Et Beaublanc est entré en éruption !

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L'adrénaline vient juste de retomber, le doliprane a fait effet et nous avons fini de nous pincer : ce n'était pas un rêve, le CSP est bien le nouveau champion de France de ProA et vient bien de s'offrir un ticket pour l'Euroleague 2014-15. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Analyse de cette finale.

Pris par la liesse et le résultat net et sans bavure de 3-0 face à Strasbourg, nous ne sommes pas revenus sur l'aspect terrain de ce que l'on peut désormais qualifier de triomphe.
Même s'il y a sans doute peu d'intérêt à se pencher une dernière fois sur cette équipe qui, on le sait, sera en grande partie démantelée (le staff ayant annoncé une volonté de reconstruire autour d'un noyau JFL) chez Beaublanc.com nous aimons le basket et on aime en reparler avec vous.

Strasbourg a pédalé dans la choucroute

Sans aucunement minimiser la performance du CSP, il faut bien reconnaître que la SIG qui s'est alignée en finale était quelque peu diminuée par rapport à la formation qui a terminé la saison régulière en tête.
- Premier élément : le poste de pivot diminué. Si le départ d'Ajinça pour la NBA en cours de saison a perturbé l'organisation du groupe dont il était une pierre angulaire, disons que son remplacement par David ANDERSEN ne fut pas une mauvaise opération apportant au delà de la solidité intérieure, une menace à 3pts non négligeable. La blessure de Romain DUPORT pendant les playoffs fut un nouveau coup dur et son remplaçant A.D. ANOSIKE n'a pas eu assez de temps pour s'adapter et réellement peser sur la série.
- Deuxième élément : L'entorse d'Antoine DIOT contractée lors de la série contre Nancy et qui a grandement influé sur son rendement lors des matches de la finale. Loin de son niveau de MVP français, le bressan a tout de même distillé 18 passes en 3 rencontres mais a complètement déjoué à 3pts (2/17sur la série alors qu'il tournait à 41% en saison). Un problème d'appuis chez un joueur qui n'est pas habitué à jouer strappé et c'est toute la mécanique de tir qui en pâtit (quand on vous dit qu'un bon staff médical c'est crucial !).
- Troisième élément : L'adresse globale de Strasbourg. A l'image de DIOT, la SIG a connu des épisodes de briques assez sévères sur l'ensemble des 3 matches de la finale. Avec 48% aux tirs en saison dont 38% à 3pts et 81% aux LF, la série des finales s'avère sérieusement déficitaire avec 42% et un tout petit 31% derrière l'arc sans parler de l'honteux 67% aux LF. La défense du CSP a évidement bien ciblé les scoreurs et fatigué les organismes (tout comme les 5 manches face au SLUC d'ailleurs) mais la SIG a eu des shoots ouverts... Les défenseurs cerclistes n'étaient pas non plus à chaque fois dans les appuis des artilleurs alsaciens et le passing-game made in Collet a créé les positions. Strasbourg a manqué de réussite.

Limoges sur un nuage

Limoges de son côté a joué comme dans un rêve. Acker et Green sont devenus sur l'ensemble des playoffs les joueurs d'équipe que l'on rêvait de voir depuis le début de la saison. Personne n'a jamais contesté le talent de ces joueurs et dont ils avaient fait montre par courtes séquences sur des matches où le CSP devenait injouable ! Malheureusement, comme nous l'avons longuement regretté toute la saison, leurs égos reprenaient le dessus et le croquage devenait l'impression majoritaire laissée par ces joueurs, faisant même oublier leur talent (sans parler des soucis familiaux de Taurean Green qui a même du rentrer aux States entre temps). Alors même si le titre est aujourd'hui en poche et que certains oublient ces errements, ne soyons pas amnésiques et la transformation de ces joueurs sur les phases finales peut au choix ravir ou agacer, car en jouant comme ça toute la saison, Limoges aurait survolé le championnat comme aux plus belles heures !

ACKER vaillant !

Acker a rentré des shoots de All Star (du catch and shoot digne de Michael Young et je pèse mes mots !), a défendu (sans superlatif mais déjà défendre ça semblait énorme par rapport à la saison régulière) mais surtout Alex a distribué et du coup n'a pratiquement rien forcé. Avec 3,8pds par match (soit une de plus en moyenne que sur la saison) il a également permis à ses coéquipiers de briller (Zerbo entre autres a bénéficié de ces fixations pour malmener les cercles). Au final, le bilan sera un peu sévère mais ce qui fait la différence entre un joueur pétri de talent comme Alex ACKER et un Grand joueur c'est sans doute l'abnégation et le sacrifice sur l'année entière. Ce n'est sans doute pas pour rien qu'il est passé par les plus grandes places du basket (de la NBA à aux plus grosses écuries d'Euroleague) sans jamais être conservé : tous ont vu le talent, aucun n'a été satisfait et seul Limoges a eu la patience et un staff assez "souple" pour emmener ce diamant brut en phases finales pour s'offrir un titre qui, croyez-le ou non, est le premier de la carrière d'Alex ACKER ! Le MVP des finales ne sera sans-doute plus limougeaud l'an prochain, les offres lucratives ne devant pas manquer et la communication avec JM Dupraz n'étant pas des plus simples, mais il laissera néanmoins une trace indélébile en Limousin.

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Des US au top !

Acker a survolé l'exercice des playoffs et le titre de MVP couronne ce travail mais Green est redevenu le distributeur de l'automne (avec presque 4pds sur les playoffs) et Edwards a rayonné sous les panneaux. Souvent qualifié de "second meneur" par George EDDY le pivot limougeaud a en effet distribué en sachant s'éloigner du cercle et donner des écrans à foison en tête de zone. En défense, JK a également posé énormément de problèmes aux intérieurs strasbourgeois se battant sur tous les rebonds et en usant de son volume physique. Comme ses compères, il a clairement élevé son niveau de jeu sur les playoffs mais comme ses compères il y a peu de chance qu'il prolonge en Limousin. Un dernier mot sur le facteur X de ces playoffs : JR Reynolds ! Malgré un accrochage très visible avec JMD, Reynolds a su accepter un rôle en sortie de banc et peser LOURDEMENT sur le sort des rencontres. Très juste dans son basket, il a planté des shoots cruciaux, venant mettre la tête sous l'eau à l'ASVEL à Dijon et à la SIG à des moments où nos adversaires étaient contents de voir sortir un joueur "majeur". Avec ce profil de 6e homme, JR a sans doute été un des éléments clés dans la victoire du CSP.

La French connection

Assez parlé des américains, n'oublions pas que si cette équipe est repartie alors qu'elle était au creux de la vague, c'est sous l'impulsion des français, Adrien MOERMAN en tête. La recrue phare de l'inter-saison s'est mué en capitaine (sans en avoir la fonction officielle) courage ! Il a sonné la révolte, poussé une gueulante et est devenu le leader charismatique de cet empilement de talents cyclothymiques. Pas toujours en phase avec son shoot à 3pts, Adrien a largement compensé par une activité incroyable au rebond (8,3 sur la finale, 2e rebondeur de ProA) et une communion avec le public prompte à faire adopter ce roannais de souche. Sans aucun doute capitaine l'an prochain, il aura l'occasion de confirmer l'étendue de son talent en Euroleague lui qui était parti en Espagne sans parvenir à s'imposer. Avec l'expérience et la furie limougeaude en plus, il ne demande qu'à exploser sur la scène continentale.
Nobel ! Ah ce Nobel, comme Acker si agaçant par moments, si touchant à d'autres. Capable de faire lever tout Beaublanc sur un de ses dunks "signature" comme de pousser une gueulante sur son coach, ce baton de dynamite a littéralement explosé lors de ces playoffs. Après une saison de révélation, MVP du ALL STAR GAME, 2e meilleur marqueur français (5e de ProA devant Riley, Harris et consorts) Nobel a lui aussi joué collectif effaçant (presque) toutes ses tendances au croquage et mettant une pression défensive de dingue sur les meilleurs éléments adverses (son travail sur Riley reste un bijou de sacrifice physique). Toujours sous contrat, préselectionné (comme Adrien) en Equipe de France A et A', il nous reviendra fatigué mais expérimenté à l'international, chaud patate pour l'Euroleague. Attention à bien gérer cet été dense avant une saison très dense elle aussi, Nobel fait partie des joueurs qui vont découvrir ce rythme de dingue… la rançon du succès !

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Joseph GOMIS, vétéran ex-international, reconnu en Europe qui a connu tant de choses et le voilà comme un gamin avec sa casquette de champion vissée sur les oreilles, lui qui est venu pour 3 ans avec un projet : remonter le club en ProA (champion de ProB au passage) et gagner des titres (ProB donc puis Match des champions et maintenant ProA avec qualification européenne). C'est donc un carton plein, 3 titres en 3 ans et surtout le sentiment du devoir accompli. Magnifique de gestion et d'intelligence, froid comme une lame au moment de crucifier n'importe quel adversaire en sortant du banc et rayonnant de sérennité dans cette équipe de jeunes excités... On l'a dit et on le répètera : MONSIEUR JOGO ! Professionnel jusqu'au bout des ongles, premier à arriver, dernier à partir. S'il a pu influencer un peu ses coéquipiers pour leur avenir il aura été au delà de son rôle. On a tous compris entre les lignes qu'il irait faire la der' à Evreux du côté de là où tout à commencé mais que son passage en Limousin aura été apprécié.
Fréjus ZERBO a tout simplement été magnifique ! Son volume ne cesse de peser sur le jeu adverse, de simple dissuasion "maladroite" il est devenu une menace active en défense, un bon poseur d'écrans et une sanction dunkeuse lorsque les défenses s'écartent trop pour aider sur les extérieurs talentueux… Fréjus a compris que le dunk était plus efficace que le tir crochet les cercles de Beaublanc vibrent encore de ses acrobaties. On a hâte de le voir encore progresser, c'est un régal… et il est si souriant !
Johan PETRO n'a pas su hausser son niveau de jeu. Il a glissé de pivot titulaire NBAer auréolé d'un titre de champion d'Europe à 3 remplaçant au bout de la rotation du CSP pour ne jouer que 3min lors du dernier acte de la finale (les choix de tactiques de Collet de jouer avec deux 4 sans vrai pivot ont aussi influé là dessus) mais pour autant l'antillais n'a pas fait de scandale et a célébré comme tout le monde un titre acquis au bout d'une saison folle ! Sans doute pas conservé l'an prochain, souhaitons lui de trouver une équipe où il arrivera enfin à assumer un rôle majeur et non de rotation mais qu'il ne vienne pas pour autant nous faire la misère à Beaublanc.

Dupraz, à tout jamais…

Que serait une analyse de la finale sans parler de Jean Marc DUPRAZ. Au buzzer, l'image qui a marqué tout le monde sur Canal+Sport c'est ce grand gaillard les bras levés au ciel dans son costard ! Lui, triomphant au terme d'une saison de galère, après une nomination délicate en plein été avec un effectif non-choisi, à gérer des caractériels de première. Lui qui a tout subi, traité de loser avant même de poser un orteil en Limousin, l'enfer lui était promis… il a décroché le paradis et St Pierre lui en a ouvert grand les portes ! La folie du peuple limougeaud il connaissait, témoin discret du sacre de 93, il devient le premier à remporter la ProA comme joueur et comme entraineur à Limoges. Discret dans son coaching, moqué jusque sur D8 pour son anglais aussi authentique que le français de George Eddy, Dupraz a courbé l'échine toute la saison. Froid et rigide d'apparence c'est finalement sa "souplesse" qui aura permis à cet improbable effectif de ne pas exploser en plein vol. Bravo M. Dupraz, à un match près vous étiez une buse incapable… vous êtes devenu l'entraîneur du renouveau limougeaud… à tout jamais… le même refrain qu'en 93… à tout jamais !

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Le public

Tout a été dit : hors normes, incroyable, bruyant, bouillant... il fut tellement important (les 6000 dans Beaublanc, les centaines qui ont passé la moitié de la nuit rue Haute Vienne pour avoir des places, les 10.000 dans le stade... toute la ville a vibré et d'ailleurs nous reviendrons là dessus dans un autre article tant le 6e homme a dépassé son rôle. à ce sujet, n'hésitez pas lire l'appel à témoignage ci-dessous.

Appel aux expats :

Dans quelques jours, un petit dossier sur la célébration du titre à Limoges mais aussi ailleurs, n'hésitez pas à nous envoyer vos photos si vous avez mis le bazar dans votre immeuble, votre village, un bar etc… La fête a été belle à Limoges mais aussi à plein d'endroits et nous voulons montrer cela ! Envoyez vos photos et vos anecdotes par mail en indiquant la personne -ou le pseudo- à créditer conjointement à pointguard <@> beaublanc.com et youff <@> beaublanc.com (sans les espaces ni les flèches bien sur !). Merci de votre aide.

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