Les Sharks pris dans les filets de Beaublanc

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Voilà ! C'est ça qu'on attend du CSP : mettre des bonnes grosses tatouilles à la moitié des équipes de ProA et être à la hauteur de son budget et donc de son standing. +30 contre une équipe qui nous avait battu à l'aller, c'est vous dire la hauteur du foutage de gueule du recrutement du début de saison... Ne boudons pas notre plaisir ce soir car la route des playoffs se dégage... mais n'ayons pas la mémoire courte à terme, quelle que soit l'issue. Analyse.

UN RECRUTEMENT QUI CHANGE TOUT

Avant de nous enflammer sur les qualités de Randle et Jones, ayons avant tout une pensée émue pour :
- Zamal NIXON
- JR Bremer
- Cliff Hammonds
- Ernest SCOTT
- Bernard JAMES
qui n'ont pas su aller au bout de leur contrat (exception faite d'Hammonds pigiste) mais pensons aussi à :
- Erazem LORBEK
- Tiny GALLON
- Tony MITCHELL
Et oui pas moins de 8 joueurs qui ont foulé le parquet de Beaublanc... des billets d'avion, des hébergements, des transports, des chèques, des virements, des commissions, des agents, des essais, des examens médicaux, des équipements sportifs et que savons-nous encore... tout ça pour "économiser" et ENFIN nous faire péter du Jerome RANDLE et du Joseph JONES à 3 mois des playoffs ?! Alors soit les 8 précédents se nourrissaient de graines et se déplaçaient à pied tout en dormant dans un coin sombre de Beaublanc, soit on se fout un petit peu beaucoup de notre gueule entre les abonnements au même tarif/match qu'une saison d'Euroleague et les évènements privilèges où vous aurez le droit de serrer la paluche d'un tocard qui repartira dans quelques mois/semaines en attendant les vrais joueurs pour le printemps.
On peut entendre et comprendre que le marché a changé et que l'Europe (et encore moins la France) ont perdu de l'attractivité auprès des US avec la concurrence de l'Asie ou de l'Océanie mais il est certain que SANS volonté de construire une vraie équipe dès la présaison, le CSP ne pourra QUE vivre les montagnes russes des mois qui viennent de s'écouler et plus jamais construire... en cas de qualification européenne cela reviendrait à du suicide ne permettant JAMAIS de sortir des phases de poule.
Ajoutons à nos recrues Olivier BOURGAIN, le néo GM du CSP qui aura la lourde responsabilité de succéder à Fred FORTE dans ce rôle, mais la seule question qui importe vraiment sera la suivante : Forte lui laissera-t-il réellement les rennes où tirera-t-il toujours les ficelles en coulisses ? La fameuse carte blanche à Dule l'été dernier et les récents développements nous montre que les actes sont jusque-là très éloignés des paroles.

Et Antibes dans tout ça

Antibes a fait un bon début de saison, s'appuyant sur l'éternel Tim BLUE qui les a emmenés de ProB en ProA et qui continue à écoper quand les requins prennent l'eau. Dans une mauvaise passe après le départ du meneur Sharraud CURRY pas encore remplacé, l'équipe de Julien ESPINOSA vient d'essuyer 4 défaites en 5 rencontres, un bilan diamétralement opposé à celui du CSP qui revit depuis l'arrivée de sa doublette américaine de printemps (après celle d'hiver Bremer/James et celle d'automne Nixon/Scott... ben voilà, le CSP c'est H&M : une collection par saison et un réassortiment régulier ! Faut qu'il se lance dans le prêt à porter le président Forte, il a déjà le rythme !).

Un scénario remarquable

Comme le souligne notre ami Claude BOLOTNY dans le débrief vidéo du CSP, nous nous étions également fait la remarque que les 5 majeurs alignés ne présentaient pas les renforts et que pourtant c'était dans les premières minutes que les écarts s'étaient creusés contre le BCM comme contre les Sharks. Ainsi ce sont les joueurs qui sont là depuis le début qui jouent bien et qui confient "en relais" aux deux cadors des situations très positives à gérer. Comment s'expliquer cela ? La CONFIANCE. Voilà tout, le mental. Jusque là les joueurs avaient la pression du staff, du public, du coach... et savaient que dès que le banc prendrait le relais tout serait à refaire. Là, ils ont non seulement l'assurance que la relève sera plus qu'au niveau mais ils ont aussi l'envie de bien faire histoire de continuer à débuter les matches pour ne pas laisser leur place au duo printanier d'entrée de jeu.

La résurrection des joueurs usés

On en parlé du début de saison catastrophique de Fréjus qui reprend du poil de la bête et réalise un bon travail défensif et dissuasif (parlez-en à Charles GALLIOU qui s'est mangé le tigre en pleine face... moche). Parlons aussi de Buford qui retrouve ses dispositions de début de saison en même temps qu'il retrouve des espaces et que dire de Prepelic qui redevient le joueur prometteur qu'on avait découvert avant qu'il ne se transforme en pleureuse professionnelle. Maintenant qu'il rejoue au basket, cela change tout ! Camara pourtant sur-sollicité et néanmoins très régulier depuis le début de la saison bénéficie lui aussi de l'arrivée des nouveaux qui étirent les défenses et avec qui une passe veut enfin dire quelque chose, que ce soit en réception ou en émission.

Randle & Jones la solution ?

Pourquoi ne trouve-t-on pas des joueurs comme ça en début de saison ? La réponse est simple : LE FRIC ! Soyons honnêtes, un meneur du calibre de Randle devrait être en NBA, il lui manque une vingtaine de centimètre et c'est pour cela qu'il doit parcourir la planète pour gagner sa vie mais sinon il a le ball-handling, la vista et l'adresse d'un NBAer. Il n'est donc pas étonnant que les championnats mineurs mais riches (la Chine, l'Australie etc...) s'adjugent ses services puisque désormais même les grosses cylindrées d'Euroleague font l'impasse sur les meneurs de poche pour prendre des gabarits plus imposants. Gageons qu'avec un strapontin européen Limoges aurait pu tenter l'affaire. Pour Jones c'est encore pire : ce genre de mastodonte collé au sol au jeu très classique avec des forts mouvements dos au panier et un petit shoot dans le périmètre se fait non seulement très rare mais aussi très cher. Et ses choix de carrière montrent qu'il privilégie clairement l'argent. L'imbroglio diplomatique l'empêchant d'honorer son contrat iranien a fait notre bonheur mais c'est pile poil le genre de gars qu'il faut courtiser et signer pour 2 ou 3 ans ! Il dominera en ProA et sera efficace en Europe. Miser sur un gars comme ça serait bien plus rentable que d'enrichir les compagnies aériennes et le réseau hôtelier limougeaud.

La suite ?

Alors ne nous voyons pas trop beaux. Nous prendrons des matches d'ici la fin de la saison et la concurrence aussi. Le tout est de savoir si on arrivera à accrocher un spot dans les 8 pour disputer les playoffs et espérer retrouver la scène continentale à la rentrée. Cette "nouvelle" équipe en a les moyens, ce serait également un beau bilan pour Dule qui avait signé son arrivée par un double exploit en Eurocup contre Valencia et qui repartirait en requalifiant le CSP en Coupe d'Europe. Les prochaines oppositions sont prenables (Le Portel, Le PL, Dijon, Nancy, puis Châlon-Reims et Le Mans avant de retrouver l'ogre monégasque pour un vrai test-match le 25 avril) et Limoges pourrait aborder les dernières journées de ProA en position de "playoffable". Pour ce faire, il ne faudra pas connaître de blessures et, qui sait, enfin bâtir un collectif mettant à profit la science du jeu de Dusko VUJOSEVIC.

Et la saison prochaine ?

Très honnêtement, pour voir les choses changer, il faudrait une véritable volonté venue "d'en haut" pour cesser de jouer à "Qui est-ce ?" avec le trombinoscope du CSP. Et le SEUL moyen pour obtenir cela serait de parler la langue qui parle au staff : celle de l'argent. Cesser de se réabonner comme des veaux dès le mois de juin (sachant que certains ont déjà attaqué en janvier, ce n'est pas gagné) mais des travées vides feraient peut-être réfléchir une cellule marketing qui se fout quand même bien de la gueule de ses abonnés en leur offrant un spectacle pitoyable de septembre à mars.

Se réjouir de la situation actuelle, mais ne pas oublier... En aurons-nous le courage ?

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