi notre essssseptionnel Tonton Alain KFC Béral (ex président de Pau-Orthez, et PDG de KFC France... quand on vous dit que le basket n'est qu'un hobby pour lui !). Et ça fait 20 ans que les différentes instances décisionnaires ne sont composées que de présidents de clubs et personnes qui ont des intérêts directs dans les décisions qui impactent leurs clubs. Ainsi on se retrouve à modifier des formules sous "l'influence" d'acteurs dont l'équipe est relégable et à faire des choix d'orientations à long terme pour résoudre des problèmes de court-terme de certains présidents dont les petits copains votent sans réfléchir pour arranger le voisin ou emmerder celui d'en face. Notons aussi l'absence criante d'anciens joueurs au sein des instances dirigeantes. Fred Forte en son temps avait été membre du Comité Directeur de la FFBB mais sa voix y était si dissonante qu'il a été poussé vers la sortie. Tony Parker, par la force des choses, va avoir un rôle croissant mais par le biais de son statut de président de l'ASVEL... donc encore une fois biaisé.

Vous vous dites qu'on caricature et qu'on n'y connaît rien ? Vous n'avez même pas idée du niveau de cour d'école maternelle qui préside à certaines décisions pourtant ultra-impactantes pour l'avenir de notre sport préféré. Je dis bien NOTRE parce que les véritables otages de ce merdier, en plus des joueurs et des coaches, ce sont les fidèles spectateurs, éternelles vaches-à-lait de ce système et qu'on abreuve de merde depuis des décennies faute de courage structurel.

Des exemples ?

Pour faire rapide et non-exhaustif (parce que sinon on va y passer la nuit voire plus), remémorez-vous quelques magnifiques idées développées par la ligue pour moderniser notre sport et élargir la fan-base comme on dit aujourd'hui :

- La finale en 1 match à Bercy

Objectif : copier les américains avec un show identifiable et proposer des images spectaculaires.
Résultat : 10 champions en 10 ans, prime au non-développement du club mais au tout sur l'équipe, le tout avec de magnifiques images diffusées sur des chaînes différentes (et payantes) au fil des ans... aucune hiérarchie, aucune lisibilité du championnat et perte de revenus pour les clubs qui profitaient de super-billetteries sur des finales en 5 manches à domicile.

Passer la ProA à 18

Objectif : plus de matches, plus de billetterie, plus de compétitivité avec 2 wildcards pour les 2 ajouts (Châlons-Reims et Rouen) qui sont devenues des monstres de l'élite... n'estce pas ?
Résultat : Dilution des talents JFL et explosion de la valeur des contrats pour les joueurs français. Les clubs n'ayant pas de ressources supplémentaires c'est sur les étrangers qu'ils ont fait des économies... faisant ainsi baisser la valeur sportive du championnat. Le nombre de matches a aussi sérieusement compliqué le calendrier des clubs européens (nombreux puisque les diverses compétitions EuroLeague/FIBA se marchent sur les pieds et invitent à tour de bras) ce qui a conduit à une mécanique de baisse de performances en championnat pour les clubs européens qui s'épuisaient. Une seconde raison des changements de hiérarchie et d'instabilité du championnat. Le retour à 16 est appelé par de nombreuses voix et fait d'ailleurs partie des éventualités envisagées en 2022. Surveillons aussi la progression du Paris Basket, la LNB voulant A TOUT PRIX un club dans la capitale pour la notoriété... passé par magie de N2 à ProB par un tour de passe-passe inédit (transfert de droits sportifs depuis Hyères-Toulon... hum-hum...) On regarde avec inquiétude la proposition de fusion ProA-ProB qui propulserait une nouvelle fois Paris à l'étage supérieur sans jamais rien gagner ! Mais personne ne veut croire qu'on oserait mettre un merdier pareil juste pour ça... non... hein... ah ?! Noooon... Bon, on va surveiller quand même...

Le show, le rap, le multimédia

Objectif : Rajeunir la fan-base, toucher un public pourtant déjà fan de basket (NBA), entrer dans le XXIe siècle !
Résultat : Les spectateurs (traditionnels) d'un Cholet-ASVEL à Bercy se voient matraqués de rap "Sexion d'Assaut" et autres spectacles wesh-wesh alors que l'âge moyen du spectateur était de 30-40++. La ligue a une signature musicale composée par Wati-B qui a fait accourir les jeunes dans les salles pour applaudir des Bourg-en-Bresse/Boulazac et qui les attire sur leurs bigophones-transportables avec des applis et des supports top-niveau ! NON J'DECONNE !!!
Il y a erreur totale de cible, le public présent reçoit un message à la limite de l'exclusion genre "c'est pas pour vous" et le public ciblé se tape des conneries de Tonton KFC et des commerciaux-marketing à la con fraîchement sortis de leurs écoles et qui ne comprennent pas pourquoi leur roadmap ne fonctionne pas... C'est dingue quand même que les vidéos montées une semaine après l'évènement et diffusée sur YouTube le player LNB/TF1 exclusif au site de la LNB ne sorte pas de la confidentialité... Heureusement ils ont recruté des influenceurs. Vous ne les connaissez pas (ou presque) et leur influence a été plus que limitée... Baptiste Lecaplain, sans doute le plus grand public est bien plus branché Bordeaux-Girondins et Léa François n'a pas permis d'établir un club de ProA à Marseille malgré son influence sur le public de Plus Belle la Vie.
Alors on progresse un petit peu : on recrute tout doucement Hoopsidia, Lukas Nicot commente enfin les TOP10 alors que CourtCuts cartonne depuis des années... on y va lentement quand même !

Un petit dernier pour la route ? Le naming

Objectif : Des sous ! et de la notoriété.
Résultat : Les sous ont été pris (et heureusement). Depuis 2 ans, la ProA (appellation installée depuis 1994) s'appelle la JEEP ELITE. A la LNB, on n'a pas accolé le nom d'un sponsor au nom du championnat mais on lui a carrément concocté une appellation custom. Et devinez quoi... JEEP ne renouvelle pas le contrat (oui ce n'est pas officiel mais c'est un secret de polichinelle !). La LNB est donc activement en recherche d'un namer... à l'heure où le hand passe de Lidl à Liqui-Molly (ouch) et Butagaz pour les filles, le foot passe de Conforama à Uber Eats et BKT pour la ligue 2, le rugby a perdu Orange... le basket sera-t-il le prochain à revenir à une appellation neutre ? Après le départ d'Amazon qui étant pourtant une prise phénoménale, le basket prouve encore son manque d'attrait... seul reste Disneyland Paris mais pour combien de temps ?

Les nouvelles formules pour la ProA

Selon l'Equipe la LNB hésiterait entre 2 grosses conneries et une solution plus raisonnable et dans la continuité de l'existant. Jugez plutôt :

Connerie 1

FUSION PROA+PROB ET 3 CONFERENCES DE 12 EQUIPES

Illustration

Cette volonté de copier la NBA avec des conférences géographiques est ridicule. Nécessaires aux USA (3 fuseaux horaires, des équipes à des milliers de km les unes des autres) elles apparaissent en France une nouvelle fois comme cette capacité inimitable de la ligue à aller chercher l'unique élément non-transposable et d'en faire son fer de lance. Si la multiplication des derbies pourrait s'avérer intéressante, elle condamnerait aussi certaines équipes à jouer "entre nazes" et à ne profiter que très rarement de l'attractivité des grosses cylindrées.

L'autre connerie

PROA AUGMENTEE A 20 CLUBS, 8 GOLD 12 SILVER + PROB à 16 CLUBS
Passons sur la nécessité d'utiliser des anglicismes GOLD/SILVER qui ont une telle valeur ajoutée quand les journalistes pourtant spécialisés peinent déjà à prononcer correctement le nom des joueurs étrangers, mais penchons nous sur ce petit côté club de seconde zone pour je suppose permettre aux 8 européens d'avoir un calendrier adapté. On fait fi de la moindre wildcard européenne, si t'es pas dans les 8 t'es mort, et on créé un vrai championnat à 2 vitesses où on n'a toujours pas assez de JFL vu qu'on a maintenant 20 clubs dans l'élite. Magique !

La solution logique

PROA à 16, PROB 16/18/20 ?
Celle qui a donc le moins de chances d'être adoptée. Quitte à fusionner, le rapprochement pourrait être envisagé entre PROB et NM1 où les niveaux sont parfois similaires. Les jeunes y trouveraient plus de place -quitte à réduire le nombre de JNFL autorisés- et dans le même temps, les 16 clubs de ProA pourraient tous adapter leur calendrier en fonction de l'Europe, de la TV, des évènements ponctuels (coupe, Leaders Cup) et ne plus être en flux tendu comme c'est le cas depuis plusieurs années.

Que manque-t-il à la LNB pour être meilleure ?

Comme d'habitude, le constat n'est pas suffisant, pour faire avancer le débat il faut aussi proposer des choses. Risquons-nous à ce petit jeu et voyons ainsi comment notre ligue pourrait sortir de son amateurisme latent.

Se professionnaliser

Un comble pour une ligue "Professionnelle"... halte au président à temps partiel, plus occupé à gérer les chicken wings qu'à développer sa ligue.
Halte aussi aux présidents de clubs décisionnaires. Ce fonctionnement qui sent bon le bénévolat et calque les structures amateures du basket français n'a pas sa place dans le monde de requins qu'est le sport pro. On veut copier la NBA ? Qu'on commence par avoir un président à l'image du "Commish'" : indépendant, pas lié à un club mais ultra compétent dans le business ET connaisseur du basket. Quelqu'un qui décide sans avoir à consulter les présidents de clubs tous les 4 matins et qui met en place une vraie politique avec une vision et pas des tentatives à la con au coup par coup avec "on verra bien" comme dogme. Une personnalité à la Jacques MONCLAR avec le profil business en plus. Une sorte de Michel MIMRAN qui s'y connaîtrait en basket et en comprendrait les rouages, ou un Tony Parker moins lié à l'ASVEL...

IMPLIQUER D'ANCIENS JOUEURS

Les exemples cités ci-dessus ne sont pas innocents. Ils sont nombreux à se reconvertir, à passer des diplômes au CDES et à vouloir rester dans le basket. Regardez un Boris DIAW qui a tenté de s'impliquer à Bordeaux et qui a fini par jeter l'éponge... Des personnalités comme ça pourraient être utiles pour développer le basket hexagonal mais non, nous on a Tonton-chemisettes à carreaux et Tonton Martial (le Vice président spécialisé dans les titres de vice-Champion) qui sont les vitrines de notre ligue... et après on s'étonne qu'Amazon et Jeep se cassent en courant ?! Alors les anciens joueurs ne seront pas la panacée mais pour le moment il n'y en a quasiment pas à part en consultants TV.

DES SALLES

L'ASVEL l'a compris, Orléans va s'équiper... on ne va pas vous refaire un chapitre sur les arenas. Le futur du basket passera par des salles qui offriront au public une expérience plus large que 40min de tambours et trompettes. Si Limoges est devenu ce qu'il est c'est parce qu'il avait une salle en avance sur son temps. Les revenus des clubs iront de pair avec la capacité des salles et la faculté à les monétiser au mieux. Plus de public = plus d'entrées, mais aussi plus de restauration, de merchandising, etc... et si le public suit, les annonceurs suivront, puis les diffuseurs... et le pari sera gagné. Le SEUL moyen de perdre ce pari, c'est de rester dans des grands gymnases et de rester sur le jambon-beurre debout sous la pluie. Accueillir le public sera la clé. Le foot est loin devant, le rugby le fait, le hand va le faire... qui sera le cocu ? Même si c'est malheureux, il faudra être capable d'imposer des capacités minimales et des degrés d'équipement et de services (comme le fait l'EuroLeague) pour sortir des gros gymnases même si la gestion familiale est une jolie madeleine de Proust, on parle de survivre dans un monde de requin qui se dessinera avec ou sans nous ! Quand on est capable de refuser une montée à Blois parce qu'il manque 20 feuilles A4 pour agréer son centre de formation, on doit pourvoir prendre des décisions courageuses pour arrêter d'avoir des clubs non structurés qui font des coups sportifs tous les 5-6 ans ?

UNIFORMISER LES STATUTS

Pour le moment le basket pro compose encore avec des acteurs qui ne jouent pas tous avec les mêmes règles... fiscales ! Les SASP, SAOS et SEM ne sont pas des entreprises identiques et ce simple constat biaise le jeu dès le départ. Certaines ne sont pas soumises aux mêmes règlementations, peuvent avoir des déficits différents, des subventions différentes etc etc...
16 clubs avec 1 seul statut qui se tournent vers l'avenir en se désolidarisant des collectivités locales et qui développent leur business de la même façon. Cela évitera que des têtes brûlées qui comptent sur des copains kinés bénévoles, 2-3 magouilles par ci par là et qui foutent tout leur pognon sur 2 américains ne viennent cogner des clubs qui se développent pour s'installer au niveau européen et surtout ça évitera d'en tenter d'autres de copier ce modèle ultra-court terme qui conduit régulièrement ces acteurs en ProB. Alors ils ont quelques bricoles à accrocher au plafond mais dans l'ensemble c'est au détriment du développement du basket français professionnel et ça ralentit tout le monde. Une LNB indépendante devrait pouvoir gendarmer ces pratiques en imposant des staffs médicaux et des structures administratives salariées. Elle encourage déjà cela à travers des séminaires marketing ou encore communication mais certains persistent à s'en dispenser ou au mieux feignent de s'y intéresser...

Quelle formule pour la ProA alors ?

Un niveau de jeu à réhausser

Comme expliqué plus haut, resserrer l'élite semble le seul moyen de revenir à une compétitivité européenne régulière. Alors oui on va se taper sur le ventre et nous expliquer que Monaco et Strasbourg font un beau parcours... mais si justement cela est perçu comme un exploit c'est que c'est là que réside le problème ! Atteindre les 1/4 des compétitions européennes (hors EuroLeague) devrait être la norme pour notre pays comme l'Espagne ne s'émeut plus depuis longtemps de placer plusieurs représentants dans les 8 finaux de chaque compétition. La France doit relever le niveau de jeu de la ProA. Considérée comme une mini-NBA (comprenez plus physique que technique), la France fait figure d'exception en Europe où les fondamentaux techniques sont plus habituellement plus importants (d'où l'échec fréquent de coaches étrangers en France et surtout la non-exportation des techniciens français).

Des quotas plus stricts

La fuite des talents français vers la NBA et l'EuroLeague a fait très mal à notre championnat hexagonal mais l'augmentation du nombre d'équipes n'a contribué qu'à diluer les talents restants dans beaucoup d'équipes. Les moyens financiers restant inchangés (voire en baisse) les français plus chers (car plus rares) ont conduit la ProA a recruter des étrangers moins prestigieux. Les CVs NBA se font rares et la France puise depuis des années soit chez les rookies non-draftés soit chez les étrangers ayant fait leurs preuves dans des championnats modestes (pays nordiques, D2 turque, espagnole ou italienne... voire ProB). La ligue ayant un temps autorisé jusqu'à 6 étrangers il n'est pas difficile de comprendre pourquoi le niveau du championnat a pâtit de ces recrutements. Dans le même temps, la culture de l'US sauveur a perduré nuisant au temps de jeu des JFL mais avec des messies au talent contestable. Revenir à 3 voire 2 étrangers par équipe ne ferait sans doute pas de mal à un championnat élite à 16 équipes. Les français de l'élite seraient toujours là (avec du temps de jeu) et on pourrait sans doute compter sur de meilleurs étrangers. C'est déjà le cas en ProB et on peut constater que l'antichambre devient de plus en plus un championnat de développement des joueurs qui retrouvent l'Elite à l'issue de prise de responsabilités à l'étage inférieur. La recette fonctionne. Les serbes n'hésitent pas non plus et on ne peut pas dire que leurs représentants dans les compétitions européennes en souffrent.

Moins d'équipes

Revenir à 16 pour mieux se répartir les talents, moins diluer les revenus des sponsors et réduire le nombre de matches dans la saison pour les équipes européennes (donc la moitié des 16) qui galèrent au coeur de l'hiver à faire cohabiter Championnat, Coupe d'Europe, Coupe de France et Leaders Cup (quand ils n'ont pas explosé avant). Dans l'optique d'une politique fructueuse qui attirerait des sponsors (namers, diffuseurs etc...) le partage du gâteau serait également plus intéressant... charge à la ligue de le conditionner au respect du cahier des charges de professionnalisation envisagé plus haut.

Une leaders cup et une losers cup ?

Pour donner du sens à sa Leaders Cup (ah cette obsession de l'anglicisme) qui actuellement ne qualifie à rien si ce n'est un tour gratos dans Space Mountain la ligue devrait lui attribuer une place en Champions League en accord avec la FIBA. Mais le paradoxe c'est que dans les formules tordues évoquées, la LNB cherche à libérer du temps pour ses équipes européennes alors qu'elle leur paralyse un weekend pour la Leaders Cup... mettant de facto les autres en vacances... et pourtant, la ligue envisage une formule à conférences donnant plus de matches aux non-européens... Pourquoi ne pas leur réserver une coupe à eux aussi (La Losers Cup - appellation copyright Chloé Westerlinck via Twitter) mais il faudra inventer une récompense... un collier d'immunité pour la descente ? Des Play-Down en 3 à 5 manches pour déterminer le malheureux et non pas le classement final ? Une sorte de playoffs où le perdant passerait au tour suivant et où le vainqueur de la finale sauverait sa tête ? La valeur sportive serait au coeur d'un tel projet et tiendrait motivés tous les acteurs jusqu'au bout de la saison.

Une seule accession/descente

L'entonnoir serait serré mais donnerait peut-être plus de stabilité et encouragerait les clubs à se structurer. Moins de risques pour les clubs de l'élite mais aussi plus d'exigence pour les clubs de l'antichambre avant d'accéder à l'échelon supérieur. Une seule montée obligerait les candidats à cocher toutes les cases exigées par la ligue en termes de structuration mais aussi de performance sportive et de formation. Blois s'est vu refuser une montée car son centre de Formation n'était pas agréé (démarche indépendante de la ligue mais purement administrative) alors que le club travaille intelligemment, s'est fait construire une salle et s'est structuré. Dans le même temps d'autres sont en ProA avec un centre de formation "décoratif" (Limoges a longtemps eu cette attitude). Le mérite sportif si cher à l'ex-ministre Lamour serait ainsi préservé mais plus adapté au monde professionnel et à ses exigences.

Ambition à terme

Des clubs solides

In fine, le championnat de France serait composé de 16 VRAIS clubs professionnels soutenus par une ligue qui viserait à TOUS les développer (et pas seulement le mastodonte ASVEL ou le chouchou Pau/Gravelines/Strasbourg -faites votre choix dans les dirigeants à double casquette club/ligue/FFBB). Les représentants européens auraient des calendriers adaptés et les autres un nombre de matches plus importants pour générer des revenus billetterie (avantage que les européens ou les playoffables ont... mais avec les dépenses de déplacement inhérentes). Une ligue neutre et indépendante distribuerait les tickets européens au mérite (classement / Leaders Cup) tout en acceptant les invitations des coupes d'Europe car elles valorisent son championnat (ce qui éviterait les petites guéguerres dont Tonton KFC a le secret) et pourrait également travailler à la professionnalisation d'un corps d'arbitres indépendants de la FFBB pour favoriser le spectacle et s'harmoniser avec l'arbitrage européen de haut niveau (marre de voir des marchers et des fautes invisibles quand rien ne se joue pour mieux multiplier les no-calls ou les erreurs quand c'est chaud !).

Développer l'existant au lieu courtiser des chimères

Et que la ligue cesse enfin de vouloir calquer la NBA pour tout et pour rien ! Accepter que des villes moyennes soient des bastions du basket ne doit pas poser problème, charge à ces clubs d'attirer des partenaires en dehors de leurs bassins économiques limités mais quand on voit que des villes aussi peu charismatiques qu'Oklahoma City ou Salt Lake City ont des fans-clubs en France, il n'y a pas de raison de ne pas faire confiance à des fiefs historiques comme Limoges (au hasard !) ou Roanne pour se développer et se consolider au plus haut niveau hexagonal.

Que copier sur la NBA ?

On veut vraiment pomper des choses chez les américains ? Il y en a qui sont faisables et qui aideraient probablement à harmoniser des choses pour que le grand public identifie mieux le basket français.

Un équipementier unifié

La NBA a des maillots magnifiques et génère un merchandising incroyable. Encore plus depuis l'arrivée de Nike et de sa puissance marketing absolue. Les différentes "éditions" des tenues NBA sont collectionnées et c'est un véritable business. Sans en arriver là, la LNB pourrait déjà assurer par le volume un assortiment rapide et de qualité. Finies les manches et autres fausses bonnes idées marketing (qui ne sont que des espaces publicitaires supplémentaires), finis aussi les gros morceaux de strap pour le nom d'un joueur fraîchement arrivé. Un contrat global assurant aux clubs un revenu important et garantissant l'équipement des équipes espoir. Les clubs "prestigieux" qui peuvent espérer mieux négocier individuellement pourraient garder la coupe d'Europe pour utiliser un équipementier plus "généreux" ou un système conférant aux "européens" une portion plus importante (en fonction de la compétition) pourrait aussi être imaginé avec l'équipementier exclusif de la LNB.

Une appli digne de ce nom

NBA ou pas, l'appli LNB fait pitié. Icone pourrie mal cadrée, contenu non adapté aux écrans mobiles, plantages... appli LNBtv différente de LNB... il faut VRAIMENT en vouloir pour s'y retrouver. Une appli LNB simple, efficace, qui regroupe tous les contenus (fiches clubs, joueurs, vidéos, OTT, highlights, news... ) comme comporte n'importe quelle appli de geek fabriquée par 4 hipsters dans un appart' parisien ! Les exemples sont légion, pourquoi notre ligue pro ne peut-elle pas fournir un produit simple propre et efficace à l'heure ou la grande majorité des connexion se fait à partir de téléphones ou tablettes ?

Créer une marque

La force de la NBA c'est que peu importe les équipes du moment ou les joueurs dominants, on parle de NBA. En France, on parle peu du basket des clubs ou des joueurs (souvent en lien avec un passé ou un avenir... NBA !). La LNB gagnerait (et ferait gagner à ses clubs) en devenant une marque identifiable du grand public. Adieu ProA ou Jeep Elite... LNB devrait être un acronyme identifiable par le lecteur de L'Equipe à minima. Ensuite la LNB pourrait jouer de son poids pour négocier des partenariats et de la présence médiatique qui rejaillirait sur ses clubs. Un logo modernisé (sans révolution, la base est déjà bonne), un son qui l'accompagnerait en 1 ou 2 secondes (comme Intel, la SNCF ou encore le fameux Toudoum de Netflix) et qui seraient présents dans des spots publicitaires de partenaires permettraient de gagner en notoriété. Capitaliser sur le statut du couveuse pour la NBA pourrait aussi attirer le public déjà intéressé par la grande Ligue. Les Gobert, Batum et autres Fournier sont tous passés par la LNB mais leur image de l'époque n'est pas réinvestie. Il y a plein de choses à creuser de ce côté là.

Sortir des parquets Pros

La NBA le fait sans cesse : NBA cares, NBA Africa etc... La culture américaine encourage à faire dans le caritatif et l'humanitaire. Sans envoyer les joueurs de ProA jouer les baby-sitters dans des orphelinats, pourquoi la LNB ne s'afficherait-elle pas dans un grand programme de rénovation de playground dans toute la France ? Nos terrains traditionnels disparaissent au profit de city-stades tout pourris. Et si la LNB offrait aux jeunes de vrais terrains de basket avec des inaugurations en grandes pompes... ça ne couterait pas plus cher que de payer des petits-fours à Disneyland ou au All Star Game et ça aiderait à identifier la LNB comme un acteur du basket français en mettant son logo bien en évidence. Ne pas se contenter des villes où un club pro existe et ne pas non plus se concentrer uniquement sur les métropoles.

Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent laisser des commentaires sur le site.

11 commentaires

avatar

# 11 - benzo87

13/04 - 0h15

Bon j’ai du poser une rtt pour trouver le temps de lire l’artIcle lol mais ça valait la peine.
Travail de titan Pointguard, hallucinant!
Et je te suis pour lolo Sciarra ;-)
Malheureusement le sport n’est que le faire valoir dans tout ça tout le reste n’est que politique avec ses magouilles et ses copinages. À gerber !!
Merci Pointguard pour tout ce partage

avatar

# 10 - Bonporteau

11/04 - 19h53

Parfois, au regard des décisions prises, même en AG, on a l'impression que beaucoup (trop) de présidents se complaisent dans le système actuel car les petits arrangements que permet celui-ci peuvent satisfaire au plus grand nombre.

avatar

# 9 - jipe64

11/04 - 16h54

ahahahah freddy hufnagel dans les instances du basket ca serait fun...pour connaitre un peu le bonhomme (il a été il y a peu serveur dans un bar cancha dans ma petite ville) ben je pense que ca demenagerait grave et que ce serait du houra basket la mais bon faire pire que ceux qui sont a la tete du basket francais c est tres difficile il me semble !!!! par contre pour en avoir discuté avec lui il a tjrs aimé ses rencontres contre le csp et a un profond respect pour notre cher club...comme quoi...

avatar

# 8 - CSP Club sans pareil

11/04 - 16h06

Après Pâques, Pointguard sonne les "cloches" de la LNB...Si au moins leur sonorité pouvait atteindre les oreilles des visés...Et je retiens que Lamour a été vache avec le basket!
Article long mais tellement bon.

avatar

# 7 - sypoi8778

11/04 - 15h02

Allons y dans le second degré! Je propose Fred Weiss
Pas mal... je rallonge d’un Lolo Sciarra et je coupe avec un Freddy Huffnaguel !
-Pointguard

avatar

# 6 - pointguard

11/04 - 14h45

Et bien on a bien compris qu’il était difficile (voire impossible) de forcer le public à adopter quelque chose qui ne lui correspond pas. En Grèce, Espagne, Serbie etc... le basket a une place dans la culture locale, il est mieux médiatisé et sa base de fans est là.

Le constat en France c’est que le public basket FR est une niche et que le gros réservoir c’est le public basket NBA qui sera plus sensible à des rapprochements avec le basket US... encore faut-il les choisir avec bon sens et ne pas faire fuir le public fidèle... un casse-tête subtil mais motivant dans lequel les extrémistes quels qu’ils soient (Pâté ou burger) desservent tout le monde. La vraie soluce c’est le burger-pâté, on aura le temps de débattre sur cornichon/pickle ensuite.

avatar

# 5 - jipe64

11/04 - 14h30

ouaouhhhh y a eu du taf la pour faire un tel résumé!!! petite question...sur ce résumé (parfaitement comprehensible) ca parle nba mais que se fait il en espagne grece italie etcetc en europe quoi...n y aurait il pas de quoi se referer et de quoi copier ? pas trop fan des shows a l americaine ou le public passe beaucoup de son temps a danser et manger son mcdo en buvant son coca...j prefere et de loin les ambiances serbes ou grecques....et limougeaudes dans ces grandes années

avatar

# 4 - sypoi8778

11/04 - 14h15

Le gros problème est en effet l'amateurisme des dirigeants Metttre des pros à la tête de la ligue et ce dans tous les domaines (sportif communication marketing ...)mais cela diminuerait le pouvoir des actuels dirigeants alors on prend des pinces pour se protéger La classe dirigeante du basket dans les clubs aussi est extrêmement faible Il suffit de comparer le niveau du CAB et du CSP dans la présidence ,et la direction générale ,le directoire ...C'est pareil pour les autres clubs hormis l'ASVEL et Monaco qui est un cas particulier Le basket a raté tous les trains car gangréné par le lobbying permanent des présidents et le copinage Cocasse d'imaginer Bonato à la ligue quand on sait que certains membres du directoire ont mis leur veto à son entrée au club!!!
Rhalala... ce 2nd degré décidément, faut que j’arrête...
-Pointguard

avatar

# 3 - Cycy31

11/04 - 13h36

Excellent article

avatar

# 2 - pointguard

11/04 - 13h14

Ahah ! La base de cet article c’est de libérer cette ligue de sa gouvernance d’amateurs. Alors diplomatie ou pas rien ne bougera tant qu’une équipe crédible avec un candidat influent à sa tête (DIAW ? Monclar ? Bonato ? George Eddy ?) n’affrontera pas les tontons actuels installés dans leur plaçou et réélus année après année avec des scores de république bananière peu importe le déclin de la ligue !
Le changement interne avec ces gens n’arrivera pas !

PS : merci pour le poste de président mais je n’ai pas le profil et en dessous de "Guide suprême" je n’accepte pas le poste XD

avatar

# 1 - yannick

11/04 - 13h02

Moi je vote pour Pointguard Président de la ligue !!!
Le programme est assez séduisant et les idées très intéressantes avec un bonus pour les playdown ("la fameuse looser cup")
Merci de cet article très fourni. Ne pourrait-il pas être envoyé à la ligue avec une mise en forme plus diplomatique ?