Match perdu... aux poings !

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Limoges n'aura pas forcé le sort sur le rocher monégasque. Le Big Trois a fait un match correct mais la ligne arrière américaine Joyce Gibson et surtout Hayes Carter n'a pas été à la hauteur. Les meneurs totalement dominés par Craft et aucune séquence clutch en attaque avec des dribbles infinis... Monaco n'en demandait pas tant ! Les limougeauds ont eu beau jouer des coudes dans un festival de coups et de techniques, même l'éjection de Cooper n'y aura rien fait. Analyse.

LE MATCH

Au XIIIe siècle, les ancêtres des Grimaldi s'emparèrent de la forteresse monégasque en s'y introduisant de nuit déguisés en moines. En 2018, le CSP est arrivé la fleur au fusil pour tenter le même exploit mais l'histoire ne lui sourit pas autant qu'aux faux-religieux. Après deux assauts infructueux les limousins reprennent la direction de Beaublanc sans avoir réussi à voler l'avantage du terrain.

Soyons honnêtes, sur le premier match il n'y avait rien à dire tant le CSP n'avait pas proposé grand chose, sur le second les cerclistes peuvent nourrir des regrets mais pas au niveau du basket tant l'écart entre les deux formations semble béant en mode playoffs.

Tout d'abord rappelons que Monaco, leader du championnat pour la 3e année consécutive (et qui a visiblement tiré les leçons de ses éliminations précoces en playoffs) évolue sans son meilleur joueur Gerald ROBINSON et sans son "joker médical" (qui remplace un espoir "moyennement" blessé) Yakouba OUATTARA. Prenons ensuite en considération le fait que DJ Cooper a été expulsé tôt dans le 3e QT pour le cumul d'une antisportive et d'une technique. Ajoutons à cela un pourcentage famélique à 3pts (2/17 soit 11,8% ce qui ne leur arrivera plus !) et un magnifique total de 31 fautes qui ont donné 39LF à Limoges… et ils arrivent encore à s'imposer de 7 points !

Limoges n'avait clairement pas les moyens techniques pour dominer cette rencontre et les joueurs du CSP ont su emmener ce match sur le seul terrain où cette équipe monégasque était capable de flancher : le mental et la castagne ! Manque de chance, Mitrovic a construit un groupe de cailleras avec les banlieusards Sy, Traoré et Joseph et du bon bucheron bosnien avec Kikanovic toujours prêts à venir chicorer la chicorette ! Les joueurs de la principauté ont répondu au défi physique, certains pétant plus les plombs que les autres (Cooper bonjour !) mais sans jamais craquer.

Un ballon pas partagé

Côté CSP, il aurait fallu cette petite touche de talent qui fait défaut depuis le début de la saison. Ce petit électron libre incontrolable qui sort de sa boîte au zenith des playoffs et rend folle la défense adverse (coucou Alex Acker ou Pooh Jeter) mais Kenny Hayes, Dru Joyce, Danny Gibson et encore plus Josh Carter ne sont pas faits de ce bois là. On les a même connus beaucoup plus inspirés… à croire que le gavage de LeBronries à hautes doses la nuit les a contaminés et qu'ils ont décidé de jouer en isolation… le talent en moins et donc les paniers clutchs en moins !

En effet, qui aime le beau jeu et le basket tactique aura vite éteint sa télé ce soir. Certes les bad boys du 8-7 ont tenté le tout pour le tout en interdisant au mieux l'accès au cercle et en se jetant sur les ballons bien plus qu'au match 1, mais offensivement le néant était flagrant. Les écrans mal posés et pas exploités, les dribbles (inter)minables qui amenaient vers des trappes, les intérieurs fatigués de lutter pour prendre la position préférentielle pas récompensés car la balle était partie au large, les ailiers simples passeurs et pas des options offensives… bref, du pas beau !

A ce jeu, Monaco développait un basket plus regardable dès qu'ils avaient un espace. Craft, qui a fait la MI-SERE aux meneurs US, distribuait à veau l'eau, Cooper avant de se faire éjecter dominait ses vis-à-vis et Lacombe jouait la transition à merveille.

En face, Conklin faisait de son mieux, Morency cassait les cercles aux LF et Carter… non je ne vais rien dire parce que là ça devient gênant. Bouteille enfin responsabilisé et Howard faisaient leur match et comme dans un Big Trois il faut être trois, Jaiteh se joignait à la fête en relais d'un Samuels étincelant. Pas étonnant que les 4 cités soient les seuls à dépasser ou avoisinner les 10 unités. Nos arrières scoreurs ont fait Pschiiit ce soir, forçant leurs tirs, ne partageant pas la gonfle et dribblant dribblant dribblant dribblant dribblant dribblant dribblant… encore et encore… il se murmure même qu'ils ont dribllé jusque dans les couloirs de l'aéroport tel un JR Smith à 4sec du buzzer…

Il faut être lucides : les gros joueurs américains qui puent le basket et qui sont des patrons du money-time ne sont plus en championnat de France. Ceux qui y tiennent ce rôle sont des caricatures des Michael Young, Delaney Rudd ou David Rivers. Quant on voit la bêtise d'un DJ Cooper, l'irrégularité d'un Roberson ou la pauvreté des décisions d'un Kenny Hayes, on n'a pas fini d'avoir des MVP en carton dans notre Jeep Elite. Désormais c'est plus sur du bon coaching ou sur des "accidents" que l'on fera la différence. Les assurances tous-risques ne sont plus parmi nous.

Savourons…

On pourra toujours se dire que sur un ou deux miracles de bijoux de tirs à 3pts au bon moment on aurait pu le prendre mais il faudrait être de bien mauvaise foi pour ne pas réaliser que l'on n'aura pas tous les soirs un trio de chefs de gare venus bouffer du Mitrovic et lâcher 59 fautes ! (Oui madame 59 !). On aurait pu le voler ce match, mais franchement les monégasques méritent leurs 2 victoires (le coaching de Mitrovic sur Fofana qui vient plier le match est quand même épatant !) et en espérant que Beaublanc s'offre un petit répit, il n'y aura pas de honte à se faire sortir par (beaucoup) plus fort que nous… Avec cet effectif c'est déjà magnifique d'en être arrivé là, il n'était pas taillé pour cela. Peut-être qu'avec un ou deux ans d'expérience en plus nos jeunes prendront plus leurs responsabilités devant des américains trop confiants, peut-être qu'avec un budget prévu en temps et en heure pour l'Europe notre GM trouvera-t-il au moins un arrière de très gros calibre capable de prendre le match à son compte dans les moments brûlants ? Mais en attendant, on va savourer le match 3 avec un Beaublanc qui n'a pas envie de voir la saison se terminer mercredi soir et surtout on va aussi remercier tous ces joueurs qui nous auront procuré de belles émotions toute la saison. Il y a eu des hauts, des bas, des bas, des bas… (oui c'était un peu long l'hiver) et des hauts, des hauts et enfin la saveur des playoffs qui nous manquait tant. Limoges est de retour à sa place en Europe et dans le gratin hexagonal, rappelez-vous cet été… ce n'était pas gagné, alors savourons !

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