Beaublanc rénové, une chimère ?
La mairie vient de publier à grand renfort de presse les premiers visuels du projet de rénovation de Beaublanc. Si les rendus artistiques sont clinquants et l'ampleur des travaux titanesque, de nombreux points demeurent ignorés : du financement des 43M€ (sans les gros dépassements inévitables) au stationnement en passant par le risque sportif pour le CSP et l'investissement massif en faveur du hand... enfin tant que ça brille ! Dossier
Une ville exsangue
Que la team Lombertie ne vienne pas casser du sucre sur le dos des investissements pharaoniques de Rodet avec son demi-stade et ses autres équipements déconnectés (Zenith, centre aquatique, vélodrome et on en passe) réalisés sans concertation avec ou par les autres collectivités locales avec comme dénominateur commun une sous-évaluation des enjeux du stationnement. Les 43M€ (avant dépassements) promis à la rénovation de Beaublanc et plus globalement à la création d'un parc sportif avec un pôle d'entraînement, une salle annexe et des espaces réceptifs, paraissent ahurissants pour une ville déjà aux abois financièrement.
Les actualités ne manquent pas pour souligner les serrages de ceinture successifs décidés par l'équipe municipale : les coupes drastiques dans les budgets de la culture (théâtres, associations, Médiathèque etc...), du sport, l'épisode ubuesque de la fermeture estivale des piscines en pleine période de canicule... il est évident que la ville n'est plus en mesure d'assurer son budget de fonctionnement.
Les derniers investissements n'ont pas été des francs-succès non plus. Outre le (demi) stade dont l'équipe n'a jamais atteint les niveaux sportifs espérés et susceptibles d'équilibrer les comptes grâce à une fréquentation décuplées, les chantiers tels que la Place de la Rep (aka la Pierrade géante) ont suscité bien des polémiques quant à la pertinence des choix effectués. Aujourd'hui, le maire et son adjointe aux sports reviennent en force sur un thème qui nous tient à coeur : faire du neuf avec du vieux sans pour autant tenir la promesse initiale d'une arena de 8-10.000 places. Ces 43 millions pourraient-ils être mieux utilisés ? A l'évidence des solutions bien moins coûteuses existent mais le but est il vraiment d'offrir les outils de pérénité au CSP et au LH ? Pour le second, c'est une évidence, pour le premier, il peut s'agir du coup de grâce.
La mairie mise tout sur le hand
Alors que le CSP a apporté à la ville bien plus de notoriété et de retombées positives (mais pas que !) ces 40 dernières années, les faveurs des édiles ne semblent plus vouées à la grosse balle orange. Peu importe que le club soit encore un acteur qui compte dans l'élite, qu'il dispute régulièrement des compétitions européennes et qu'il suscite toujours autant d'intérêt médiatique et populaire, les actes en disent plus long que les beaux discours. Depuis plusieurs années le CSP partage Beaublanc avec le LH87 trop à l'étroit dans sa salle Henri Normand. Un équipement NEUF, construit RIEN QUE POUR LUI en 2016 avec une jauge parfaitement adaptée à ses besoins de l'époque et qu'il n'utilise plus pour ses matches faute de place (quid de la pertinence de la jauge décidée à la construction ?). Désormais installé à Beaublanc, le LH peine toutefois à remplir l'enceinte et optimiserait ses coups avec un écrin à 3000 places... CA TOMBE BIEN : ON VA CONSTRUIRE UNE SALLE "D'ENTRAINEMENT" DE... 3000 PLACES DANS LE PROJET A 43 PATATES !!! QUELLE COINCIDENCE ! Déjà des salles d'entrainement avec des besoins de 3000 places il faudra m'expliquer, et ensuite, ce nouvel équipement servira d'accueil temporaire aux deux équipes pendant les travaux de rénovation du Palais des Sports, et c'est là que le danger financier pointe le bout de son nez pour le CSP.
La mort du CSP dans l'Elite ?
Dans le monde du basket, Limoges fait partie des rares clubs qui peuvent s'appuyer sur un public nombreux et fidèle. A ceux qui vont vite pointer le taux de remplissage loin des 100% dernièrement, nous montreront pudiquement les affluences moyennes de NM1 et de ProB qui ont prouvé s'il en était besoin que les limougeauds (mais pas que) AIMENT leur CSP et seront encore là tant que les ballons oranges transperceront les paniers. Mais alors en quoi ces travaux "d'agrandissement" peuvent-ils mettre en danger le club ? Et bien tout simplement en raison du timing. Si la mairie raisonne à l'évidence sur des échéances électorales (et c'est bien naturel pour des politiciens), elle le fait en ignorant totalement les enjeux que le CSP va affronter dans les années à venir (mais bon elle ne voit déjà pas pourquoi des lieux qui reçoivent plusieurs milliers de personnes auraient besoin d'un parking, alors le long terme hein !...). Avec un calendrier de travaux s'échelonnant sur 2025-2028 pour la grande salle, le CSP devra fonctionner avec une billetterie restreinte (amputée de 40%) idem pour les revenus annexes (buvette, merchandising) et pour les prestations offertes aux partenaires dans une salle de seulement 3000 places. Soulignons que pendant ce temps, le LH pourra lui profiter pleinement d'un outil parfaitement adapté à ses besoins et donc viser une croissance légitime pour intégrer la nouvelle salle à l'horizon 2028. C'est quand même bien fait non ?
Une élite qui va se resserrer
Véritable arlésienne du basket français, le passage de l'élite de 18 à 16 sera inévitable. Si dernièrement la clique béralienne (aka les Tontons ou les Copaings) est toujours parvenue à repousser l'échéance parce qu'un des copaings voyait son club menacé, il y a bien un moment où les planètes vont s'aligner et là malheur aux 3 ou 4 déchus qui se retrouveront dans une ProB remodelée dont il sera extrêmement compliqué de s'extirper. Ajoutons que dans ce contexte de changement de formule, plusieurs clubs fermeront les yeux sur l'aspect développement et troqueront volontiers un ou deux kinés ou adoints marketing pour un US de plus dans une course à l'armement sur laquelle Limoges aura le plus grand mal à s'aligner amputé d'une de ses plus régulières sources de revenus : sa salle et son public.
Des exigences européennes inatteignables
Si le CSP continue à se qualifier pour des compétitions européennes, le passage (même temporaire) dans une salle de 3000 places ne pourra se faire qu'à grands coup des dérogations voire de délocalisations pour répondre à la demande. On pense d'ores et déjà à Boulazac et ses 5200 places ou la toute nouvelle Futuroscope Arena et ses 5500 places. Des équipements que le club devra louer (tout comme Beaublanc me direz-vous) et pour lesquels il faudra organiser le transport des supporters. De plus, comment être certain que la "salle d'entraînement" (lol) de 3000 places disposera des infrastructures nécessaires pour la TV (recul des caméras, éclairages etc...) indispensables à la participation aux coupes continentales et partie intégrante du cahier des charges LNB. Sur cette période, Limoges s'interdit aussi toute réception de la Leaders Cup désormais nomade ou l'organisation de plateaux de coupe de France voire de matches de l'Equipe de France. Zero source de revenus annexes pendant 2 à 3 ans.
Comment le CSP pourra-t-il survivre à cette disette annoncée lui qui vit sur la manne de sa billetterie, source de revenus qui fait saliver bien des clubs de l'élite. La question est posée et la réponse ne semble pas se trouver au milieu des jolies photos du cabinet d'architectes Chaix et Morel.
Tout n'est pas à jeter
Même si on préfèrerait un projet d'Arena (loin des 95M€ annoncés par notre bon maire devenu marseillais pour l'occasion : les chiffrages des derniers ouvrages en France tournent autour des 30/40M -Poitiers 51M, St Etienne 31M, Angers 20M-) et qu'une solution innovante calquée sur l'Arena des JO de Londres avoisinerait les 20M, tout n'est pas à jeter dans le pharaonique projet limougeaud. Le pôle d'entrainement (la 3ème salle) comprenant 2 plateaux sportifs, des équipements paramédicaux, cryothérapie qui permettrait ENFIN au CSP de cesser ses transhumances hebdomadaires qui consiste à faire entraîner des joueurs professionnels dans des gymnases partagés avec des scolaires et des associations de mamies qui font du yoga sur leur tapis Quechua (autre conséquence néfaste du partage avec le hand, avant tout se faisait à Beaublanc... et il est difficile de vous décrire à quel point ce genre de détail influe sur les joueurs étrangers et leurs agents pendant les périodes de recrutement !!!).
Autre point positif, la récupération de l'idée d'une extension vers l'extérieur des coursives de Beaublanc avec une terrasse connectant l'espace entre les travées hautes et basses avec un réceptif VIP enfin pris en compte et intégré à la salle. On pourra regretter que cet espace VIP, traditionnellement "calme" se fasse au détriment des places "debout" qui étaient un véritable booster de public généralement très "chaud" dans les matches à enjeux.
De très nombreuses interrogations subsistent
Malheureusement, ces points positifs n'auront peut être aucune utilité si le CSP ne survit pas aux échéances citées plus haut. Dans une Elite de plus en plus concurrentielle enfin emmenée par des locomotives aux budgets sous stéroïdes (comprenez dollars Parkeriens et Aulassiens et Pétrodollars russes), Limoges pourra-t-il jouer aux petits poucets pendant 2 à 3 ans (voire plus ?) le temps que Beaublanc se refasse une beauté ? Construire une arena modulable avec 6500 places en fonctionnement courant extensible à 8000+ places pour des échéances particulières et une salle annexe pour l'entraînement permettrait de véritablement péréniser le club et se ferait sans quitter Beaublanc avant la livraison de la salle... oui mais voilà, ça marche moins bien pour le hand alors vous l'aurez compris : ce ne sera pas fait comme ça ! En prime il faudrait encore recycler Beaublanc dont le fonctionnement demeure couteux... mais imaginer remplacer la salle Municipale par un Beaublanc rénové et revu à la baisse et dédié au basket féminin et au hand ne serait que logique : AUCUN INTERET !
Il apparait aussi dans les déclarations de l'édile que "le stationnement sauvage" sur le boulevard de Beaublanc est ciblé... mais aucune structure de stationnement n'est clairement indiquée, pas plus qu'un hypothétique projet de parc-relais type parking / navette. Encore un "détail" qui sera traité (ou pas) au dernier moment et qui rendra l'expérience du spectateur hautement pénible alors que l'investissement dans l'outil aura été massif ! Difficile d'être optimiste quand on voit à quel point l'amateurisme préside aux décisions pourtant cruciales, mais bon ne pas perdre la face est hautement plus important qu'une institution comme le Limoges CSP qui transcende les générations.
# 36 - m23
20/11 - 16h30
@36 Vraiment dommage......!!!!