La tactique du Tic Tac
Depuis le début de la saison, Pannagiotis Giannaikis pianote sur son banc pendant les rencontres et beaucoup de supporters ne comprennent pas trop pourquoi untel joue et pas l'autre, pourquoi certains jouent beaucoup pendant un match pour finalement ne pas jouer le match suivant.... Dans le dernier Basketnews, un article sur les coaches étrangers relate ce qu'ils pensent des joueurs de l'hexagone. Je vous conseille vivement la lecture de cet article qui aide à comprendre pourquoi le CSP ne va pas bien en ce début de saison. Décorticage.
Les JFL vus de l'extérieur
En lisant les deux entraineurs interviewés (notre Grec et Luka Pavicevic, technicien monténégrin exerçant à la Chorale), on peut noter que tous les deux ont la même analyse des points forts et des points faibles des joueurs JFL : ils sont athlétiques, possèdent de bons fondamentaux, mais ils ont un sens tactique très pauvre, voire inexistant.
Je trouve assez choquant de dire cela à propos nos joueurs, bien que ce soit partiellement vrai. Plus précisément, je dirais que très souvent les postes 1 et 2 sont de bons tacticiens et sentent le jeu, mais c'est beaucoup moins vrai pour les autres postes. A l'exception de Boris Diaw qui a vraiment une très bonne vision du jeu par rapport à des joueurs qui évoluent au même poste que lui.
Prenons 4 points importants pour essayer de comprendre un peu la philosophie du basket de Panagiotis Giannakis.
Premier point : les entrainements
Le coach grec aime qu'ils soient difficiles, longs, intenses et surtout précis. Quand il donne une indication sur la pose d'un écran, certains joueurs ont du mal à comprendre que si la pose n'est pas précise, c'est tout le système qui ne fonctionnera pas derrière. Il n'a pas forcément tort, car il est vrai qu'un écran mal posé peut entrainer une perte de balle, voire un non-décalage ou encore pire, une incompréhension entre les deux joueurs concernés et cela peut tenir à la position d'un pied ou une orientation du corps de quelques degrés.
Sur le début de saison, on se rend compte que certains joueurs profitent de ces détails, comme Jean-Michel Mipoka qui n'a jamais été aussi adroit qu'en ce moment (même s'il n'est pas aussi étincelant qu'en pré-saison), ou Jo Gomis qui arrive à mettre en place son jeu plus facilement en dribblant moins.
Et souvent, sur les pick'n rolls en tête de zone, les intérieurs de talent sont capables de faire un jeu à deux très précis pour finir dans le cercle. Mais nous n'avons pas ces joueurs au CSP. Résultat ? Les picks ne servent quasiment qu'à démarquer nos extérieurs. S'ils mettent dedans c'est tant mieux sinon, ça donne ce que l'on voit, c'est à dire une bouillie d'attaque. Les séances d'entrainement sont longues parce que nos joueurs ont beaucoup de mal à comprendre les mouvements qu'ils doivent effectuer et surtout la précision nécessaire de ceux-ci.
A noter qu'il n'y a pas que des joueurs JFL aux postes d'intérieurs au CSP, mais passons... Plus les séances sont longues, plus la fatigue s'accumule, mais on reviendra sur ce point plus tard.
Deuxième point : la vidéo et la communication
Les assistants sont là pour analyser les adversaires et pour renseigner le head coach sur les principales tactiques, les points forts et les points faibles des prochains adversaires. PG a deux assistants, de deux nationalités différentes. Il est important de le souligner, parce que le grec et le français, parlent tous deux aussi bien anglais que des vaches espagnoles. Donc la transmission de l'information n'est pas bonne. Dans les entrainements ce n'est pas très grave mais en match, c'est capital. Les Américains ont du mal à comprendre l'anglais approximatif, et les Français ont encore plus de mal.
On a vu aussi que le scouting des équipes n'était pas excellent. Sur le match contre Le Mans par exemple, on a pu constater que JD Jackson avait en magasin beaucoup de possibilités pour gagner le match. Si, en 1ère mi-temps, les tactiques offensives des Sarthois étaient contrées sans problème, les choses ont changé en seconde quand Le Mans a augmenté sa défense, mis le jeu à l'intérieur et surtout alimenté Batista au poste haut. Le Brésilien s'est alors régalé et personne n'a compris comment arrêter ce joueur adroit à cette position et souvent seul. Depuis le temps qu'il joue en ProA, ce poste 5 est pourtant connu de tous les passionnés de basket et PG, qui a un sens tactique ultra développé, aurait quand même pu expliquer à ses intérieurs comment gêner Batista.
Pour le dernier match, Dijon aligne un meneur de petit taille (1m77) tandis que Limoges a des meneurs de taille "normale". Et c'est Tsamis qui se colle à la tâche alors qu'il aurait pu servir sur le poste 2 histoire de mettre un ou deux tirs primés. Cela aurait permis aux intérieurs d'avoir plus de place dans la raquette et de jouer sur l'alternance. Le joueur qui utilise le plus cette tactique de la "match up" dans le championnat est Antoine Diot de Paris que nous croiserons dès la semaine prochaine et qui risque de faire transpirer Mc Alarney qui lui rend une bonne dizaine de centimètres. Il est quasiment le plus grand meneur par la taille du championnat, et il peut expérimenter cette tactique à l'entrainement contre Albicy. De son côté,Limoges ne l'utilise quasiment jamais. Il est dommage d'avoir des meneurs grands par la taille et de ne pas poster les 1 adverses !
Il faut aussi prendre en compte ce que l'on appelle "les zones de confort". Tous les joueurs ont des positions offensives où ils sont plus adroits qu'à d'autres. Prenons Raph par exemple : il aime bien le tir à zéro degré et celui à 45°, par contre il ne tente quasiment aucun tir en tête de raquette. Si le scouting est bien réalisé, tous les joueurs doivent connaitre les zones de confort de leur adversaire direct. Concernant Batista au poste haut, soit nos grands ne savaient pas, soit ils ont oublié, soit ils ne sont "pas concentrés" (pour être gentil), mais il est certain que ce point peut être amélioré. Le but d'une défense est quand même de prendre le minimum de paniers. Si on laisse les adversaires prendre les tirs sur ces zones là, leur pourcentage augmente et les défaites s'accumulent. Moralité : laisser shooter Batista ou Harris pourquoi pas ?!... mais pas dans leur jardin !
Troisième point : la gestion de l'effectif
La philosophie de PG est de pianoter sur son banc en permanence, comme s'il avait à disposition des joueurs interchangeables avec tous le même niveau. Cela lui permet aussi de gérer les temps de repos donc de faire des séances d'entrainement plus dures parce qu'aucun joueur ne passera plus de 25mn sur le parquet lors des matches. Je comprends cette méthode, mais j'ai beaucoup de mal par contre sur la façon de faire.
Pourquoi un joueur comme Boungou Colo, qui n'a pas un comportement irréprochable que ce soit en défense comme en attaque sans parler de sa propension à se mettre les arbitres à dos, est-il un des joueurs qui joue le plus ? Cela montre que le coach est conscient qu'il ne possède pas de poste 4 de qualité, puisqu'il décale Nobel sur ce poste au lieu de le faire jouer 3, son poste de prédilection.
Mais le plus étrange reste temps de jeu de KMac. Ce joueur est pourtant une arme offensive énorme à 3pts. Il a une évaluation rapportée au temps passé sur le parquet exceptionnelle mais il ne joue qu'une dizaine de minutes par match. A cause de quoi ?! On ne peut lui reprocher ni sa défense, ni son comportement. Et le plus inacceptable c'est que le lutin de Notre Dame n'a aucun système pour lui. La plupart du temps il se crée son shoot tout seul. Donnez lui les clés des shoots extérieurs et je pense que les rencontres que l'on perd aujourd'hui seront gagnées demain.
En plus, nos intérieurs auront beaucoup plus de place pour travailler dans la peinture parce que les petits d'en face ne pourront plus aider de peur de se faire crucifier à 3pts. Où est cette fameuse alternance de jeu dont j'avais parlé la saison dernière dans un article que vous pouvez relire ici ?
Si PG ne le fait pas, c'est pour une raison que personne ne comprend et, à mon avis, c'est une grave erreur. Même un non initié le ferait, ne serait-ce que pour tester si ça fonctionne ! Alors, je sais, nous les français, on n'est pas bons tactiquement, on n'est pas des coaches de haut niveau, mais je suis certain que sur ce point on a raison...
Quatrième point : les statistiques
Ah, ces fameux chiffres ! Ils parlent clairement, et Giannakis va aimer car ils sont précis.
Sur les 6 matchs du début de saison, Limoges a fait en moyenne 11 passes décisives par match pour 14 ballons perdus. Ce qui veut dire que l'on ne compense pas nos erreurs par notre passing game. Et c'est très grave, parce que toutes les équipes qui, ces dernières années, perdaient plus de ballons qu'elles ne faisaient de passes décisives ont fini... en ProB.
Le fait de produire du jeu par le passing game mène à la provocation de fautes, donc à des lancers francs. Le CSP tire 11,7 LF par match pour en marquer presque 9. Ce qui n'est pas si mal, mais 11 LF par match c'est famélique. Pourtant, le CSP possède des joueurs qui sont des percuteurs reconnus : Jo Go, Wanamaker, Mipoka, et même Raph ont les arguments nécessaires. Mais pour percuter il faut qu'ils en aient l'opportunité, et ce n'est pas en jouant arrêté que l'on peut le faire.
La philosophie du tout défensif est bonne et efficace quand on a dans son équipe un joueur capable de mettre des paniers quand il le veut. En 1993, les limougeauds défendaient comme des fous, mais sur attaque placée, ils avaient deux armes fatales, Young et Zdoc. La seule arme fiable aujourd'hui est la plupart du temps sur le banc, donc on fait tourner le ballon et on le perd même avant de shooter, ce qui implique un nombre de possessions très faible par rapport à la concurrence.
Prenons Roanne, équipe dernière du classement (1 victoire sur 5) et qui a aussi un coach étranger. Ils tirent 79 fois par match alors que Limoges prend péniblement 60 tirs. 19 possessions de moins par rencontre c'est énorme ! Si notre pourcentage est acceptable, ça peut passer, mais quand la défense d'en face est dure et compacte... ça casse, comme contre Le Mans.
Petite note tactique
Dernier exemple tiré d'une situation de jeu réelle, Beaublanc.com n'a pas pour habitude de lister les problèmes et de se morfondre mais plutôt d'essayer de comprendre voire de proposer des solution et d'ouvrir le dialogue technique histoire de nous éloigner des analyses café du commerce. Exemple concret :
Cette photo prise sur une remise en jeu montre la confiance que le coach a envers ses intérieurs.
Tout d'abord on peut voir Nobel qui est en poste 4, déjà cela en dit long sur la crédibilité de nos vrais postes 4. Après, on peut voir que tout est fait pour que Jo Go ait le ballon et pas un autre. Et enfin, les 2 intérieurs adverses sont dans la raquette parce qu'ils n'ont pas du tout besoin de sortir à 3pts sur notre poste 4.
Pour finir, imaginez que Nobel coupe au ballon en venant au poste bas. Il aurait certainement le ballon. Le meneur sort à 3pts à 0 degrés. Nobel pourrait le lui donner. Comme Jo Go a pris l'écran de Zerbo, Wanamaker peut donner le ballon a Jo Go démarqué. Si Jo peut shooter, il peut aussi donner le ballon à Zerbo qui fait monter les intérieurs adverses (s'il était crédible au poste haut). Tsamis est sur l'autre 0 degrés. On se retrouve avec déjà 2 voire 3 positions de shoot dont une à 4 mètres.
Si Nobel n'a pas eu le ballon et qu'il est dans les mains de Fréjus Zerbo, Nobel fait un écran à Wanamaker pour que celui-ci passe son adversaire et demande le ballon à Zerbo. Fréjus lui donne le ballon en mouvement, il va au panier, avec certainement une faute provoquée parce qu'il est plus mobile que Prénom par exemple.
Mais pour réaliser ce système il faut avoir un minimum de confiance en ses intérieurs. Et comme ce n'est pas le cas, on fait tout pour sortir le ballon sur Jo Go, et après c'est "démerde toi" !
Dommage que PG ne responsabilise pas ses intérieurs et qu'il n'ait pas de système sur remise en jeu pour eux.
En conclusion, s'il vous plait Monsieur Giannakis, regardez bien dans votre effectif : vous avez des solutions fiables, investies, et je pense très motivées. Créez un système pour Kmac, dites à vos hommes de faire vivre ce ballon. Votre défense est bonne mais pas constante (ça viendra avec le temps). Jouez le jeu en transition avec des mobylettes comme Jo Go ou Wanamaker, car vous avez de quoi relancer le jeu. Il manque aussi de l'alternance dans le jeu offensif. Je sais que ce n'est pas simple avec un poste 4 titulaire qui est complètement à côté de la plaque et avec un poste 5 jeune et fébrile, mais le travail paye. Il faut aussi adapter votre discours à votre équipe parce que changer la mentalité des joueurs c'est long, et à Limoges... on est tous des "coaches impatients" !
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Toujours pas de victoire à Beaublanc
Limoges 65 - 69 Dijon : Zone Presse
# 22 - zoup17
11/11 - 21h07
ah tu connais ma vie ? t'es marrant toi...ton analyse peut se lire et comprendre sans aucun souci, mais comme je l'ai déjà dit, ton dernier paragraphe est étonnant...encore une fois tu te prends pour qui ? tu as transmis ton analyse aux personnes concernées ? ah non, assis devant ton écran d'ordi ça te suffit...
tu veux dire quoi par "bonne fin de vie..." ? ça va dans ta tête ? tu parles de quoi là ? c'est drôle que les modérateurs laissent passer des choses comme ça...
enfin une dernière chose, quand tu écris ça :
"s'il vous plait Monsieur Giannakis..." tu crois sérieusement qu'il te lit ?...
et j'adore quand tu commences par "je ne réponds pas..." apparemment toi aussi tu es un peu optu et borné non ?
enfin comme j'ai une éducation je ne te dis pas "bonne fin de vie..." (merci aux modérateurs de m'expliquer comment un type peut dire ça ...? même un immense coach comme miel19 le mytho...) allez, bonne soirée messieurs.