In memoriam

Le lundi 1 janvier 2018 22:52 par pointguard

Il est des textes que l'on aimerait ne jamais avoir à écrire, et ce soir après une journée très triste et très curieuse à la fois force est de constater que la plume est bien lourde. Quel bien mauvais tour Fred nous a joué là. Il en avait déjà fait des dizaines, en chipant des ballons, en recrutant des jokers ou en contournant des règlements... mais celui là... personne ne l'avait vu venir.

Comme tous les observateurs du basket limougeaud, français et même européen qui ont eu l'occasion de côtoyer Fred Forte, nous connaissions son caractère. Mélange de grandeur d'âme et de tête de cochon qui en faisait un tel personnage qu'on aimait détester tout autant qu'on avait envie de l'embrasser quand il venait prendre un bain de foule après un titre inattendu.

Un personnage complexe

Les choses n'ont pas toujours été roses entre Beaublanc.com et Fred, et s'il a parfois mal pris certains de nos propos nous avouerons sans détour que nous n'avions pas non plus compris certaines de ses décisions.

Malgré tout, il continuait à répondre à nos sollicitations, à nous répondre sérieusement sur des sujets de fond (et à plaisanter sur Béral ou d'autres sujets plus légers) et à jouer son rôle de président à fond. A fond, comme tout ce qu'il faisait, lui qui malgré les polémiques et les erreurs, au coeur des succès voire des triomphes n'avait qu'une chose à la bouche : LIMOGES.

Les racines de la passion

Comment diable ce petit italo-normand a-t-il pu s'enticher à ce point de cette cité limousine ? Parce qu'il est tombé dedans quand il était petit pardi... et par petit on entend "jeune joueur", parce que du haut de son mètre quatre-vingt dix, il a toujours eu l'air petit au milieu des géants mais il faisait tout de même son gabarit ce "petit".
Et pour tomber dedans, il a choisi le lieu le plus absolu de Limoges, sa marmite, son chaudron... Beaublanc ! Nous qui parcourons ces lignes sommes tous tombés dedans un jour ou l'autre et comprenons ce qu'il y a trouvé... sauf qu'il s'y est en plus couvert de gloire comme joueur et comme président. Ce plaisir intense que nous éprouvons lors des grands moments dans cette cathédrale, il s'en abreuvait et ne vivait que pour les renouveler.

Comme beaucoup, sans être de vrais amis de Fred nous avons pleuré depuis hier... curieusement vous disais-je en introduction, curieusement car il avait su tisser une proximité avec ce public, avec cette ville avec des milliers de gens... tout le monde du basket connaissait Fred Forte mais sans la distance que d'autres cultivent. Sans être une idole son nom était tout simplement devenu synonyme du CSP et ce n'est pas un hasard si aujourd'hui les hommages pleuvent de toute l'Europe en 5 ou 6 langues. C'est ce qu'on appelle marquer les esprits.

Fred nous avait répété plusieurs fois que ce qui comptait par dessus tout c'était le club, que les gens passent mais que le CSP restera. Il avait raison à l'époque, il a encore raison aujourd'hui mais que le vide sera difficile à combler. Un autre devra enfiler son costume mais bon courage à lui car il est diablement grand le costume de ce "petit".

Des leçons de vie

Après son combat contre le cancer, Fred, qui a toujours été très investi pour les jeunes depuis qu'il était joueur, avait plus discrètement mais très efficacement pris une autre dimension et joué de son réseau et de son influence pour aider autour de lui. Avec les enfants malades, avec les oeuvres caritatives ou plus simplement avec les basketteurs/basketteuses en herbe.

Hier, les premières à qui nous avons pensé étaient Angiolina, Vittoria et Josepha. Elles l'ont suivi partout, il aurait tout fait pour elles et elles sont aujourd'hui face à un vide immense qui ferait passer celui des amoureux du CSP pour une petite brèche.
Ses vrais amis aussi, ceux qu'il qualifiait lui même de "rares", sont effondrés mais doivent maintenant tenter d'être à la hauteur du défi fou imposé par Fred.

Faire honneur

Le temps viendra pour se poser mille questions sur notre club et sur l'équipe de Limoges mais aujourd'hui, une dizaine de gars sont là parce qu'ils ont signé avec Fred un contrat l'été dernier et ce filou vient d'y ajouter une clause à la dernière minute... il va falloir lui faire honneur : ce n'est pas sur le prochain match sur les terres de ses ancêtres ou lors de la prochaine levée à Beaublanc qu'il faudra briller... mais bel et bien en écrivant le nom du CSP sur un palmarès afin que cette année qui débute dans la plus grande des tristesses reste gravée à jamais dans l'Histoire du club et pas seulement parce qu'elle sera celle où Limoges a perdu SON président.

Adieu Fred

Comment conclure ?... Aussi abruptement que Fred est parti ? Sans platitudes ni mièvreries... que dire quand on vient de réaliser en perdant un président qu'il représentait plus que ce qu'on le pensait ? Tu nous regardes peut-être de là haut, tu dois bien te moquer de Béral ou de Siutat qui auront mis une cravate pour venir dire tout le bien qu'ils pensaient de toi devant les médias, tu dois bien te marrer en te disant que même Beaublanc.com aura versé des larmes et écrit des choses gentilles... "Enfin !" oserais-tu avec ce sourire en coin qui va nous manquer... La bonne nouvelle c'est que tu vas finalement arrêter de te ronger les ongles et que tu ne risqueras plus la crise cardiaque dans les money-times tendus, mais franchement, tu aurais pu attendre encore un peu avant de partir, on aurait tous supporté quelques sarcasmes supplémentaires et quelques tweets ou lettres ouvertes de plus. St Pierre va maintenant gérer ton cas (bon courage à lui !) mais le Cercle Saint Pierre ne sera plus jamais le même.