Une salle de 10.000 places pour le CSP ?
A l'heure où la nouvelle équipe municipale limougeaude s'approprie certaines idées de ses adversaires une arena de 10.000 places et un Clairefontaine du basket- le CSP se retrouve au centre d'un nouveau débat concernant son antre : les nostalgiques et les économes sont contre une migration, les ambitieux et les recalés à l'entrée veulent un nouveau chaudron ! Alors POUR ou CONTRE un tel projet ? Passons d'abord en revue les paramètres à envisager autour d'un tel choix avant de nous lancer.
C'est Basket Hebdo qui a mis un coup de pied dans la fourmilière avec son dossier sur les arenas en projet (numéro disponible chez vos libraires jeudi 17 avril 2014 - visuel ci-dessous). Arlésiennes notoires dans de nombreuses grandes villes (parlez-en à Tony Parker pour l'ASVEL qui galère entre Villeurbanne, Gerland et d'autres communes du lyonnais, Orléans, Cholet, Dunkerque ou encore Paris qui sont annoncées puis avortées puis relancées) les "arenas" comme les appellent faussement les américains (instant culture, rappelons qu'arena signifie sable en latin et désigne donc le centre de l'amphithéâtre faussement désigné par le terme arène
oui je sais c'est chiant mais c'est ça le latin !) ces ensembles multifonctions capables d'accueillir concerts, salons, rencontres sportives sur parquet, sur glace, sur terre battue, sur pelouse voire des moto-cross ou des compétitions de planche à voile (et là on retrouve la polyvalence des amphithéâtres romains), ces ensembles sont donc rarissimes en France où Bercy fait figure de cas isolé. Les municipalités ou les agglomérations réalisent petit à petit que de tels outils représentent l'avenir des spectacles et du confort d'accueil du spectateur aux antipodes des MJC et autres "gros gymnases" en activité.
Nous avions déjà abordé dans nos colonnes ce qui faisait cruellement défaut à Beaublanc pour être à minima au niveau de ces salles performantes (cliquez ICI pour (re)découvrir cet article qui date déjà de 2010 !) et aujourd'hui les exigences ont déjà en partie changé.
LA CAPACITE
Si en 1981 Beaublanc et ses 5000 places (devenues 5500 officielles après avoir atteint les 7000 dans la chaleur des années 90 loin des normes de sécurité) faisait figure de géant surdimensionné. Les fauteuils oranges et verts en plastique était un confort indéscriptible pour qui a connu les bancs de la salle Mu' et les larges coursives vitrées étaient autant de modernité et de lumière que la véranda de ma grand mère ! Bref, il y a 30 ans c'était le top !
Aujourd'hui, force est de constater que les guichets fermés se succèdent y-compris pour des affiches "modestes" et même avec des équipes limougeaudes loin de susciter l'engouement ou l'admiration (comprenez qu'un bon paquet de baltringues ont porté et souillé le maillot du CSP sans pour autant faire fuir le public !).
10.000 places semblent donc trop aujourd'hui mais Limoges grandit et grandira... et le public n'hésite pas à se déplacer et n'hésitera sûrement pas si les affiches sont de plus en plus alléchantes.
LE STATIONNEMENT
Certes l'art de faxer sa voiture entre un arbre et une C4 sur le boulevard de Beaublanc ou dans les petites rues adjacentes a un certain charme mais avouons là encore que cela relève d'un autre temps. Une enceinte digne de ce nom se doit de fournir un ou des parkings adpatés (comprenez en nombre de places, en accessibilité et en gabarit) desservis et répartis selon un schéma urbain propice à ne pas créer un bouchon monstre chaque samedi vers 22h30. Si en prime, on a la bonne idée de ne pas refiler la concession à un privé qui va se sucrer mais de garder la gestion et les bénéfices de telles structures l'investissement peut rapidement en valoir la chandelle.
LES SERVICES
Oui les services, alors j'entends déjà les acharnés m'expliquer qu'on n'est pas amerloque et qu'on ne bouffe pas du pop-corn à Beaublanc mais c'est grâce à ça qu'on rentabilise une arena alors ma bonne dame va falloir s'y mettre ! Une arena ce n'est pas qu'un siège confortable et un spectacle sur le terrain. Des toilettes (propres) et en nombre suffisant, des solutions de restauration (variées et proposant différentes gammes de prix), des points de vente de merchandising, des stands pour les partenaires, des espaces à louer pour des organismes qui souhaiteraient communiquer pendant un ou des matches ponctuellement, des espaces ludiques (aire pour enfants, consoles, photos géantes pour selfies amusantes, mini musées etc
) seraient autant de chose à faire "pousser" autour du simple match prévu au centre du terrain. Être capable d'accueillir, de divertir, de restaurer des familles une ou deux heures avant le match car l'arena peut être un lieu de vie justifiant des tarifs pour le parking, l'entrée et des prestations annexes dépassant le simple cadre du basketball. Que le visiteur puisse ouvrir un compte au Crédit Agricole avec un MasterCard Limoges CSP sur un stand dans un couloir de l'arena ou encore essayer le dernier Renault Captur sur le parvis en arrivant avec sa famille devrait être normal voire indispensable, que l'on rencontre Le Havre ou le Real Madrid ! Les espaces de restauration devraient aussi être susceptibles d'accueillir le public après la rencontre et de proposer la rediffusion sur écran géant ou d'organiser des soirées pour les matches à l'extérieur pour quand même faire venir le public (+ parking + repas + merchandising éventuel). Le lieu pourrait vivre 10 fois plus que Beaublanc actuellement.
LES EQUIPEMENTS
Dans la salle, chacun doit être assis confortablement du premier rang au dernier strapontin des cintres. Confortablement ça veut dire sur un siège moderne capacble d'accueillir un coussin (fourni dans certaines travées premium ou vendu dans les boutiques) avec un porte gobelet au minimum. La visibilité doit être bonne et les supports vidéos nombreux et grands. La publicité doit exister mais se contextualiser (Poitiers a adapté la signalétique de ses partenaires à sa charte couleur) en s'adaptant par exemple au jeu : en NBA certains partenaires sponsorisent les paniers à 3pts et voient leur logo défiler avec un jingle à chaque tir lointain marqué, d'autres proposent un burger gratuit si l'équipe locale dépasse les 100pts. L'intérêt est de créer de l'interactivité entre le spectacle et le public.
A l'heure des smartphones et de la 4G, les idées à trouver sont illimitées ! Chaque arena doit posséder son propre réseau audiovisuel de façon à gérer les images diffusées sur les écrans et à créer du contenu pour alimenter le site web et les réseaux sociaux. Le CSP travaille déjà bien sur ce point mais Cognac en NM1 parvient déjà à monétiser les rencontres en direct sur Dailymotion, une sacrée piste quand on connaît la population expatriée limougeaude et avide de basket. On ne citera même pas la sonorisation tant cela paraît une évidence pour quiconque a une fois été confronté à l'équipement médiéval qui sévit à Beaublanc depuis des décennies.
LES OBLIGATIONS
D'ici peu, les compétitions européennes exigeront des capacités d'accueil supérieures à 5000 places et des services d'accueil et des prestations aux partenaires bien supérieures à ce que Beaublanc est capable de fournir. Les normes de sécurité et d'hygiène vont à terme reléguer notre antre préféré au rang de guinguette de stade de foot du dimanche et l'ensemble ne sera plus à même de permettre au club d'évoluer au plus haut niveau.
LES ARGUMENTS CONTRE
Vous l'aurez compris, de notre point de vue, il faut évoluer si on ne veut pas disparaître mais que risquons-nous de perdre en quittant la "Cathédrale du basket français" ?
L'ambiance à Beaublanc est unique et pas seulement parce que les supporters sont exceptionnels : l'acoustique y est pour beaucoup. La fameuse voute en chêne (cauchemar des ingénieurs du son qui ont officié à Beaublanc) a pour propriété de faire descendre le son vers le parquet. Dans les sombres heures de NM1 contre Liévin, Beaublanc qui peinait à réunir 2 à 3000 passionnés poussait comme à 5000 ! Pas certain qu'une salle moderne (qui a donc peu de chances d'être conçu en chêne) fournisse un tel atout !
Le visuel : n'importe quel joueur qui pénètre pour la première fois à Beaublanc vous le dira, "ça en jette !". Pour un peu qu'il entre par le tunnel et c'est le pied ! Pour le spectateur, même si le confort est d'un autre âge, la salle est belle et on y sent une âme.
Les souvenirs. Là on entre dans le non-quantifiable. Ces murs ont tellement vibré aux bravos de générations de limougeauds face aux exploits de centaines de joueurs talentueux qu'il est difficile de décrire ce que chacun rattache à Beaublanc. Des souvenirs d'un premier match avec un papa, un oncle, une copine ou encore une équipe
Les accros ne se comptent plus et nombreux sont ceux incapables d'expliquer cet intérêt soudain pour le basket
la magie de Beaublanc.
A cela, le seul argument que nous pouvons opposer c'est la Salle des surs de la Rivière. Les mêmes craintes se profilaient en 1981 quand le CSP a quitté sa salle Mu' pour ce Beaublanc en béton et pourtant la magie a opéré. Les "tarées" du LABC ont prouvé que la magie existe toujours en centre ville et ceux qui craignaient que la transition sur le périph' ne tue l'ambiance ressortiront les mêmes rengaines quand on leur parlera de Landouge et d'une salle à structure métallique
Mais si on prend garde à préserver un charme particulier au lieu
nul doute que la magie suivra son équipe tout comme son public qui a déjà traversé l'Europe pour pousser les cerclistes !
MORALITE
Les arenas semblent promises à un bel avenir si elles sont bien conçues et surtout bien exploitées. Les modèles existent, charge aux responsables limougeauds de s'inspirer des meilleurs et d'ajouter la Limousi Touch qui rendra cette salle unique sachant que le point qui nous chagrine le plus à Beaublanc.com c'est son nom !
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Dijon 81 - 69 Limoges : Analyse
# 24 - robert
19/04 - 11h11
Tout ça c' est tout de même très capitaliste et on sait tous où ça va nous mener ce libéralisme aveugle...