Forté : "J'agirai en électron libre"

Illustration

Illustration a réalisé par le biais de Mickaël VAILLANT une longue interview de Frédéric FORTE au cours de laquelle il revient sur son élection au comité directeur de la FFBB. Notre président évoque également les projets de la fédé vis-à-vis de l'équipe de France et il aborde bien entendu notre bon CSP Limoges. Pas mal de langue de bois, beaucoup de digressions mais des noms, des infos et même un petit scoop à propos de notre cathédrale Beaublanc en fin d'entretien. Bonne lecture.

RTF : Vous avez souhaité vous investir davantage dans le basket français, c'est pourquoi vous faites maintenant partie du comité directeur de la FFBB ?
Frédéric Forté :
Déjà, le constat a été fait par énormément de personnes, proches du basket ou pas d'ailleurs, que tout ne va pas très bien. Certains éléments au niveau de la formation, des médailles, des jeunes, de la structuration de la fédération qui est, elle par contre, très positive il y a une amélioration depuis une dizaine d'années très significative. D'un autre côté, il y a la vitrine qui est l'équipe de France A où avec l'élimination pour l'instant du championnat d'Europe, pour le moment puisqu'il y a un tour de repêchage cet été. Cette équipe de France qui est la grande grande vitrine de la fédération ne marche pas très bien, donc on a tous reçu, tous les gens du milieu du basket, des mails et des coups de fil très critiques envers la fédération et, à un moment, je me suis dis, le constat est ce qu'il est mais est-ce que comme d'autres je ne peux pas essayer d'apporter mon écot ? J'ai voulu un petit peu tenter l'aventure pour une fois sans trop en parler et en regardant ça de loin parce que c'est vrai que la fédération c'est une gros paquebot avec une force d'inertie importante et impressionnante et on ne sait pas trop comment ça marche. Donc j'y suis allé et avec un mode scrutin un petit peu particulier j'ai eu l'heureuse surprise de voir que dès le premier tour j'avais été élu. Donc maintenant, je fais partie avec trente cinq autres membres du comité directeur et on va voir début janvier comment les rôles vont être répartis.

RTF : C'était mûrement réfléchi cet engagement ou c'est venu cette année ?
FF :
C'est venu vraiment cette année, c'est venu au tout dernier moment puisqu'en fait je me suis inscrit le dernier jour date limite pour s'inscrire. Les élections étaient le 13 décembre, on avait un mois pour s'inscrire, et le matin du 13 novembre j'ai reçu deux coups de fil et un mail un peu assassin où tout le monde crachait un petit peu dans la soupe et j'en ai eu tout simplement assez, sans revenir sur le constat en lui-même qui peut laisser penser qu'il y a des choses qui vont bien et d'autres moins bien, je me suis que si à un moment tu veux dire ce que tu penses, et bien il faut faire partie du système pour comprendre et voir comment cette grosse machine fonctionne de l'intérieur et peut être réussir à faire passer à ton niveau quelques messages.

RTF : Il y a donc une envie de faire évoluer les chose mais Yvan Mainini est président depuis 1992 tout de même… là aussi c'est une déception, alors, pour qui avez-vous voté ?
FF :
Alors, il faut savoir que ce ne sont pas les membres élus au comité directeur qui ont voté en premier lieu. C'est une élection un peu compliquée. Ce sont les comités départementaux et les ligues régionales qui votent et élisent des grands électeurs. (NDLR : Les présidents du CD87 et de la ligue de Limousin ont indiqué sur le plateau de "Autour du cercle" qu'ils avaient voté avec enthousiasme pour Y. Mainini). Une fois ces 35 membres élus, n'importe qui parmi eux peut se présenter comme candidat à la présidence et seul Yvan MAININI s'est présenté dans un premier temps. Puis, Roselyne BIENVENUE qui représentait le Maine et Loire a souhaité se présenter pour qu'il y ait justement un "contre-pouvoir" à l'intérieur du comité, mais je pense que ce n'était pour elle pas spécialement réfléchi, c'était plutôt spontané simplement pour qu'une élection dans un pays démocratique soit à peu près valide, il vaut mieux qu'il y ait deux candidats qu'un seul. Donc voilà, c'est vrai que le poids d'Yvan Mainini par rapport à tout ce qu'il représente dans le basket, à tout ce qu'il a fait énormément évoluer dans la construction du basket de 1992 a aujourd'hui fait qu'il avait un énorme avantage et qu'aujourd'hui c'est certainement lui qui est le plus à même de pouvoir faire bouger les choses et faire passer le basket dans ce qu'il aurait du être depuis plusieurs années. Un basket un peu plus ouvert et un peu plus professionnel.

RTF : La première échéance concerne le nouvel entraîneur pour l'équipe de France, allez vous faire partie des personnes qui vont le choisir ?
FF :
Alors, je me suis renseigné depuis pour savoir comment cela fonctionnait. Tout le comité directeur sera réuni le 9 janvier où Yvan MAININI va nommer disons sa garde rapprochée : 14 membres qui vont faire partie du bureau fédéral. Ensuite tout le monde attend avec impatience le nom du nouvel entraîneur qui sera capital pour le bien être de la fédération puisque comme je le disais l'EdF est un peu la vitrine et tout le monde attend ça. On attend aussi également la nomination du nouveau DTN (NDLR : Directeur Technique National) et un troisième poste qui est très important, c'est le fameux "General Manager" de l'équipe de France qui va venir aider l'entraîneur national à construire son équipe et à les mettre dans les bonnes dispositions parce que l'EdF n'est pas encore éliminée du championnat d'Europe, il reste un tour préliminaire où notre adversaire le plus conséquent sera l'Italie. Ces trois postes-là étant encore à fournir ils seront importants pour montrer l'ouverture d'Yvan Mainini.

RTF : Personnellement avez-vous une préférence pour le poste d'entraîneur ? On pense à certains noms… dites nous tout.
FF :
Oui, je pense que la valeur ajoutée que je peux avoir à la fédération ne va pas se situer dans l'organigramme ou dans les commissions sport et terrain, juridique ou marketing… ce que je peux éventuellement essayer d'apporter c'est plus ce qui va concerner le haut niveau et l'équipe de France, même si je ne vous cache pas que ce n'est pas forcément dans ce domaine là que je souhaiterais avoir des responsabilités mais plus sur le domaine de la formation. Pas avec une commission, parce que sincèrement je crois que ce n'est pas l'idée, mais plus pour pouvoir participer à des réunions sur la formation du basket en France et sur la formation des joueurs et des entraîneurs. Je ferme la parenthèse. J'agirai donc plus en tant qu'électron libre mais le comité directeur n'a qu'un pouvoir limité puisque nous ne nous réunissons qu'une fois toutes les trois à quatre semaines et nous y débattrons des différentes questions mais dans le cas de l'équipe de France c'est évidemment de DTN qui est là pour choisir le futur entraîneur en relation avec le président de la fédération. Ce n'est pas vraiment le comité directeur qui va choisir et qui va proposer des noms. Alors j'ai mon avis, comme les autres membres du comité sur l'entraineur…

RTF : Un nom ?
FF :
Il y a tous les noms qui ont été évoqués, il y a eu le fantasme Etorre MESSINA qui avait été lancé par l'ancien DTN mais je pense que c'est vraiment un fantasme (NDLR : Messina a depuis décliné en ces termes «L'Italie jouera la France dans un match qui signifiera la vie ou la mort de tout le basket italien. Et je ne coacherai jamais une sélection qui pourrait décider négativement du destin de mon équipe nationale»). On parle beaucoup et Yvan Mainini ne s'en est pas caché, de David BLATT (NDLR : entraîneur israélien champion d'Europe 2007 avec la Russie), de Vincent COLLET (NDLR : coach de l'ASVEL). Voilà, il y a certainement un ou deux autres noms de coaches, je pense notamment à Bozidar MALJKOVIC qui est un très grand coach, qui n'a pas de club et qui connaît suffisamment bien le basket et les joueurs français pour pouvoir entrer dans cette liste. Maintenant, pour être à la tête de l'équipe de France je crois qu'il va falloir un très grand entraîneur, qu'il faut arrêter les bêtises qui se sont passées ces derniers mois et qu'une équipe marche bien quand le coach est plus grand que les joueurs. Dans le cas présent, pour être plus grand que Tony PARKER ou Boris DIAW il faut quand même un coach avec des épaules assez larges.

RTF : En tant que membre du comité directeur, vous serez également un représentant de la ligue du Limousin. Quel sera votre rôle exact à ce niveau, allez vous rencontrer régulièrement les responsables régionaux ?
FF :
J'en ai déjà parlé avec Gérard FAGUET, le président de la ligue régionale de basket, je serai le représentant non seulement du Limousin mais aussi des petites ligues en France. Il ne faut pas se leurrer, la ligue du Limousin ça n'a rien à voir avec la ligue du Lyonnais ou du Maine et Loire ou du Nord… Il y a plein de petites ligues comme en Limousin qui travaillent aussi bien avec leurs moyens. Ce que je retiendrai surtout de l'élection et de l'assemblée générale élective du 13 décembre, c'est surtout qu'il y avait 150 ou 200 personnes qui représentaient les comités départementaux ou les ligues régionales et que dans leurs yeux on voyait qu'il y avait énormément de passion avec parfois des écarts entre les différentes régions mais tout le monde était là passionné, tout le monde était content de faire partie du monde du basket et ça il ne faut surtout pas le casser. C'est la chance qu'on a dans le basket, on a un sport très implanté dans le territoire avec énormément de gens passionnés et que quelque part je représenterai, même si c'est beaucoup dire, les petites ligues avec le nom CSP malgré tout derrière et avec cette ouverture vers le haut niveau et le monde professionnel. Je crois que les problèmes du monde du basket aujourd'hui ce ne sont pas la fédération seule qui va les régler, ce n'est pas la ligue de basket qui va les régler, ce n'est pas l'UCPB (l'Union des Clubs Professionnels de Basket) qui va les régler non plus. C'est en se mettant tous autour de la table et en essayant de résoudre le problème de façon globale et de voir le basket d'une façon un peu plus générale.

RTF : Merci d'avoir répondu à ces questions, un dernier mot en ce début d'année 2009, un souhait ou plusieurs souhaits ?
FF :
Plusieurs souhaits alors, pour rester sur la fédération : un très grand entraîneur à la tête de l'EdF avec une politique sportive de formation très claire et définie par le nouveau DTN, c'est mon souhait le plus fort, orienté vers la formation des jeunes et des entraîneurs parce que c'est un vrai souci en France. Au niveau du CSP, encore beaucoup de matches comme le match face à Bourg où on avait atteint un niveau de performance rarement vu ces dernières années en ProB. On jouait le leader, ils ont été à près de 30pts tout le match. Donc si on est capable de rééditer ça tous les samedi ça nous prépare à une deuxième moitié de saison plutôt sympathique. C'est tout le mal que je nous souhaite, que les joueurs reviennent après ce break de Noël remontés à bloc, que tout le monde soit mort de faim et qu'enfin ils aient compris la valeur qu'ils ont comme joueur individuellement (mais en général ils en sont conscients) mais surtout comme équipe.

RTF : Si le CSP et le LABC montent cette année, vous remontez l'avenue de la libération en bus ?
FF :
On fera un bus impérial et puis après on trouvera plein d'idées on commencera à pousser les murs de Beaublanc parce que je pense que Beaublanc sera un petit peu petit pour la ProA !

Merci à Mickaël VAILLANT et à Illustration pour ce document. Afin de compléter cet entretien vous pouvez également consulter ci-dessous la conférence de presse donnée par Yvan Mainini suite à sa réélection.

>> http://www.dailymotion.com/video/x7pv2l_interview-dyvan-mainini-ag-lective_sport

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