Le coaching en ProA
A l'heure où le coaching est critiqué de toutes parts, il nous semble qu'il est temps de faire un point sur les contraintes de notre ligue nationale, afin de mettre certaines choses en perspective et d'étayer notre lecture de la situation. Nous qui n'avons jamais été avares de critiques sur le coaching depuis une décennie, pensons que certaines vérités méritent d'être rétablies. Dossier.
Une ligue faible
Commençons en répétant une fois de plus cette évidence que certains ne parviennent pas à intégrer : la ProA est un championnat faible, plus physique que nombre de ses concurrents européens mais tactiquement pauvre et aux joueurs souvent bien moins armés sur les fondamentaux individuels ou l'adresse, ce qui limite d'autant plus les possibilités pour les coaches d'installer une culture de jeu complexe. Ajoutez à cela un turnover très important, les bons joueurs quittant rapidement l'hexagone pour des destinations plus généreuses, pas évident de travailler sur le long terme.
Alors comment ça marche le coaching en ProA ?
Nous avons dégagé pour vous 5 profils d'équipes qui sont récurrents en championnat de France et qui expliquent bien des choses.
La norme
Objectif : MAINTIEN
Profil : 5 US "moyen +", un ou deux français moyens, des quiches pour compléter et des systèmes bateaux. Pas de quoi soulever les foules, bien souvent moche à montrer dans les écoles de basket, le coach passe l'année à apprendre à ses US à partir du bon pied et aux autres à poser des écrans sans se barrer trop tôt et en s'ouvrant proprement.
Risqué
Objectif : PLAYOFFS (voire un titre si les joueurs jouent ensemble au fil de l'année)
Profil : 5 US dont UN qui SURperforme et des français pour les quotas, Style de jeu streetball toute la saison ce qui suffit largement pour atteindre le Top8. On ajoute un coach qui va râler (à juste titre) sur l'arbitrage, une élimination précoce en CdF histoire de travailler plus sereinement et une coupe d'Europe C2 ou C3 pour courir un peu plus et se faire voir à l'étranger. Clairement dans ces équipes les américains ont les clés du camion et on les change rapidement s'ils font de la merde puisque toute la baraque est construite sur leur rendement.
Friqué
Objectif : LE TITRE (mais l'obtient rarement)
Profil : 1 ou 2 US exceptionnels parmi les 5 JNFL, 1 ou 2 bons français parmi les 7 JFL, des systèmes dédiés aux joueurs forts voire du beau jeu. Strasbourg en est l'exemple type avec en prime un coach de top niveau européen. Problème : cette formule assure le TOP4 annuel mais dans les moments clés, on peut se faire taper par une équipe "on fire" de type risqué ou de type "Limoges" (voir plus bas).
SUICIDE/DESCENTE
Objectif : REVENIR VITE FAIT EN PROB, C'EST PLUS FACILE
Profil : 4 US (pas assez de sous pour le 5e) 4 JFL + 2 espoirs, de la zone et des 3pts.
On va virer l'entraineur (qui a pourtant fait monter le club) au bout de 6 mois histoire de montrer qu'on se mobilise et on refait une saison de feu l'année suivante en ProB bardé d'expérience. Équipe yo-yo trop friquée et structurée pour la ProB, pas assez pour la ProA. Le coaching ? Appliqué en ProB avec des US dominants qui deviennent très moyens en ProA où ça part en quenouille devant le manque de résultats.
LIMOGES
Objectif : LE TITRE ET LE TOP16 EUROLEAGUE (voire les playoffs NBA)
histoire de faire rêver les supporters au moment de vendre les abonnements. Objectif réel : atteindre péniblement les playoffs, se payer un joueur NBA pour les derniers mois, voler le titre et reprendre au début de ce paragraphe.
Profil : 6 US dont 1 en tribunes des JFLs ronflants mais souvent en pré-retraite, un coach qui doit gérer des joueurs à qui le président a clairement fait comprendre qui commandait réellement (et c'est pas le gars avec l'ardoise) et dans le tas un ou deux cas-soc' qui vont bien exploiter la "répartition" de l'autorité pour jouer les divas. Un public exceptionnel (dont une bonne partie ne comprend RIEN au basket mais EXIGE des victoires et veut même coacher !). Comment coacher ? On arrive ambitieux, on se rend vite compte que la moitié des joueurs a des lacunes de minimes (main faible, défense, adresse, mental, qi basket -rayez la/les mention(s) inutiles- le tout en étant payé 4 fois plus que les joueurs de votre club précédent qui en étaient au même point). L'autre moitié a besoin d'un ballon par personne. Un nouvel américain se pointe à l'entrainement tous les 4 mois sans que vous ne l'ayez réclamé mais il a été vendu à la presse comme le messie donc il faut vous le gaufrer même si c'était TOUT sauf le profil dont vous aviez besoin. De temps en temps, ils écoutent tout et appliquent, ce qui a pour effet de rendre hystérique le microcosme limougeaud (nous compris) qui se met à parler de TOP16. On passe les semaines suivantes à regretter ce match référence et on attend le prochain.
Philippe HERVE là dedans ?
Le premier coach depuis Hugues OCCANSEY à arriver avec un projet de jeu.
A fait de petits miracles à Orléans avec un budget limité et a montré en quelques mois à Limoges qu'avec des "jouets" de grands, les résultats suivaient immédiatement. Problème : on lui a imposé ses nouveaux jouets... dont il ne voulait pas tout en le privant de ceux qu'il convoitait vraiment. Il voulait un meneur scoreur-défenseur, on lui refile Culpepper le croqueur. Il voulait un 4 dominant et adroit à 3pts, on lui refile Daniels puis Diawara 3 mois plus tard. Il voulait un pivot pour l'Euroleague, on lui refile le "petit" Traoré. Il voulait un shooteur à 3pts, on lui refile Gatens. Et maintenant, on voudrait le virer parce qu'il amène de la discipline dans le groupe en virant l'élément qui selon lui était à l'origine du désordre. Combien de joueurs avons-nous entendu soutenir ouvertement Culpepper ? Pas une déclaration, pas un tweet (et quand on connaît la liberté d'expression de certains ...) et personne ne se dit qu'Hervé a fait ce que tout le groupe attendait ?! Non on préfère l'accuser de tous les maux de cette équipe mal née et demander SA tête ?!
Si on attend de Philippe HERVE de passer 6 mois à faire du pick'n roll et de la zone 2-3, on se fout le doigt dans l’œil. Ce technicien est un des rares de ProA qui ne soit pas résigné à exploiter les capacités limitées des joueurs limités mis à sa disposition. Il forme, il impose, il fait réfléchir... et avec certains ça coince ! Il ne fait pas assez jouer les jeunes ? Il est le premier à avoir exigé la présence de 5 espoirs en permanence et à les avoir utilisés dans les périodes d'embouteillage à l'infirmerie. Wojcie ne joue pas assez ? C'est vrai mais il est là pour 5 ans... il a le temps d'apprendre sans pression pour son contrat. On en reparlera dans une ou deux saisons... Enfin, il demande des choses compliquées. Son basket n'est pas aussi lisible que la plupart de ce qu'on voit en ProA (sans pour autant réinventer la roue) mais encore faut-il que les joueurs comprennent et adhèrent à sa philosophie. Or, comment susciter l'intérêt de joueurs dont vous avez à peine participé au recrutement (dans le meilleur des cas) ?
Mais QUI a donc construit cette équipe alors, QUI ?
Le président Forte que beaucoup adulent toujours pour avoir relevé le club arguant que depuis son arrivée en 10 ans le CSP a conquis 3 titres nationaux (2 de ProA, un de ProB et même un trophée des champions !) et ce avec des joueurs exceptionnels qu'il a dégotés lui-même ! Oui c'est vrai ce bilan est exact.
Mais pour être tout à fait exact, il va falloir ajouter à ces 10 ans quelques données :
- 9 coaches (dont lui-même, bombardé en ProB sans AUCUNE expérience préalable)
- 124 joueurs (et encore je vous épargne les Grégory Daniel, Lucas Durand et autres Gaylor Curier pourtant sous contrat et donc payés et qui ont parfois foulé les parquets...)
- 1 descente en ProB
- 3 finales perdues (à Strasbourg on en aurait fait une bannière, à Limoges ça fait honte)
- des MILLIONS d'euros dépensés dans tous les sens pour ces effectifs contestables
- zéro GM pour le club le plus pro et structuré de France
- des fiascos complets malgré des CVs longs comme le bras (Giannakis, Banks, Lukovski, Wright, Evtimov, Batista)
- des chèvres dont même M. Seguin n'aurait pas voulu (RT Guinn, Ralph Biggs, Tommy Adams, Ty Walker, Steed Tchicamboud, Teddy Gipson...)
- de bons joueurs remerciés malgré leur volonté de rester pour les voir exploser ailleurs (Passave-Ducteil, Edouard Choquet, Alhaji Mohammed, Kyle McAlarney... Schaffartzik a failli s'ajouter à cette liste !)
- Les trouvailles du type Gomis, Moerman, Westermann, NBC ou encore Desroses sont là aussi mais relèvent souvent du coup de bol : NBC et Raph sont arrivés pour faire le 11e à l'entraînement et ont explosé pratiquement par surprise, Moerman et Westermann revenaient de blessure (comme Lukovski et bien d'autres) et constituaient des paris : donc 2 pépites sur 124... ça fait à peu près le pourcentage de réussite à 3pts de Gatens.
Donc le refrain du sauveur de l'autoroute, ok on l'a compris. Mais le couplet sur le super recruteur qui a amené 2 titres, on ne l'apprendra pas ! Avec le même budget Nanterre serait au TOP16 Euroleague tous les ans et finirait par atteindre un final four. Constater cela, ce n'est pas cracher dans la soupe mais simplement être réaliste et reconnaître que même si on est HEUREUX d'être double champion, la méthode déplait. La méthode dégoûte parfois... et pas que nous. Parlez en aux joueurs/coaches partis sous la contrainte. Parlez-en aux agents qui ne nous proposent même plus leurs bons joueurs ou à des tarifs prohibitifs. Parlez-en à la ligue (à influence paloise certes) qui ne vous facilite RIEN dans les calendriers. A vouloir TOUT diriger, TOUT contrôler... il va falloir aussi à un moment TOUT assumer.
Un dernier mot...
A tous les scandeurs de "Randy, Randy, Randy..." à Beaublanc. Pour la première fois, j'ai eu honte du public. Les joueurs à travers le temps m'ont parfois fait honte mais le public JAMAIS. Il faut une première à tout. Vous croyez VRAIMENT que la solution à la crise que traverse le CSP c'est un énième croqueur américain qui a un boulard de compèt' et dont le groupe ne veut plus ??? SÉRIEUSEMENT ???
ON PASSE POUR QUOI A LA TV ?
Cracher sur un des meilleurs coaches français pour un ricain à deux balles qui va se torcher de Limoges dès qu'un club avec un chéquier et l'Euroleague ou l'Eurocup à lui promettre va pointer le bout de son nez ?
RANDY... CULE !
On fait copain-copain sur Twitter avec un mec au chômage technique qui passe son temps à se tirer sur la nouille et à se taper des pizzas et ça y est, il faut l'acclamer ?! On l'a pourtant vu à l’œuvre le Randy ! Il saute haut, il met des jolis paniers mais ce n'est ni Michael YOUNG ni Adrien MOERMAN (11pts 3pds 0,6rbds 2bp 10,3 d'éval... ça sent pas le messie !). Il s'en cogne de vos "Randy, Randy" ça lui sert juste à faire un énième pied de nez à un coach à qui il a sans doute déjà manqué de respect, ce qui lui a valu sa situation. QUELLE HONTE... Entre un président oligarque et un public qui ne voit pas plus loin que le bout de son tweet, le CSP m'inquiète comme il ne l'avait pas fait depuis 2004...
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Un grand n'import'Heikoi !
Limoges 52 - 64 Asvel : Analyse
# 108 - Swaggerfit
03/12 - 19h22
Quand on se fou de la gueule d'un pseudo ... MDR
J'ai dit que j'étais d'accord avec vous m'as tu bien lu sur Forté? @pointguard
Alors tu t'es foutu de ma gueule, donc ta parlé surtout de la Forme et non du Fond de mon coms
Ta 0 répartie c'est fou, tu prends les gens de haut et c'est tout ce que je deteste ...
Et je pense que personne ici ne viendra dire le contraire, tu as beau avoir de belles analyses et t'investir de fou mais forcé de constaté que tu ne respectes pas le lecteur