LE MATCH PERDU

Le lundi 22 avril 2013 02:07 par pointguard

15 avril 1993, Athènes, le Limoges CSP entre dans l'Histoire du sport français et devient Champion d'Europe, 13 mai 1993 le titre de Champion de France vient s'ajouter à cette saison parfaite... Parfaite ?! Certes le CSP a survolé la saison régulière (25V-1D à Pau), certes les Géants n'ont lâché qu'une manche de la finale en 4 actes (à Pau) après des playoffs parfaits... mais quid du Tournoi des As disputé à Lyon ? Découvrez le "Best Kept Secret" de Maljkovic dans ce dossier spécial : LE MATCH PERDU un soir de mars 1993 face à Cholet Basket...

IMBATTABLES ?

Limoges, Limoges et encore Limoges. Le monde du basket français n'en peut plus ! Le CSP new look écrase tout sur son passage. Sa défense, broie, lamine, émince tout ce qui se présente face à elle. Les formations de Nationale 1A prennent cher les unes après les autres. La défense de ce Limoges futur champion d'Europe n'autorise que 62,5pts en moyenne a ses opposants. A la question "Limoges peut-il être battu ?" Jimmy Vérove répondra spontanément en interview télévisée "Oui... par Limoges !"... et il n'avait pas si tort que ça.

Au milieu de cet ouragan limougeaud qui semble avoir fait main basse sur le basket français en 1993, le premier trophée décerné cette saison là ne revient pourtant pas au club limousin mais bel et bien à son rival de toujours : l'élan béarnais Pau-Orthez qui s'est imposé 71-58 face à... Cholet ! Comment ?! Une finale impliquant des clubs de l'élite héxagonale en 1992-93 et Limoges n'est pas là ?! Mais comment une telle hérésie a-t-elle bien pu prendre corps ?

Fouillons notre recueil sportif en profondeur et on retrouve trace du CSP au Tournoi des As, formule regroupant les 8 meilleurs clubs de la phase aller dans un tournoi dont les 4 derniers se retrouvaient dans un final four disputé en terrain neutre (à Lyon cette année là). Limoges, large leader de N1A rencontre le 4e, Cholet Basket et le résultat a été bien vite oublié par tout le monde et balayé par la lame de fond de la fin de saison du CSP mais ce 6 mars 1993, le club des Mauges emmené par un certain Antoine RIGAUDEAU, jeune leader du club qui finira MVP français de la saison, inflige un cinglant 71-58 au GRAND Limoges CSP ! Un peu plus d'un mois plus tard, les jaunes et grenats balaieront l'Olympiakos, puis le Real et Trévise dans un autre final four...

La version de Rigaudeau

Essayons de comprendre, tout d'abord avec l'aide d'un des principaux intéressés : Antoine Rigaudeau qui livrera le témoignage suivant :

"Mon meilleur souvenir personnel reste notre victoire contre Limoges au Tournoi des As. (NDLR : de la saison en question, itw datant de 1993... il doit en avoir d'autres depuis !) Nous avions joué un basket de très haut niveau, un peu à la limougeaude, et ce succès nous ouvrait de belles perspectives : remporter un titre nous aussi. Ce jour là, nous avons gardé la balle au maximum et défendu très fort. Pour avoir une chance contre cette équipe, on doit s'efforcer de perdre un minimum de ballons ne pas faire d'erreur et surtout ne pas prendre de retard au score. Dès qu'ils vous distancent de 5 ou 10 points, il est très difficile de recoller. Ils gèrent très bien la possession du ballon. La méthode Maljkovic, c'est la recherche d'une grande rigueur. Physiquement les joueurs sont à toute épreuve. Jim Bilba, qui jouait avec nous l'an passé, s'est amélioré dans tous les secteurs. La qualité de son jeu d'attaque s'est encore élevée, il n'hésite pas à prendre ses responsabilités. Je crois qu'il a pris confiance en lui. Maljkovic a eu tous les moyens et carte blanche pour composer son équipe. Ce qui facilite les choses..." (Extrait de "L'Année du Basket 1993", Calmann-Lévy)

Ce n'est pas un journaliste à la solde des dirigeants cerclistes ou un fan limougeaud chauvin au possible qui parle : c'est Antoine Rigaudeau, un des meilleurs joueurs français de tous les temps !

Pour lui, si Cholet s'est imposé ce soir là c'est grâce à son application et à l'excellent travail de ses joueurs tels Curtis KITCHEN, Bruno LEJEUNE, Randy ALLEN, Eric JOHN, Christophe EVANO et même un certain Bertrand VAN BUTSELE... Pousson un peu plus loin notre enquête. D'après les archives du site officiel de Cholet Basket, la situation se résume ainsi : "En demi-finale, Cholet est opposé à Limoges. Les choletais trompent Limoges en ayant une défense intraitable qui laisse le CSP avec une efficacité de seulement 28% aux shoots. CB remporte le match 61-51." Rebelote, Limoges aurait-il été pris à son propre piège ? Largement cantonné sous la barre des 60 points, pourri en défense par une équipe des Mauges le couteau entre les dents... Zdovc et les siens étaient-ils finalement humains ?

AN INSIDE JOB?

Il semblerait toute fois que NON... ils resteront bien comme l'avait dit Eric Cantona aux Guignols "10 géants qui ont fait rêver 60 millions de nains". Une grande partie de cette défaite -sans pour autant retirer le mérite des joueurs choletais, que les choses soient claires- serait en fait un véritable sabotage, un "inside-job" comme aiment à le dire nos amis américains à tendance conspirationniste. Mais qui pourrait donc avoir trahi la cause provoquant la perte d'un trophée qui échappait aux limougeauds depuis 2 ans (en finale à chaque fois contre Pau) ? La réponse en images :

Et oui ! Le Sorcier lui même aurait torpillé cette demi-finale du tournoi des As 1993 à Lyon... dans qul but ? Mais pour mieux torturer ses troupes et les blinder encore plus en vue des échéances européennes ! Un mélange de préparation physique et culpabilité, un cocktail que ne renieraient pas certains "techniciens" de Guantanamo, voilà ce que Bozidar Maljkovic avait concocté pour préparer son commando athénien. Préférer perdre un match pour mieux conquérir le Graal ! Pas si surprenant de la part du Sorcier...

Et vous, avez-vous des anecdotes méconnues de 1992-93 ?