Victoire aux forceps à Dunkerque

Illustration

Emmené par un Mason qui en a clairement sous la semelle, le CSP s'impose enfin (et à l'extérieur svp) et retrouve quelques couleurs. Maigre exploit face à un BCM bien pâle d'autant plus que Limoges qui a mené de 16 points au QT4 s'est fait peur laissant les locaux revenir à 2 possessions dans le money time. Analyse complète dans quelques heures.

Le match

QT1, un bon départ du CSP avec un 3pts d'Invernizzi pour ouvrir le score suivi d'un autre en fin de QT (je précise car après il disparaît avec 8pts au final…). Un bon départ donc malheureusement vite tempéré par les 2 fautes rapides de Gavin WARE (4min). Quand on sait l'importance du pivot dans l'efficacité limougeaude, cela avait de quoi inquiéter. Heureusement en face, les maritimes sont très maladroits alors que Limoges trouve des solutions variées tout en mettant la plupart de ses lancers. 29-19 les corsaires prennent un premier coup sur la tête.

QT2, 0-6 d'entrée, on se dit que le CSP est reparti pour nous faire du CSP… mais le BCM est vraiment faible. Résultat, les deux équipes font jeu égal mais l'info du soir se passe sur les bancs de touche : à Limoges Mamadou GUISSE fait son retour alors que chez les gravelinois c'est le précieux Chris BABB qui est sur le flanc. Autre enseignement important de ce QT : les deux leaders Maxhuni et Denis font un mauvais match. Ce sont les intérieurs nordistes qui tiennent la barraque : Fofana et Quinn sont au chevet d'un BCM bien malade et même le jeune Letailleur se montre précieux. Le score joue aux montagnes russes mais Limoges recreuse l'écart de 10pts installé au QT1. Retour aux vestiaires sur le score de 37 à 47 soit des totaux respectivement inquiétants et flatteurs.

QT3, Frank MASON prend les choses en main. Le meneur limougeaud se rend rapidement compte qu'absolument personne en face ne peut le tenir. L'ex-MVP de GLeague se balade au milieu de la défense et entre layups sous le nez des défenseurs mis dans le vent par ses dribbles et caviars envoyés en transition ou sur jeu placé… ce soir le meneur justifie un peu plus ses généreux émoluments. Dans n'importe quelle autre équipe on aurait appliqué le fameux système "on passe la balle à Frank"… mais au CSP non ! On ne mange pas de ce pain là nous Monsieur ! Le Mason aussi chaud que la baraque à fricadelle du coin de la rue, on le benche ! Et on regarde le courageux Théo Magrit aller galérer et rater ses lancers alors que Mason avec la caravane attelée et le frein à main se baladait en sifflant au milieu des gravelinois laborieux. La B-Unit termine le QT et dans le duel des Lewis, Justin et Mike font match nul… dans tous les sens du terme. (en fait, dans la famille Lewis, Crawford aurait dû recruter Parker !!!). 52-67, Limoges se lance dans le QT4 avec 15 points d'avance.

QT4, 15 points d'avance. Dans plein de clubs ça veut dire pop-corn, on baille on se fait chier avec un garbage time et on part 5min avant la fin pour éviter le bouchon sur le périph'. Mais à Limoges ON SAIT QUE NON ! Plier un match ne fait plus partie du vocabulaire du CSP depuis bien trop longtemps. Même face à un adversaire qui non content d'être assez faible, est plutôt dans un mauvais soir, on n'y arrive pas. Déjà Dario nous fait du "Si tu vas à Rio" en maintenant les benchers pour reprendre le QT (un cinq Magrit – Franklin – Guisse – Invernizzi – Jovanovic) si vous n'avez besoin de rien, appelez-les ! Franklin n'est que l'ombre du swingman vu en début de saison et les autres peinent à faire des choses simples. Les pertes de balles se multiplient et la défense apathique a comme seul mérite de redonner confiance aux shooteurs adverses enrhumés. Maxhuni et Denis retrouvent la direction des filets, Fofana mange du serbe et même Lewis (le leur !) arrive à envoyer une flèche. Quand Gjergja décide enfin de relancer les titulaires, la dynamique est déjà inversée et la confiance a changé de camp. Le CSP regarde alors le BCM revenir sur ses talons. Heureusement que dans ce cafouillis généralisé les maritimes sont aussi mauvais en attaque que les cerclistes en défense. Malgré tous les efforts d'Invernizzi dans les dernières minutes avec faute-perte de balle-panier encaissé et toute la maladresse (y-compris de Mason) aux LF… les maritimes ne sont pas parvenus à reprendre la tête au tableau d'affichage. A -7 à une minute du buzzer la petite salle des Flandres s'est vidée en quelques secondes. Quand on connaît la ferveur du public nordiste, cette résignation en dit long sur malaise ambiant à Gravelines-Dunkerque. Chacun ses problèmes mais il y a fort à parier que le BCM n'aura pas le même visage au match retour, l'opération maintien semble lancée et malheur au perdant du prochain Opalico.

Analyse

Que de souffrances pour un match qui sur le papier aurait dû être plié avant de commencer et qui sur le terrain aurait dû être plié dès l'entame du QT4. Comment avec une avance de +15 une supériorité dans l'adresse et des individualités clairement supérieures sur tous les postes, Limoges se retrouve à 4pts dans les dernières minutes ? Comment un Mason qui semble si facile (sans forcer) n'est il pas le leader écrasant de cette équipe ? Comment Ware qui bouffe tout le monde dessous n'est il pas plus utilisé dans les moments importants ? Pourquoi des mecs qui puent le basket comme Franklin ou Stergar évoluent ils en dent de scie ? Il y a fort à parier que les réponses à toutes ces questions résident en un mot : l'utilisation. La fréquence et le moment des rotations nous laisse pantois depuis le début de saison et chez des joueurs comme Mason (d'un naturel désabusé il faut le reconnaître) le spectacle de coéquipiers sympathiques mais laborieux qui bénéficient de grosses minutes ne pousse pas au don de soi. Dario Gjergja va devoir procéder à une sérieuse introspection et remettre en cause le timing de ses choix de rotation car de toute évidence il n'a pas trouvé la bonne formule où les benchers viennent relayer sobrement les joueurs majeurs avant de s'effacer pour laisser les bonhommes faire le taf. Pas certain que le croate soit très enclin à la remise en question… et ce n'est pas sa prolongation pour 3 ans totalement incompréhensible à ce stade de la saison qui va être de nature à lui mettre une quelconque forme de pression.

Dès ce weekend déplacement à haut risque en Dordogne où un autre rescapé de la NBA retrouve ses jambes de 20 ans… tout ce dont on rêve à propos de Mason ! Si Gravelines était un match couperet, Boulazac le sera tout autant, car de toute évidence c'est dans cette partie de tableau que le CSP disputera la fin de la saison… à moins que Dario ne trouve comment faire chanter le soleil de Mexico à Beaublanc.

On a aimé

Frank MASON : Pffff si vous ne voyez pas la facilité que dégage ce joueur en quelques actions, arrêtez de regarder du basket, allez jouer au bridge et ne refoutez plus jamais un orteil à Beaublanc. Si on arrive à remonter ce mec comme un coucou et qu'il décide de s'énerver, il n'y aura pas grand monde pour le stopper dans cette ligue. Problème, pour le moment, il joue en tongs.

Gavin WARE : Dans le cinq ou en sortie de banc, Gavin c'est money in the bank. Il s'en fout, il prend ses rebonds, il feinte, il score, il met ses lancers. Il fait des fautes, il revient, il les lessive. On est trèèèès loin des Chassang et autres Yeguete. Lui c'est un big man et il est régulier.

Leon STERGAR : Pas forcément le plus efficace avec des pertes de balle malvenues mais un des plus volontaires. Un sens de la course infatigable et toujours des relances rapides qui forcent les défenses à galoper. Précieux le Leon !

Nico LANG : Même s'il n'a plus son immense maîtrise à 3pts, il demeure un shooteur fiable et ce n'est peut être pas par hasard qu'il prend de plus en plus de tirs en mid-range, il voit lui aussi les banderilles gainées ne s'enchaînent plus comme il y a un an ou deux.

On n'a pas aimé :

Les rotations : On l'a expliqué en long en large et en travers plus haut. Cette gestion incompréhensible ne construit pas de hiérarchie au sein de cet effectif. Les starters jouent moins que leurs doublures, le droit à l'erreur semble de mise malgré les gesticulations du coach. C'est à n'y rien comprendre… et on ne comprend rien… et les joueurs non plus semble-t-il.

Nikola JOVANOVIC : Heureusement il apporte la quantité (10pts 6rbds) mais à quel prix… Comment peut-on avoir ce physique et ce toucher sur des hook-shots et être aussi laborieux pour pratiquement tout le reste ? Ce garçon est un mystère.

Hugo INVERNIZZI : Dans le cinq, il met ses premiers tirs et devrait être en confiance pour la suite… mais non. Une porte ouverte en défense et des ballons qui transitent par lui mais sans qu'il prenne la responsabilité de les exploiter. Rien de nouveau.

Armaan FRANKLIN : ça fait mal à écrire mais quand on voit la dimension athlétique de ce joueur, quand on l'a vu créer du jeu et driver dans le trafic, on a mal pour lui. Mal utilisé ? Pas en confiance ? Homesick ? Peu importe, on veut retrouver le Franklin du début de saison.

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