Allez Poitiers !

Pourquoi un tel titre sur Beaublanc.com ? Une hérésie ? Et bien non, tout juste un peu d'humilité de la part d'un site consacré à un Limoges si souvent taxé de suffisance (de plus en plus justifiée devant les piètres résultats sportifs). Regardons un peu de qui nous parlons : du POITIERS BASKET 86, pas un nom à faire vibrer les foules ou à raviver des souvenirs au fin fond du Lubéron comparé aux trois lettres magiques CSP.
A l'heure ou la basket "pro" français se morfond dans un océan d'anonymat baigné de querelles de clochers qui lui coûtent exposition médiatique et popularité au profit du rugby et bientôt du hand qui savent se vendre même s'ils partent de plus loin, le PB86 apparaît comme l'archétype du club qui a tout compris.
Né en 2005 de la fusion de deux clochers qui ont cessé de se quereller (Le CEP Poitiers Basket et Le Stade Poitevin) pour mettre en commun leurs énergies et leurs talents, le PB86 a brûlé les étapes en s'appuyant sur des valeurs totalement disparues en Limousin depuis pas mal d'années : FORMATION, COLLECTIF et CONTINUITE ! A Poitiers, on n'a pas de passé glorieux mais on a des équipes de jeunes à tous les niveaux, une réserve en N3 et on sait construire avec des joueurs "maison" (Thinon, Guillard, Devehat ou encore Maynier le prodige que l'on a su faire revenir au bercail). On recrute "malin" avec des joueurs adaptés au niveau et pas des superstars (Gomez, Wallace -un US fidélisé et pas surdimensionné ou surcôté- ou encore Gunn). Bref on n'a pas la folie des grandeurs et on a même plutôt du mal à suivre les sportifs qui avancent plus vite que le club ne se structure !
Ainsi on a vu il y a 3 ans le PB quitter son gymnase du Dolmen pour squatter la salle Lawson-Body, temple du volley hexagonal, devant le succès de la balle orange. On les a vu l'an dernier évoluer sur un "taraflex" alors qu'un parquet est obligatoire en ProB... un petit côté amateur réparé depuis l'été dernier. On va même les retrouver sur le prestigieux parquet de Bercy le week-end prochain face à Besancon, à 40 petites minutes de la ProA qui serait, en cas de couronnement, un nouvel excès de vitesse pour les dirigeants du club.
L'AMBIANCE
L'ambiance est toujours fantastique à Limoges... quand on gagne ! L'engouement n'a ainsi pas fait un pli pendant les deux années de N1, avec une adhesion quasi totale des joueurs comme du public aux stratégies d'Hugues Occansey. Mais les deux saisons de proB ont clairement changé la donne. Après avoir suscité stupéfaction et incompréhension, l'épisode "coach-Forte" a fait exploser l'ambiance de Beaublanc. Quand le coach accuse les joueurs, que les joueurs partent aigris contre le(s) coach(es), que les supporters réclament (et obtiennent) la tête du coach ou des joueurs, rien ne va plus. Comment espérer avoir un véritable esprit d'équipe, une communion entre les travées, le banc et le parquet quand 34 joueurs portent le même maillot en deux saisons ! Chaque joueur étant susceptible de voir son contrat interrompu après deux contre-performances, difficile de garder une bonne ambiance.
La stratégie des Poitevins est totalement différente. TOUS les joueurs ayant participés à la montée de N1 ont joué en proB la saison suivante, dont seulement 2 sous un autre maillot. La première saison en proB a été délicate, et une mauvaise gestion des égos des étrangers a poussé Greg Thielin sur le banc du centre de formation. Malgré cela, la confiance a été maintenue à l'ossature de l'équipe, et 5 joueurs (Français) majeurs ont été conservés. Un groupe ultra soudé, remarquablement renforcé par deux américains habitués à jouer ensemble (à Brest la saison précédente), le retour à la maison de l'emblématique Ruddy Nelhomme (après avoir été coupé de Cholet), et Poitiers a pu connaitre le parcours incroyable de cette saison, dont la dernière ligne reste à écrire. Quoi qu'il advienne, cinq joueurs ont déjà resigné pour la saison prochaine, et 3 ou 4 autres sont proches d'un accord avec le club. C'est aussi cette confiance qui a permis à Kante de faire une fin de saison tonitruante, ou à Maynier (le capitaine) d'apporter 25 points pour la belle et de faire basculer la rencontre après une saison en demi-teinte.
Dans les tribunes, l'ambiance est également incomparable. Les pictaviens découvrent le basket, et y prennent goût. Conscient que leur équipe n'aurait pas du espérer beaucoup mieux que le maintien, ils soutiennent leur équipe en toutes circonstances, excusant les défaites et fêtant chaque victoire comme un titre. Les supporters se sont structurés en un club qui n'a franchement rien à envier à nos phénix et eagles, et qui affiche un fair-play trop rare... Leur accueil des supporters adverses, comme leurs déplacements sont exemplaires.
À Limoges, beaucoup ont gardé en bouche le goût des années fastes, et veulent des coupables à chaque défaite. Aucun joueur (ni les coaches, ni même les préparateurs physiques) n'a été épargné sur les forums, chacun en prenant pour son grade à la moindre contre-performance. Au lieu de pousser leurs joueurs à se transcender, les limougeauds enfoncent ceux qui doutent. Niveau accueil, les Limougeauds sont aussi persuadés d'être la meilleure salle de France... Et pourtant, en ProB, les sifflets lors de la présentation des adversaires n'existent que dans une salle. Un passé unique ne justifie pas tout, et en tout cas pas l'arrogance ("Nous, nous avons connu l'europe, affrontés Turcs et Grecs, vous ne pouvez pas comprendre...").
Poitiers nous prouve qu'on peut gagner sur des valeurs, sur un amour du maillot cultivé, et un réel plaisir à supporter une équipe. Les supporters comme les dirigeants Limougeauds feraient bien d'en prendre la graine !
LES MEDIAS
Mais alors comment ne pas être derrière nos "voisins" (même si les querelles de supporters ont la vie dure) et surtout derrière les valeurs qu'ils représentent ? Quand on dit que le basket doit s'axer sur les grandes villes pour attirer l'ULEB et ses millions, notre bon président LeGoff et son copain Mainini doivent s'arracher les cheveux quand des villes comme Roanne et Poitiers s'avancent sur les dernières lignes des playoffs ! Les médias boudent le basket ? Et bien tant pis, les médias ont toujours un wagon technologique de retard et certains l'ont bien compris : nombre de clubs de basket diffusent via le web leurs matches en direct commenté ou en différé- et multiplient les solutions alternatives afin de fidéliser leur public. Encore une fois Poitiers fait partie des précurseurs grâce à son partenariat avec le CRITT, et l'excellent travail de Benoit Dujardin. Limoges fait illusion grâce aux énormes moyens de France3 en diffusant quelques matches (commentés avec plus ou moins de bonheur par des spécialistes de rugby) et un site internet qui fleure bon l'amateurisme et le gif animé du web 1.0 pendant que Poitiers nourrit le sien d'interviews, d'articles de presse et de suivi de ses équipes de jeunes ou de N3.
LE BILAN
Et nous alors ? Assis sur nos souvenirs, notre affluence record et nos moyens surdimensionnés... où en sommes nous ? A regarder envieux nos voisins aux portes de la ProA après laquelle nous courons comme l'abruti de cabot du voisin après la Kangoo du facteur... assis sur notre paquet de titres plus glorieux les uns que les autres mais toujours englués dans une ProB sans identité ni intérêt !
LA FORMATION
A l'heure où Landouge et l'ASPTT Limoges se fédèrent au sein de l'Union Basket Limoges 87 pour mettre en commun leurs jeunes et cesser de stagner en 2e division et de se voler les mêmes gamins années après années, le GRAAAAND Limoges CSP reste sur la touche et regarde ça depuis son piédestal (et son équipe cadet elle aussi en 2e division nationale). En interne, on se déchire, les rumeurs de putsh couvent avec d'un côté une prise de pouvoir par les dirigeants du club pro par le biais de licenciés qu'on ne voit jamais dans les gymnases et de l'autre l'équipe en place qui s'auto-déchire et peine à compiler un véritable projet de formation. Le tout avec, rappelons-le, une structure comme Chéops (centre d'hébergement sportif avec des installations à faire saliver l'INSEP) à disposition et l'expérience du centre de formation des années 90, en particulier avec les établissements scolaires qui sont parmi les meilleurs de France en terme de résultats au BAC... De quoi attirer nombre de jeunes pousses et de mettre en confiance leurs familles ! Mais non ! Limoges stagne, Limoges "claque" des dizaines de milliers d'euros pour de l'esbroufe, des recrutements paillettes des jokers plus nombreux que dans les jeux de cartes du Casino d'Eveaux les bains (un autre sponsor du CSP...) et surtout, Limoges reste à distance de toute forme de cohérence en terme de formation, de continuité (même si Olivier Cousin semble être la meilleure nouvelle dans ce domaine depuis la prise de fonction d'Hugues Occansey) ou de collectif... ah mince ! Ne sont-ce pas les points forts du PB86 ?
L'AVENIR
Et bien soit, que Poitiers continue à nous montrer la voie (n'ont-ils pas été champions de NM1 devant nous ?) et que nos dirigeants apprennent l'humilité pour travailler comme à Poitiers malgré ce lourd passé et ces titres qui sont aujourd'hui comme des boulets à traîner devant les exigences financières des intermédiaires ou les volontés décuplées des adversaires qui veulent se payer le scalp du champion d'europe 93. En attendant les limougeauds sont en vacances, même si coach Cousin entend bien inculquer quelques soupçons d'humilité à certains en maintenant des entraînements jusqu'au terme de leur contrat (soit au 15 juin). Une suggestion pour la dernière séance : un visionnage de la finale de ProB... et des deux équipes que l'on a regardé de haut depuis nos glorieuses tribunes, alors qu'elles pourront, ELLES, évoluer en ProA l'an prochain ! Allez Poitiers ! Votre montée vous l'aurez méritée !
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Oyono reste aussi
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# 13 - KOPNORD
19/06 - 12h00
Je n'ai pas saisi l'utilité de balancer un tel article sur un club rival en championnat.
Reconnaître ses mérites pour la belle saison qu'ils ont effectué, ok mais de la à les encourager avec un titre consternant :"Allez Poitiers", faut pas charrier quand même.
Ici c'est limoges, donc pas de place pour les autres, encourager notre club est une mission noble, chambrer l'adversaire fait partie du jeu, les sifflets de Beaublanc en font sa légende, que voulez vous obtenir à la fin : un public de benets comme il en existe dans de nombreuses salles de basket en France, alors non merci et je ferai toujours partie de cette frange d'ultras irrascibles pour qu'il n'en soit pas ainsi.